David Larose, DSI de Drancy : « Le cloud nous évite de réinventer la roue. »

Lors de la conférence en ligne AWS Initiate, le 15 septembre 2021, David Larose, DSI de la ville de Drancy (93), a présenté plusieurs exemples de projets de smart city, qui exploitent des technologies innovantes au service des élus et habitants. Il est ensuite revenu plus en détail sur ces initiatives lors d'un entretien.
PublicitéPour David Larose, DSI de Drancy, une ville de près de 75 000 habitants située en Seine-Saint Denis, au nord-est de Paris, le terme de smart city, ou ville intelligente, recouvre tout un melting-pot de technologies. « Très souvent, le terme est utilisé pour parler de projets d'éclairage public, alors qu'en réalité la smart city est bien plus vaste. Cela va de la gestion du stationnement au chauffage dans les écoles, en passant par la collecte des ordures », a expliqué le DSI lors de son intervention sur l'événement AWS Initiate. « En France, nous sommes très en retard sur ce sujet. » Selon David Larose, ce retard est en partie dû à la difficulté inhérente à une telle démarche. « Les collectivités comptent un très grand nombre de métiers différents : c'est ce qui rend les démarches de smart cities difficiles, cela prend du temps. Cependant, la taille des villes ne change pas vraiment la difficulté. Les grandes métropoles sont même un peu désavantagées, car il est souvent plus facile pour les petites villes d'initier et d'attaquer les projets », estime-t-il. En effet, dans les petites collectivités, « si une idée ou un besoin politique apparaît, les élus contactent directement le DSI pour voir quelles technologies sont disponibles afin d'avancer sur ce projet ».
David Larose a ensuite partagé plusieurs exemples de projets récemment mis en place par la ville de Drancy. « Avec la crise du Covid, nous avons voulu expérimenter des capteurs de CO² dans une école, qui mesurent également la température et l'hygrométrie. » Pour le DSI, il s'agissait de faire d'une pierre deux coups. D'un côté, cela répondait aux contraintes sanitaires ; de l'autre, cela permettait aux services techniques de surveiller le chauffage, et donc de faire des économies en chauffant seulement quand c'est nécessaire. « Nous avons aussi utilisé ce dispositif pour aider la gardienne, proche de la retraite, à pouvoir effectuer certaines actions sans avoir à se déplacer. Elle peut par exemple voir les images de la caméra située à l'entrée de l'école, ce qui lui permet d'ouvrir le portail à distance tout en surveillant les accès » a confié David Larose. Le dispositif ayant fait ses preuves, la ville va désormais le déployer plus largement.
IA, IoT et applications mobiles au service des agents et habitants
Un autre projet emblématique concerne le comptage des votes lors de la double élection départementale et régionale de 2021. « Au lieu des 36 bureaux que nous gérions habituellement, nous en avions le double, avec toute la logistique associée (gestion du back-office, des urnes, des barrières à l'entrée des bureaux...) », a expliqué David Larose. Avec 72 bureaux, cela devenait compliqué de trouver des équipes rodées au code électoral. Il fallait donc aider les agents et les bénévoles mobilisés. « Tous les bureaux ont été équipés de WiFi et nous avons développé plusieurs outils sur iPad. D'abord, une application pour saisir les taux de participation des bureaux, qui doivent être remontés toutes les heures. Cela nous a évité 72 appels téléphoniques par heure, tous concentrés sur un créneau de 5 minutes, soit plus de 800 appels au total », a raconté David Larose. Sur le même modèle, son équipe a fait une application pour la saisie des résultats du dépouillement. « Les résultats sur la première centaine de bulletins dépouillés sont particulièrement critiques, car ils indiquent généralement le résultat définitif à 1% près. Pour les élus, il est important d'avoir ces résultats le plus rapidement possible », a précisé le DSI. Auparavant, tous les bureaux de vote appelaient en même temps. Grâce à l'application, les résultats saisis vont dans une base Aurora sur AWS, qui elle-même alimente une application iPhone pour les services politiques. Il en va de même à la fin du dépouillement : « les résultats sont présaisis sur l'iPad, et ensuite nous contrôlons qu'ils correspondent bien à ceux indiqués dans le procès-verbal papier. Cela nous fait gagner beaucoup de temps, entre 2 et 3 heures sur le processus de dépouillement », témoigne David Larose. Celui-ci a d'ailleurs partagé sur l'App Store un premier élément, l'application Final Countdown, qui permet la consultation des résultats, afin que d'autres villes intéressées puissent mettre en place ce dispositif.
