Daniel Widera, DSI de Teréga : « La transformation digitale n'est pas un enjeu informatique »

Acteur majeur du gaz en France, Teréga depuis deux ans transforme son IT pour répondre aux besoins des différents métiers de l'entreprise. Daniel Widera, directeur de la transformation, du digital et de la performance expose franchement sa vision et sa méthode pour faire de l'IT, un passage obligé pour accompagner les métiers vers la croissance.
PublicitéIl est assez rare d'interroger un DSI dont le titre évoque la transformation digitale et la récuse en même temps. Et pourtant cet homme existe, il s'agit de Daniel Widera, ancien DSI du groupe Veolia et qui exerce depuis 2 ans, le métier de directeur de la transformation, du digital et de la performance chez Teréga. L'opérateur d'infrastructures gazières comprend près de 600 collaborateurs, gère plus de 5000 km de canalisations et assure près de 25 % du stockage de gaz en France. Basé à Pau, Teréga a des ambitions en termes d'image de marque et de conquêtes clientèles. Des changements à l'horizon 2025 portés notamment par Daniel Widera, autour de deux axes, «la digitalisation et l'analyse de la performance de la transformation».
Mettre dans les rangs infrastructures, supports et métiers
Quand on aborde cette transformation digitale, le dirigeant la récuse au sens où « il n'y a pas d'enjeux informatiques, il faut que l'IT marche pour adresser des enjeux de sécurité, d'expérience client, etc. On regarde les usages ». Pour arriver à cela, Daniel Widera avoue avoir « secoué très fort les organisations et les gens pour les faire rentrer dans le cadre de l'informatique ». A noter qu'il est membre du Comex, un détail important pour comprendre ses différentes initiatives.
Il a débuté par structurer le terrain à travers le triptyque BSI (Business, Support et Infrastructure). La partie infrastructure est vaste, car elle comprend la supervision et le reporting en plus des traditionnelles activités serveurs, stockage et réseau. « L'objectif pour ce domaine a été de supprimer le Shadow IT pour que tout repasse sous la coupe de la DSI », souligne Daniel Widera tout en reconnaissant que l'opération s'est déroulée parfois de manière autoritaire, « on a débranché certains projets comme par exemple une initiative IoT qui était, en plus, mal faite ».
Sur la partie fonctionnelle, le responsable distingue le support et le business. Les premiers concernent les ressources humaines, la finance, les achats. « Pour eux, l'objectif est de s'aligner sur les bonnes pratiques en prenant des offres sur étagères en mode SaaS que l'on connaît et que l'on a validées». Daniel Widera indique « avoir terminé ce travail avec les RH pour s'occuper l'année prochaine de la branche Finances ». L'aspect métier se concentre sur les infrastructures gazières et l'écosystème (fournisseurs de gaz, mairies, etc.) où on est plus dans le développement interne, où il faut tout réinventer à base de data lake, à base de machine learning pour faire de la maintenance prédictive ou travailler sur les interfaces énergétiques en s'appuyant sur les services d'infrastructure du cloud public», glisse le dirigeant.
G Suite imposée et innovation maîtrisée
PublicitéIl a par ailleurs travaillé sur d'autres sujets comme le poste de travail. « Une transformation pénible », avoue Daniel Widera, car il a remplacé en avril 2017, les outils Microsoft par la suite collaborative de Google. Pour l'adoption, le directeur de la transformation du digital et de la performance, assume un déploiement volontariste et reconnaît qu'il y a eu beaucoup de résistances au début, mais qu'aujourd'hui, « seuls 9 à 10% des personnes restent réellement réfractaires ». Bien que radical, ce changement a été accompagné par des formations et le support de Google champions (des utilisateurs pionniers), et continue d'être accompagné pour ne « laisser personne sur le bord de la route du digital ».
L'innovation n'est pas en reste chez Teréga avec un mode push (veille et réflexion sur de nouvelles idées au sein des métiers) et du pull avec deux réunions par an pour confronter les idées et les ressources à apporter. Dans ce cadre des PoC sont réalisés notamment sur des sujets opérationnels comme « l'IoT, le machine learning,... ». Daniel Widera souligne que « cette innovation est maîtrisée quand on touche à du gaz à 85 bars de pression ». Pour réaliser ces projets, Teréga a adopté des méthodes agiles avec « une partie liée aux DevOps et l'autre par la mise à disposition de plateformes SaaS ». Pour ce faire, il s'appuie notamment sur les compétences pointues d'acteurs comme Neoxia et sa filiale Skale5.
Sur le futur, pas de grand soir pour Daniel Widera, « on se réorganise pour faire au fil de l'eau que les supports soient plus qualifiés et que les métiers puissent recruter des clients et augmenter les revenus ». Il faut donc calculer la performance de la transformation entamée, « nous avons planté des thermomètres et des tests vont être réalisés l'année prochaine », conclut Daniel Widera.
Article rédigé par

Jacques Cheminat, Rédacteur en chef LMI
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