Projets

De ChatGPT au deep learning, les usages de l'IA à la SNCF et chez Bastide Groupe

De ChatGPT au deep learning, les usages de l'IA à la SNCF et chez Bastide Groupe
De gauche à droite, Claire Nicodeme, ingénieure et chef de projet de recherche SNCF, Amaury Prunier, DSI de Bastide Groupe et Mouloud Lima, dirigeant de MLM Conseil. (Crédit : C.S.)

À l'occasion du SIDO à Paris (6 et 7 décembre), SNCF et Bastide Groupe, spécialiste du matériel médical, étaient invités à témoigner de leurs expériences, notamment en matière d'intelligence artificielle. Assistant au quotidien pour la DSI, aide à la décision dans le choix du matériel, assistant pour les agents de conduite et agents de bord, l'IA se diffuse dans les différentes branches des entreprises.

PublicitéAlors que l'IA s'immisce progressivement dans le quotidien des entreprises et des métiers, la manière d'adopter cette technologie diffère clairement selon les secteurs. Pour Amaury Prunier, DSI de Bastide Groupe depuis deux ans, la réflexion a commencé avec l'arrivée de ChatGPT. Spécialisée dans la vente et la location de matériel médical ainsi que la prestation de santé à domicile, l'entreprise fondée en 1977 se sentait loin de l'innovation et d'une technologie comme l'outil d'OpenAI. Le DSI s'est donc interrogé sur une interdiction potentielle de son utilisation. « Nous avons finalement fait le choix de l'autoriser , en commençant par les équipes RH et marketing » explique-t-il. Une réflexion bien différente de celle de SNCF.

Claire Nicodeme, ingénieure et chef de projet de recherche ne cache d'ailleurs pas son enthousiasme : « Chez SNCF, il y a de l'IA partout. Cela va du traitement relativement simple de la donnée au deep learning ». Et les applications sont nombreuses : sécurité, sûreté, exploitation ou encore maintenance. « Il s'agit de proposer un voyage sans problème pour les voyageurs. Les exemples vont des déplacements dans les gares à la détection et à la reconnaissance de défauts. Par exemple, savoir qu'une poubelle est pleine et qu'il faut la vider » poursuit Claire Nicodeme.

SNCF parie sur un train digitalisé guidé par l'IA

Et l'intelligence artificielle voyage également avec les trains. « Aujourd'hui, nous parlons de train digitalisé. Nous avons beaucoup de capteurs, à la fois à l'intérieur, au niveau des portes, et à l'extérieur, à l'avant et sous le train, qui viennent assister les agents de conduite et les agents de bord, poursuit Claire Nicodeme. Nous n'enlevons pas l'humain qui vérifie ». D'autres sujets profitent de l'IA : « Nous avons des systèmes capables de lire la signalisation pour aider l'agent de conduite ». Un autre usage, et pas des moindres, est celui de l'anonymisation des données. À ce jour, des agents habilités visualisent des données à la volée, mais il n'était pas possible de les exploiter jusqu'à peu.

« Nous souhaitions utiliser ces data pour compter les personnes dans les gares et répondre à certaines interrogations. Que viennent faire les gens dans ces lieux ? Prendre un train, boire un café, se rendre dans les boutiques ? Derrière, il y a une question d'optimisation pour l'aménagement de l'espace , mais aussi sur le positionnement des trains et l'offre dédiée ». L'exploitation de data rendue possible grâce à des échanges réguliers avec la Cnil qui a fait office de guide dans ce cas présent. « En 2019, nous avions exprimé le besoin de conserver les données. Nous avons donc travaillé avec la Commission, en cachant d'abord le visage des personne, puis le corps entier et la démarche afin de rendre impossible toute identification. »

PublicitéDes chatbots alimentés par l'IA pour assister la DSI notamment

Pour le Groupe Bastide, la tâche est tout autre. « Désormais, l'idée est de former des équipes support pour notamment manipuler le prompt, » précise Amaury Prunier, tout en affirmant que l'apprentissage des dangers liés à l'IA fait également partie de l'accompagnement. En complément, le DSI explique avoir suivi de près des évolutions dans le domaine, telles l'arrivée de Copilot. « Nous avons aussi développé notre propre GPT en interne, mais nous avons dû le mettre en attente, car cela exige beaucoup de temps et de ressources, » admet-il. Il partage par ailleurs deux expérimentations qu'il considère comme réussies. « Nous avons mis en place des chatbots avec Teams via l'outil Power Virtual Agent disponible dans la suite Microsoft 365 (solution permettant de créer des chatbots alimentés par l'IA, NDLR). Baptisés Nestor et Jarvis, les deux chatbots servent deux usages bien différents.

Nestor aide le consommateur dans le choix du matériel médical tandis que Jarvis est utilisé par la DSI comme aide à la décision pour les outils et solutions techniques les plus adaptés. Nestor exploite des données privées avec ChatGPT. Pour des raisons de sécurité, la DSI a toutefois pris le parti d'enfermer chaque requête qui part de Teams dans un cadre précis, notamment afin de s'assurer qu'aucune donnée sensible ne remonte à ChatGPT. « Il suffit d'une journée pour obtenir un chatbot disponible. C'est très facile à faire, témoigne Amaury Prunier. Avec ces cas d'utilisation, nous rassurons les équipes à propos de l'IA, notamment sur la peur d'être remplacé par la technologie. Nous avons également tout l'historique disponible dans le chat, ce qui permet de voir s'il y a un bon usage de l'outil et s'il y a une augmentation ou une baisse d'utilisation de ce dernier ».

Innover à grande vitesse ou avancer prudemment, à chacun son rythme

Lorsqu'il s'agit de gouvernance, Claire Nicodeme et Amaury Prunier ont une vision bien différente. « Nous avons des règles, mais rien n'est figé, indique ainsi la cheffe de projet. Nous sommes une direction de l'innovation, le but c'est d'innover ». Et si les données à traiter s'avèrent « très peu sensibles, cela ne sert à rien de les mettre dans un coffre-fort, affirme-t-elle. Nous avons la possibilité de mettre les données dans le cloud par exemple. Le cloud a des avantages clairs : nous payons uniquement ce que nous consommons et n'avons pas besoin d'investir dans une infrastructure de calcul dédiée ».

De son côté, Amaury Prunier reste prudent sur la feuille de route. « Je cherche déjà à déterminer ce que nous devons faire. Cela passe bien sûr par une veille technologique. Nous continuons également à former les utilisateurs. En complément, nous travaillons sur un livre blanc avec un cabinet ; nous interrogeons un panel complet afin de savoir quelle serait la place de l'IA dans l'entreprise ». Le DSI de Bastide Groupe précise par ailleurs vouloir travailler davantage sur la data afin d'avoir des données qui soient les « plus propres possible, les plus récentes possible et les plus accessibles qui soient ».

Partager cet article

Commentaire

Avatar
Envoyer
Ecrire un commentaire...

INFORMATION

Vous devez être connecté à votre compte CIO pour poster un commentaire.

Cliquez ici pour vous connecter
Pas encore inscrit ? s'inscrire

    Publicité

    Abonnez-vous à la newsletter CIO

    Recevez notre newsletter tous les lundis et jeudis