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Comment Thalès a perdu un contrat de 70 millions d'euros avec les hôpitaux de Paris

Les hôpitaux parisiens ont éjecté Thalès de leur projet de dossier patient à cause du non respect du cahier des charges. Depuis, des rumeurs persistantes font état de responsabilités plus partagées entre Thalès et les hôpitaux.

PublicitéLors de leur conférence de presse le 30 septembre 2008, les hôpitaux de Paris, ou AP-HP, ont présenté le nouvel attributaire de leur projet de système d'information dédié au dossier hospitalier patient. Il s'agit de l'imageur Agfa Healthcare associé aux sociétés Cap Gemini et à HP. Agfa se retrouve nanti d'un confortable budget de 95 millions d'euros sur 5 ans, et doit désormais convaincre sur un projet qui est au coeur de la rationalisation de la médecine hospitalière française. Ce montant considérable représente le plus gros effort financier de l'histoire de l'informatique hospitalière, sans compter l'apport des équipes internes à l'AP HP, soit plus d'une centaine de médecins et d'experts. Mais les rebondissements auront été nombreux pour en arriver à cette attribution. Thalès, premier attributaire pour 70 millions Agfa Healthcare est en fait le second attributaire du marché. Initialement, c'est Thalès, spécialiste de l'informatique sensible, du militaire et de la sécurité, associé aux sociétés Medasys et General Electric qui avait remporté l'appel d'offres. Le montant s'établissait alors aux alentours de 70 millions d'euros. Il s'agit d'un prix d'ami comparé aux 95 millions annoncés le 30 septembre. Mais, premier coup de théâtre, dans les derniers jours de 2007, Thalès s'est vu signifier la rupture du contrat le liant à l'AP-HP, et il a été écarté du projet. Comment expliquer cette éjection ? Lors de la conférence de presse du 30 septembre, l'AP-HP a indiqué « Le prestataire ne répondait ni au cahier des charges ni aux délais ». On peut alors se demander comment Thales avait pu être retenu. Thalès a lancé un contentieux contre l'AP-HP A présent, les deux protagonistes, Thales d'une part, et l'AP-HP de l'autre, tentent de préserver la confidentialité du dossier. Un contentieux a cependant été lancé par Thalès à l'encontre de l'AP-HP. La cause du clash entre les deux entreprises n'a pas été officialisée. Au départ, tout semblait aller pour le mieux. Thales est une société française, ambitieuse dans le domaine de la santé. Avec l'AP-HP, elle était aux commandes du plus grand projet du secteur, lui ouvrant l'immense ... ... marché européen des systèmes d'information hospitaliers en plein essor. N'étant pas éditeur, Thales s'associe avec Medasys, société française également. A partir de là, deux interprétations des événements existent. Allant dans le sens de l'AP HP, certains évoquent à une rupture à l'initiative univoque des hôpitaux. Les équipes de Thales auraient manqué de spécialistes dans le domaine de la santé, provoqué des changements de direction de projet à répétition et engendré des retards au démarrage. De plus, General Electric - associé à Thales pour la partie anesthésie et réanimation - aurait demandé un supplément budgétaire afin de réaliser certaines parties du contrat, qui semblaient pourtant prévues dès l'origine. Quant à l'éditeur Medasys, il aurait été finalement de taille trop réduite pour servir un aussi gros projet destiné à équiper 37 grands hôpitaux. Des modifications trop nombreuses Mais selons d'autres, lors des réunions de cadrage entre l'AP-HP et Thales, l'AP-HP aurait trop modifié ses demandes, conduisant à un périmètre d'action fluctuant au gré des jours. Ce syndrome est classique : un client ne sait pas forcément ce qu'il veut et il mûrit sa vision au cours du temps dans sa demande. Face à trop de modifications, la gouvernance du projet doit alors savoir filtrer. Encore faut-il qu'on lui en donne les moyens. Les modifications trop nombreuses auraient déclenché une incompatibilité entre Thalès et l'AP-HP et des conflits répétés jusqu'au clash. Une nouvelle attribution complexe Quoiqu'il en soit, l'AP HP a relancé une procédure d'appels d'offres. Ce sera finalement Agfa Healthcare qui l'emportera. Cependant, cette victoire voit encore le jour dans des conditions complexes. En effet, le gagnant aurait dû être, semble-t-il, la société américaine Cerner. Mais, cette dernière aurait émis des conditions ou des réserves à la réalisation du contrat voulant s'assurer - peut-être un peu trop - que l'AP-HP ferait bien sa part du travail. Problème, ces réserves ne seraient pas juridiquement admissibles dans le cadre de ce type de marché public. Résultat, après un retard conséquent dans l'annonce des résultats, l'entreprise Cerner est écartée, et c'est Agfa Healthcare qui arrive première. En ce qui concerne l'avenir, de nombreuses questions restent à régler. Agfa est d'une taille largement inférieure à celle de Cerner. L'AP-HP est désormais dans une position délicate. Elle ne peut plus se permettre d'échouer après l'accident Thales. Même si lors de la conférence de presse, l'AP-HP a déclaré : « Nous avons mis en place les mêmes mécanismes de résiliation qu'auparavant », il lui faut absolument réussir avec Agfa pour un projet qui engage l'informatique de santé hexagonale pour les 10 ans à venir. Nouveau remède prévu : l'AP-HP réfléchirait à une restructuration pouvant contribuer à minimiser les risques dans la réalisation du projet, tout en faisant attention à ne pas dériver dans le temps. Affaire à suivre en 2009.

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