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Des universités américaines déploient la 5G et l'intègrent dans leurs cursus

Des universités américaines déploient la 5G et l'intègrent dans leurs cursus
Terrence Cheng, directeur de campus, Université du Connecticut : « La 5G nous permettra de créer des salles de formation bien plus immersives et intelligentes. »

Les universités américaines déploient la 5G pour attirer les étudiants, mais aussi pour les former aux cas d'usages les plus prometteurs autour de cette technologie, afin de répondre à la demande prochaine en compétences. Plusieurs d'entre elles ont témoigné pour CIO États-Unis.

PublicitéAux États-Unis, les entreprises qui ont déployé la 5G sur leurs sites sont peu nombreuses. En revanche, les universités font la course pour déployer ces réseaux à très haute bande passante et faible latence. Des établissements d'enseignement supérieur, du Connecticut au Missouri, expérimentent les réseaux 5G, à la fois pour inciter des étudiants à les rejoindre et pour donner à ceux en cours d'études un accès anticipé aux applications du futur, rapides et gourmandes en données.

Leur conviction, également mise en avant auprès des étudiants futurs et actuels, est que la 5G va devenir plus répandue et que leurs diplômés auront ainsi de l'avance sur le marché de l'emploi, face à des candidats qui n'auront pas eu l'occasion de tester la technologie. « Cela semblait une évidence d'inclure la 5G pour enrichir notre offre d'enseignement », affirme ainsi Terrence Cheng, directeur du campus de Stamford, rattaché à l'université du Connecticut, qui prévoit de déployer la 5G+ et la technologie MEC (Multi-access Edge Compute) pour favoriser l'entrepreneuriat et l'innovation. Terrence Cheng espère que ce déploiement permettra aux étudiants de se former et de se préparer professionnellement.

Vers un futur avec la 5G

La 5G comporte des standards pour l'internet sans fil de prochaine génération, ainsi que des technologies permettant de naviguer jusqu'à 20 fois plus vite et avec une latence 120 fois inférieure à la 4G. Verizon, AT&T et T-Mobile ont déployé des réseaux et une infrastructure 5G à l'échelle nationale, mais les échéances pour un déploiement plus large demeurent floues, alors que les standards et capacités poursuivent leur maturation et que les entreprises explorent les cas d'usage à pas prudents. Parmi les enjeux figure la faible différence de performance constatée entre les réseaux 4G LTE et la 5G, au moins sur large échelle. Si les experts s'accordent pour estimer que cela va changer - dans le meilleur des cas, d'ici fin 2021, mais plus probablement début 2022, aucun point de bascule n'est pour l'instant en vue. Mais il y aura un point de bascule. Et les universités, avides de séduire les étudiants les meilleurs et les plus brillants, passionnés par les dernières technologies, parient là-dessus.

L'université du Connecticut lorgne sur la 5G pour la data science

Pour se préparer, l'université du Connecticut construit actuellement un lab 5G sur son campus de Stamford afin d'accompagner la plateforme MEC d'AT&T, une architecture de réseau cellulaire qui offre un accès quasi-temps réel aux applications mobiles quand elle est associée à la 5G+. Ces technologies connecteront les étudiants, la faculté et les partenaires de l'université à travers un réseau privé, ce qui signifie que les données ne transiteront pas par des data centers distants. Cet aspect est essentiel, car lors des cours technologiques, les étudiants et l'université travaillent avec des entreprises et des organisations externes partenaires.

PublicitéDans l'un des cas d'usage envisagés, les étudiants de l'université du Connecticut participeront à un programme coopératif au cours duquel ils apprendront comment bâtir des prototypes de produits et technologies, incluant notamment de la réalité augmentée et virtuelle (AR/VR) pour l'immobilier et la construction. Des startups de data science, issues de l'incubateur digital de l'université, travailleront sur des analyses en temps réel de données patient, afin de pouvoir fournir des soins plus rapidement. Le programme leur permettra également d'améliorer la surveillance des événements météorologiques intenses, afin que les fournisseurs d'électricité puissent réagir plus rapidement en cas de coupure de courant. Le programme de data science de l'université utilisera également la 5G pour faciliter la recherche autour des applications analytiques et de la visualisation de données dans différents domaines, de l'ingénierie aux arts appliqués, en passant par les beaux-arts ou la gestion d'entreprise. Quand le lab 5G ouvrira, l'université du Connecticut prévoit de travailler avec des entreprises locales afin de fournir des opportunités professionnelles aux étudiants. « La 5G nous permettra de créer des salles de formation bien plus immersives et intelligentes. Elle ouvre la voie à de multiples façons d'expérimenter et à de nouveaux paradigmes, qui serviront à nos étudiants, et sur le long terme à l'université », estime Terrence Cheng, qui espère que le réseau sera pleinement opérationnel pour la rentrée d'automne.

Pour Bill Menezes, analyste spécialisé sur la 5G au sein du cabinet Gartner, exposer les étudiants aux cas d'usage potentiels de la 5G dans le monde professionnel a de la valeur, car ces étudiants forment le futur vivier de talents, celui qui à la fois construira et consommera les technologies émergentes.