PublicitéLa ville a également réalisé plusieurs projets IoT (Internet des objets) intégrant des technologies d'intelligence artificielle (IA). « Lors du premier confinement, certains animaux de notre ferme pédagogique ont malheureusement été volés ou tués », déplore le DSI. Pour prévenir de tels actes, la ferme a été équipée de caméras de vidéoprotection, avec des algorithmes capables de détecter une présence humaine. « Les équipes animalières ont une application et sont alertées en temps réel en cas d'intrusion », précise David Larose. D'autres projets concernent la gestion du trafic et du stationnement. Par exemple, des ronds-points ont été équipés de feux tricolores connectés, couplés avec de l'IA, pour piloter la circulation et avoir des statistiques. « Nous avons également mis en place des bornes d'arrêts-minute avec des chronomètres, qui alertent les agents de surveillance de la voie publique (ASVP) en cas de dépassement du temps autorisé », indique le DSI. Un autre projet IoT concerne la surveillance des places de stationnement pour les personnes à mobilité réduite (PMR). Des capteurs connectés via un réseau LoRa envoient des alertes quand une place est occupée. Les ASVP reçoivent celles-ci sur Teams, installé sur leurs smartphones, et peuvent aussitôt aller vérifier s'il s'agit bien de PMR.
Le cloud plutôt qu'un datacenter en propre
Pour tous ces projets, les données collectées sur le terrain sont remontées vers le cloud AWS, où elles viennent alimenter différentes applications : des alertes en temps réel sur Teams pour les agents, des tableaux de bord pour les services techniques et les élus. « J'ai aussi la chance d'avoir un excellent apprenti qui développe des applications clients iOS », précise David Larose, pour qui une fois que la donnée est capturée et stockée, « le tout est de savoir ce que l'on veut en faire et à qui la mettre à disposition ». Celui-ci a choisi de s'appuyer sur le cloud pour ces projets, car cela lui évite de réinventer la roue. Il pointe aussi des aspects de sécurité. « Si les données sont hébergées dans un datacenter de la ville, il faut mettre en place toute une batterie d'outils de sécurité », souligne-t-il. Cela demande des ressources et une expertise dont les villes disposent rarement - preuve en est le nombre de cyberattaques ayant touché des collectivités qui géraient elles-mêmes leurs infrastructures.
Pour la ville de Drancy, l'usage du cloud n'est pas quelque chose de récent. « Nous avons décidé d'aller sur le cloud il y a plus de 10 ans. Cela fait 7 ans que nous n'avons plus de datacenter, nous avons virtualisé tout notre système d'information chez OVH, sur plusieurs sites avec une connexion fibre dédiée. En complément, nous utilisons AWS depuis 3 ans pour nos projets autour de l'IoT (Internet des objets) et nos applications analytiques », relate David Larose. Pour lui, le métier des DSI de collectivités n'est pas de gérer des datacenters. « Il est plus facile de pousser les données dans le cloud via les réseaux 4G et 5G. Si j'ai un enseignement à partager, c'est d'arrêter de faire ses propres datacenters et d'aller vers le cloud », a-t-il conclu lors de son intervention sur AWS Initiate.
Article rédigé par

Aurélie Chandeze, Rédactrice en chef adjointe de CIO
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