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Covid-19 : Les hôpitaux vendéens déploient dans l'urgence la téléconsultation

Covid-19 : Les hôpitaux vendéens déploient dans l'urgence la téléconsultation
Tristan Piron, DSI Adjoint du Groupement Hospitalier de Vendée, se réjouit d’avoir trouvé une solution simple n’ayant pas mobilisé la DSI en pleine crise.

Face à l'annonce du niveau 3 et du Plan Blanc, le Groupement Hospitalier de Vendée s'est équipé en urgence de la solution française Speakylink de SYD. Certes limitée fonctionnellement, cette solution de téléconsultation ultra-légère sans aucune installation ni besoin de formation, ni côté médecin ni côté patient, a pu être déployée à grande vitesse sans mobiliser les équipes de la DSI en train de gérer la crise sanitaire.

PublicitéAlors que se profilait l'annonce du niveau 3 du plan de crise face au Covid-19 et, associé, le plan de mobilisation des hôpitaux baptisé « Plan Blanc », le Groupement Hospitalier de Vendée avait besoin, en urgence, de déployer une solution de téléconsultation pour soulager les services des différents hôpitaux membres face à un potentiel afflux brutal de patients. L'objectif est d'éviter au maximum le déplacement des patients lorsque ce n'est pas indispensable tout en permettant une prise de contact visuelle rassurante entre praticiens et malades. Centré sur le Centre Hospitalier Départemental Vendée (La Roche-sur-Yon), ce GHT (Groupement Hospitalier de Territoire) regroupe six centres ou groupes hospitaliers (pour un total de 8 centres hospitaliers et 14 établissements de santé) dispersés sur l'ensemble du département de Vendée. Or la DSI était évidemment mobilisée pour adapter les établissements à l'urgence sanitaire et il était impossible d'envisager le déploiement d'une solution interne, d'autant qu'il aurait alors fallu passer par un appel d'offres et un marché public (au moins si le budget avait dépassé le seuil légal).

« Nos équipes étaient déjà très fortement mobilisées pour le télétravail mais aussi les déménagements des matériels pour accueillir les patients covid-19. Il ne fallait pas ajouter de nouvelles difficultés, et un projet de plusieurs mois était exclu » tranche Tristan Piron, DSI Adjoint du GHT. Celui-ci s'est donc lancé dans une large consultation en s'appuyant sur son réseau relationnel. Mais la plupart des plates-formes courantes avaient déjà du mal à répondre aux demandes en cours. Or se posaient évidemment, en plus la question du respect de règles très contraignantes puisque l'on parle de données médicales, de relations patients-soignants.

Une solution limitée mais ultra-légère et simple

Au fil de la recherche, Tristan Piron se retrouve à consulter la société SYD. Celle-ci édite une solution totalement en ligne, Speakylink, d'« appel augmenté » (et pas réellement de vidéoconférence) destinée initialement à faciliter la télémaintenance. Typiquement, si un plombier se retrouve en difficultés face à l'installation d'une nouvelle chaudière dont le fabriquant est client de SYD, le support du fabriquant va pouvoir entrer en relations avec le plombier et le guider en ayant un retour vidéo du terrain. La seule contrainte est que l'utilisateur sur le terrain dispose d'un smartphone et d'un navigateur pas trop anciens : il faut qu'ils supportent le protocole WebRTC avec une qualité de caméra raisonnable.

L'émetteur de l'appel, utilisant lui un navigateur sur poste de travail, va faire envoyer par la plate-forme un SMS à l'utilisateur de terrain avec un lien. Ce lien permet d'établir une connexion vidéo bi-directionnelle via le service en ligne Speakylink. L'éditeur précise qu'il n'y a aucun stockage de données en dehors de métadonnées sur la communication elle-même (quel numéro tronqué appelle quel numéro tronqué, durée...). La communication téléphonique ne doit pas s'interrompre, le flux vidéo via WebRTC ne comprenant pas de retour-son (d'où le concept d'« appel augmenté »). Si le réseau se dégrade, la vidéo peut se trouver altérée ou interrompue. L'utilisateur de terrain peut alors prendre des photos fixes. De la même façon, l'émetteur de l'appel peut faire des captures-images enregistrées localement, encore une fois sans aucun stockage par l'éditeur.

PublicitéUn déploiement dans l'urgence mais pas dans l'anarchie

Cette solution correspondait donc pleinement à l'attente du GHT et aux contraintes réglementaires, comme le souligne Tristan Piron : « pas d'installation, pas de formation, pas de stockage d'information médicale ». Malgré tout, la solution permet, grâce au retour vidéo, non seulement que le médecin observe visuellement le patient et ses symptômes mais aussi qu'il en vérifie l'identité. Le cas échéant, le patient peut montrer à la caméra sa carte Vitale ou sa carte d'identité. De plus, face à de possibles saturations du réseau téléphonique (déjà constatées par le GHT), la solution était extrêmement légère en consommation de bande passante et pouvait s'adapter à des situations dégradées. L'hébergeur du service est désormais CIS-Valley, qui est agréé hébergeur de données de santé.

Quelque part, la simplicité pouvait cependant être aussi un problème. En effet, le déploiement devait se faire en respectant des protocoles métier, pas dans l'anarchie où chaque praticien aurait fait ce qu'il souhaitait sans recul. Pour que l'outil lui soit proposé, chaque service devait donc définir le protocole d'usage, des circonstances et des limites d'emploi à la prise de rendez-vous pour la téléconsultation. Le premier service où l'outil a été mis en production est le SAMU, en début de semaine du 23 mars 2020. Une semaine plus tard, une cinquantaine de praticiens (suivi des patients Covid-19 à domicile sans nécessité d'hospitalisation, suivi pré-accouchement...), l'emploie sur un total de 150. Des infirmières peuvent également être amenées à l'utiliser pour assurer un suivi. « Il y a eu, lors de la première semaine, 154 appels Speakylink » indique David Le Glanaër, directeur marketing de SYD.

Des usages amenés à se développer

L'éditeur ayant choisi « par solidarité » de donner un accès gratuit au GHT à Speakylink, il n'y a pas eu lieu de lancer un appel d'offres ou de conclure un marché public. Grâce à sa simplicité et à l'absence de besoin d'installation, le déploiement de l'outil est très rapide. D'autres services du GHT devraient donc petit à petit être équipés. Le suivi des patients positifs au VIH devrait ainsi bientôt en bénéficier. A chaque fois, il s'agit d'éviter au maximum que des patients se rendent à l'hôpital quand cela peut être évité afin de réserver les moyens disponibles aux cas graves.

La plate-forme devrait aussi rapidement être employée pour suppléer aux visites familiales en EHPAD. En effet, à cause du confinement de la population, il est interdit aux familles de se rendre auprès des personnes âgées, particulièrement fragiles. Les établissements pourraient donc utiliser le même service pour mettre en relation les personnes âgées et leurs famille.

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