Tribunes

Coûts du cloud : le réveil est douloureux

Coûts du cloud : le réveil est douloureux
A l’heure où les dépenses des entreprises sont passées au crible, les coûts du cloud ne doivent pas échapper à cet examen. Même si leur maîtrise impose une sévère discipline aux entreprises, particulièrement dans les environnements multicloud. (Photo : Gr

Une gestion financière efficace nécessite une compréhension globale des coûts cachés du cloud. Une stratégie multicloud rend cette vigilance encore plus essentielle.

PublicitéDepuis des années, je mets en garde les entreprises contre les inconvénients du cloud, souvent peu apparents en première analyse. Paradoxalement, je suis une Cassandre qui met en garde les entreprises contre le cloud.

Les avantages du cloud - l'agilité, l'évolutivité et l'accès à des services innovants - peuvent rapidement se transformer en gouffre financier en l'absence d'une gestion adéquate. Les entreprises se réveillent enfin, et il est fascinant d'observer leur récente évolution vers une gestion bien plus rigoureuse des coûts du cloud.

Les coûts d'une croissance incontrôlée

Le cloud apparaît d'abord comme une option flexible et économique, en particulier grâce à son modèle séduisant de paiement à l'utilisation. Cependant, une croissance incontrôlée peut transformer ce rêve en cauchemar financier en raison des complexités que le cloud introduit. Par ailleurs, selon le rapport Flexera State of the Cloud, 87 % des entreprises ont adopté des stratégies multicloud, ce qui complique encore la gestion des coûts en dispersant les applications et les dépenses sur différentes plateformes.

Un rappel brutal de la complexité du cloud est apparu lorsqu'une entreprise a été rattrapée par une facture de 65 M$ pour un seul trimestre pour le seul monitoring du cloud, soulignant l'urgence d'une visibilité plus grande visibilité sur ces dépenses. Comme je l'ai toujours prêché, « Contrôlez vos coûts ou ce sont vos coûts qui vous contrôleront ». Les entreprises reconnaissent enfin la nécessité d'analyser en profondeur leurs dépenses liées au cloud. Je n'aime pas écrire 'je vous l'avais bien dit', mais cela fait des années que je plaide en faveur d'une responsabilisation accrue sur ce sujet.

'On ne peut pas réparer ce que l'on ne voit pas' est un autre principe qui guide mes discussions sur la gestion des coûts du cloud. De nombreuses organisations ont adopté l'agilité qu'offre le cloud, mais négligent la nécessaire visibilité sur les opérations réalisées sur ces environnements. Un suivi et une optimisation efficaces deviennent presque impossibles lorsque les dépenses sont dispersées entre différents fournisseurs dans des environnements multicloud. La complexité est une conséquence naturelle du multicloud et s'accompagne de coûts opérationnels plus élevés, qui doivent également être gérés.

Les conclusions de Flexera soulignent que la plupart des organisations sont confrontées à une visibilité limitée sur la manière dont les ressources sont consommées, ce qui constitue un obstacle majeur à une gestion efficace des dépenses. Une surveillance centralisée est essentielle. Sans elle, les entreprises sont aveugles, incapables de repérer les gaspillages ou d'identifier les domaines d'optimisation.

PublicitéL'énigme des microservices

L'essor des applications cloud-natives et des microservices a encore compliqué la gestion des coûts du cloud. Ces systèmes font abstraction des ressources physiques, ce qui simplifie le développement mais rend les coûts plus difficiles à prévoir et à contrôler. Des études récentes ont révélé que 69 % des ressources CPU dans les environnements conteneurisés sont inutilisées, en contradiction directe avec les bonnes pratiques de gestion des coûts.

Bien que les outils Open Source comme Prometheus soient excellents pour suivre l'utilisation et les dépenses, ils sont souvent insuffisants lorsque les organisations évoluent. A lmes yeux, mieux vaut se tourner vers des solutions de surveillance tierces adaptées aux environnements multicloud et aux architectures à base de microservices. Ces outils s'intéressent à des éléments spécifiques tels que les pods, les noeuds et les espaces de noms (namespaces), afin de fournir des informations approfondies et des recommandations exploitables permettant de dimensionner correctement les applications. Cela garantit une allocation efficace des ressources sans compromettre les performances.

L'optimisation des coûts du cloud n'est pas une approche ponctuelle ; elle nécessite un engagement permanent. Les entreprises doivent développer des processus pour analyser et optimiser régulièrement leur utilisation du cloud. L'identification des workloads surprovisionnées et l'alignement des ressources sur les besoins réels sont des étapes fondamentales au sein de cette démarche continue.

Réévaluer les performances après optimisation

Il est également essentiel de bâtir une boucle de rétroaction pour surveiller les performances après optimisation. Supposons que les mesures de performance diminuent, mettant en péril les SLA ? Il est alors essentiel de réexaminer les optimisations apportées. Ce processus itératif garantit que les économies ne se font pas au détriment des fonctionnalités ou des objectifs de l'entreprise.

Un élément essentiel d'une gestion efficace des coûts du cloud consiste encore à démystifier les modèles de tarification. Les fournisseurs présentent souvent leurs structures tarifaires de manière très détaillée, et les traduire en coûts réels peut s'avérer difficile. Un manque de compréhension qui peut entraîner une spirale inflationniste.

L'ironie ? Les outils destinés à contrôler les coûts du cloud peuvent souvent les gonfler, comme le prouve la fameuse facture de 65 M$ provenant de l'usage d'une solution de monitoring. Les outils de surveillance peuvent constituer une ressource utile, mais ils peuvent aussi devenir un fardeau. Les entreprises doivent évaluer les modèles de tarification à la fois de leurs services cloud et de leurs solutions de surveillance pour s'assurer de les maîtriser, y compris quand ceux-ci évoluent, et qu'ils apportent toujours une valeur ajoutée à l'organisation, sans devenir un fardeau financier.

Revue des dépenses : le cloud ne doit pas être exempté

Dans le contexte économique actuel, chaque dépense doit être passée au crible. Cependant, les coûts liés au cloud échappent parfois à cette évaluation en raison de leur association avec l'innovation et l'agilité. Les développeurs donnent souvent la priorité à la vitesse et aux fonctionnalités, négligeant les implications financières potentielles de leurs décisions. Les conteneurs cloud-natifs et les microservices présentent des avantages, mais leurs inconvénients substantiels en termes de coûts ne sont souvent pas pris en compte.

C'est là que le management doit entrer en jeu. Comprendre les impacts financiers de l'allocation des ressources permet aux organisations de faire des choix plus intelligents et de trouver un équilibre entre performance et coût.

L'attention accrue portée à la gestion des coûts du cloud est un changement bienvenu, mais ce n'est qu'un début. Grâce à une surveillance stratégique et à une optimisation permanente, les entreprises peuvent exploiter le véritable potentiel du cloud tout en préservant leur santé financière. Je le répète depuis des années : une approche proactive de la gestion des dépenses liées au cloud est essentielle pour réussir et survivre dans ce paysage numérique en constante évolution.

Partager cet article

Commentaire

Avatar
Envoyer
Ecrire un commentaire...

INFORMATION

Vous devez être connecté à votre compte CIO pour poster un commentaire.

Cliquez ici pour vous connecter
Pas encore inscrit ? s'inscrire

    Publicité

    Abonnez-vous à la newsletter CIO

    Recevez notre newsletter tous les lundis et jeudis

    La question du moment
    Disposez-vous d’une solution unifiée de gestion des identités et des accès, aussi bien pour vos applications cloud que sur site ?