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Comment les grandes banques investissent dans l'IA

Les cas d’usage de l’IA concernent l’ensemble des strates de l’organisation des banques, même si la banque de détail concentre, à elle seule, près d’un quart des applications recensées en 2024. (Photo : Jonathan Cooper / Unsplash)

Une étude dissèque 167 cas d'usage de l'IA dans la finance. Verdict : la banque de détail est le terreau le plus propice à la technologie. Et les établissements financiers n'exploitent plus uniquement l'IA pour réaliser des économies.

PublicitéDes stratégies affirmées, une pluie de cas d'usage annoncés et des promesses de gains aux marchés financiers. Depuis 2023, les banques multiplient les effets d'annonce autour de l'IA. Mais où déploient-elles réellement la technologie au sein de leurs activités ? Pour en donner un aperçu, le cabinet britannique spécialisé dans l'intelligence artificielle Evident a étudié 167 cas d'usage de l'IA dans le secteur financier, répartis dans 50 grandes banques à l'international et rendus publics l'an dernier.

Premier constat dressé par le cabinet d'outre-manche : « les banques poussent les usages de l'IA dans tous les coins de l'organisation, depuis ses entrailles jusqu'aux salles de marché et de vente. » C'est toutefois dans la banque de détail que sont dénombrées les applications les plus nombreuses (plus de 40 sur 167). Il s'agit le plus souvent de chatbots. « Cela ne semble peut-être pas très avant-gardiste, mais il y a beaucoup d'innovation dans ce domaine », souligne Evident, qui mentionne les cas d'ING et de la banque britannique NatWest qui ont intégré l'IA générative dans leurs chatbots. Ou encore celui de l'Espagnole BBVA, qui permet désormais à ses clients d'effectuer des tâches complexes - comme l'annulation d'une carte - après intégration de la GenAI.

Dans un cas sur deux, cibler des bénéfices pas des économies

Autre domaine concentrant les cas d'usage, avec une vingtaine d'applications recensées : l'IT et la sécurité. Essentiellement, des applications assistant les développeurs dans la conception et l'écriture de code, souligne le cabinet d'études. Mais pas uniquement. Australia and New Zealand Banking Group (ANZ) met ainsi en oeuvre une IA pour simuler des attaques de phishing, tandis que CommBank a déployé un chatbot dédié au support technique.

Le classement des 167 cas d'usage recensés par le cabinet Evident en 2024. (Source : D.R.)

Evident remarque également une inflexion dans les objectifs associés à ces déploiements. Alors que près de 90% des applications recensées au premier semestre 2024 visaient à gagner en efficacité, elles ne sont plus qu'environ 50% au second semestre. La seconde moitié des cas d'usage ciblant des bénéfices, allant de la réduction des risques, à l'amélioration de la satisfaction des clients en passant par l'augmentation des revenus.

Plusieurs banques françaises ont communiqué aux marchés financiers des objectifs de 'création de valeur' par l'IA, sans préciser si ces gains proviendraient d'économies ou d'améliorations de l'activité. Ainsi, Société Générale a affiché un objectif de 500 M€ de création de valeur par an dès 2026 grâce à l'IA et à la data. Tandis que BNP Paribas vise 1000 cas d'usage en production en 2025 (contre 750 à l'automne 2023), autour de la génération de revenus, l'expérience client, l'efficacité et la gestion du risque. Tous usages confondus, BNP Paribas espère également générer 500 M€ par an de valeur avec la technologie, mais dès cette année. De son côté, dans son plan stratégique présenté en juin 2022, le Crédit Agricole indiquait vouloir consacrer 20 Md€ sur la période allant de 2022 à 2025 à l'IT, au digital, à la data et à l'IA, dont plus d'un milliard dédié à son programme de transformation numérique

PublicitéPour Evident, le prochain chapitre de l'histoire est déjà écrit : « dans quelques mois, les banques seront soumises à une pression de plus en plus forte pour montrer comment ces milliards d'investissements portent leurs fruits. » L'heure d'un premier bilan devrait donc sonner tout prochainement.