Implanter un lab consacré à l'innovation

L'université du Missouri poursuit des ambitions similaires, collaborant avec AT&T sur un lab d'innovation qui amènera la 5G+ sur son campus. Selon Ajay Vinzé, doyen et professeur au Robert J. Trulaske College of Business, ce laboratoire offrira des occasions d'apprendre par la pratique, en développant des cas d'usage de toutes sortes, allant des drones et véhicules autonomes jusqu'à l'AR/VR pour un journalisme immersif. Le lab servira également à de futurs cours académiques, parmi lesquels un cours explorant le potentiel pour la création de kiosques sur le campus, utilisant des technologies immersives pour réduire l'anxiété et améliorer la santé mentale. « Ce sera un levier pour innover à la fois dans la manière de fournir et de suivre un enseignement supérieur », indique Ajay Vinzé. « Le lab formera également notre force de travail pour le futur. » Ce lab innovation est le prolongement d'un cours « Connectivité et 5G » sur lequel l'université et AT&T ont collaboré en 2020. Lors de celui-ci, les étudiants seniors ont proposé des applications pratiques pour la 5G dans des domaines comme la santé ou la sécurité du campus, d'après Ajay Vinzé.

AT&T a également établi un partenariat similaire avec les universités de Purdue et de Miami, selon Matt Hickey, vice-président secteur public et éducation chez AT&T. « Nous ne sommes qu'au début de cette transformation et il est important de développer un écosystème de développeurs, entrepreneurs et acteurs du monde académique, réunissant toutes les parties prenantes pour imaginer et élaborer de nouveaux modèles économiques », explique Matt Hickey. « L'enseignement supérieur est prêt à montrer la voie. »

Les obstacles demeurent pour la 5G en entreprise

Les similitudes entre les campus d'enseignement supérieur et ceux des entreprises laissent penser que ces dernières pourraient suivre le modèle mis en place dans ces établissements. Mais pour Bill Menezes, les cas d'usage pour mettre en oeuvre des réseaux 5G publics ne sont pas encore là. D'après lui, ces derniers sont pour l'instant au stade où « l'on fait ce que l'on peut », et à peine meilleurs que les réseaux 4G LTE. En outre, les terminaux équipés de puces 5G, notamment des tablettes et ordinateurs portables à usage professionnel, ne sont pas encore disponibles à grande échelle. Une autre entrave est le fait que la 5G peut être surdimensionnée aujourd'hui sur les sites d'entreprises : le bon vieux WiFi fonctionne encore assez bien pour beaucoup d'entre elles. « Sur un site largement ouvert, il n'y a pas vraiment de bénéfices à migrer à la 5G », estime Bill Menezes. « Beaucoup de ces migrations interviendront lors du cycle naturel de renouvellement des infrastructures et des terminaux clients. »

Malgré cela, il n'est pas inutile pour les entreprises d'envisager des expérimentations sur des réseaux 5G privés affirme Bill Menezes. Cela leur permettra de contrôler les flux de données tout en testant des applications sensibles à la latence, autour de l'edge computing (informatique en périphérie), de l'internet des objets et d'autres domaines en phase avec leurs objectifs.

Les scénarios d'innovation à tester avec la 5G abondent

Les DSI sont particulièrement intéressés par le potentiel de la 5G autour de l'edge computing, où les calculs et le stockage des données s'effectuent en périphérie du réseau, sur des ressources locales situées hors du data center. Cette approche réduit ainsi la distance parcourue par les données et trouve des applications dans l'apprentissage machine, l'intelligence artificielle, la réalité virtuelle, les véhicules autonomes et la robotique, entre autres exemples. Toutefois, de tels usages nécessitent une adoption progressive. « Jusqu'à 2022, les principales opportunités pour les entreprises, basées sur les standards actuels, se limiteront à des applications qui demandent une haute bande passante et fonctionnent dans des zones où une couverture 5G raisonnable peut être espérée », observe Nick Jones, également analyste chez Gartner. Ces applications incluent :

- Des accès sans fil fixes (FWA - fixed wireless access) : des accès haut débit fixes en 5G seront disponibles dans certaines villes, pouvant potentiellement remplacer le DSL ou la fibre pour compléter des systèmes SD-WAN (réseaux étendus définis par logiciel). Ceux-ci pourront servir à relier des petits sites ou à fournir une meilleure connectivité à des télétravailleurs.
- Des terminaux nécessitant une forte bande passante : ce domaine d'application de la 5G inclut par exemple les caméras de vidéosurveillance ou les drones réalisant des surveillances ou des inspections.
- Des applications AR/VR : celles-ci deviendront possibles quand des terminaux intégrant nativement la 5G seront disponibles, mais pourront également profiter de la connectivité via un terminal intermédiaire.
- Des projets pilotes de WAN ou de réseaux 5G privés : la 5G pourra remplacer le WiFi dans certaines applications de réseau étendu, comme cela a été évoqué, dès lors que suffisamment d'équipements pour accéder au réseau 5G seront en place. Entretemps, les organisations peuvent mener des projets pilotes en partenariat avec les opérateurs locaux, afin de connaître la couverture et la performance, selon Nick Jones. Pour se préparer, les entreprises doivent aussi échanger avec leurs fournisseurs de terminaux mobiles et d'équipements industriels connectés, afin de comprendre et d'influencer leurs plans d'adoption de la 5G, ajoute l'analyste.

Article de Clint Boulton / CIO États-Unis (Adaptation et traduction par Aurélie Chandèze)

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