Deloitte TMT Prédictions : les usages réels plus forts que les rêves

Le bilan des prophéties 2015 et l'édition 2016 des TMT prédictions du cabinet Deloitte ont permis de rappeler que les usages pilotent les innovations, pas l'inverse. Et la mobilité est aussi source de déconvenues.
PublicitéEn moyenne, un secteur est bouleversé tous les deux ans par l'arrivée à maturité de certaines technologies ou bien de nouveaux modèles. Pour le cabinet Deloitte, le prochain sur la liste est l'industrie au travers d'innovations telles que la réalité virtuelle ou l'intelligence artificielle. Selon l'édition 2016 des Prédictions TMT, la quinzième, l'intelligence artificielle devrait faire son entrée en force dans les systèmes d'information au coeur des entreprises, par exemple dans les PGI, pour optimiser les processus et baisser les coûts.
Mais, pour déployer une innovation de rupture comme celle là, « il faut réussir à valider de gros investissements sans disposer de modèles économiques assurés » a tempéré Duncan Stewart, directeur du centre de recherches TMT de Deloitte Canada. Ce dernier est venu à Paris présenter l'édition 2016 des prédictions du cabinet. Et il a tiré un bilan satisfaisant de l'édition précédente.
Des innovations de rupture... pas pour le grand public
Ainsi, si les imprimantes 3D, les drones, l'IoT, etc. ont bien été au rendez-vous, ce n'était pas de la manière dont certains l'envisageaient. Ces innovations servent l'industrie, pas le grand public. « Quand on a un drone pour photographier sa maison, on s'en sert une fois, et la deuxième fois on se lasse déjà » a relevé Duncan Stewart. Le marché domestique est donc marginal pour ces innovations qui vont, par contre, bouleverser les process industriels. A l'inverse, la réalité virtuelle devrait trouver des applications grand public (casques et jeux).
Mais le numérique a-t-il vraiment tout envahi ? Non, un secteur résiste encore et toujours. Il s'agit du livre. Duncan Stewart a ainsi jugé : « il faut toujours s'intéresser aux exceptions ». Il a montré que le marché du livre papier, aux Etats-Unis, a repris sa croissance alors que le livre électronique est plutôt en pente descendante. Mais l'explication, selon lui, vient de la valeur d'usage : « magazines et journaux sont jetés après lecture mais pas les livres. Jeter un livre est quelque chose qui choque profondément beaucoup de gens. »
Les échecs du mobile
La grande mode a été en 2015 de tout voir en mobilité, notamment le e-commerce qui devait muter en m-commerce. Or force est de constater que la prédiction s'est avérée fausse. La très grande majorité des tunnels de conversion (parcours client de la recherche d'un produit à son acquisition effective) s'interrompent, en général juste avant le paiement (80% des cas). Plus la taille de l'écran diminue, plus le taux d'abandon est d'ailleurs important. « Le paiement mobile est la clé du décollage du m-commerce » a estimé Duncan Stewart. Des solutions telles que Apple Pay se révèlent pourtant des échecs retentissants.
De la même manière, le succès de la tablette n'est guère glamour. Duncan Stewart a martelé : « les 18-24 ans ont le smartphone dans une main, le PC portable dans l'autre et ils n'ont pas de troisième main. La tablette est un terminal de senior. » Et cette génération Y, en effet, n'achète pas en mobilité : elle prend juste des renseignements et surfent sur les réseaux sociaux. Et il est compliqué d'utiliser la dalle tactile de son smartphone lorsque celle-ci est contre l'oreille. L'achat (et surtout le paiement en saisissant un numéro de carte bancaire) est une chose trop sérieuse pour être faite en public : la génération Y préfère le calme du domicile ou du bureau, sur leur PC portable.
Article rédigé par

Bertrand Lemaire, Rédacteur en chef de CIO
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