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Comment le DSI d'Eon a redoré le blason de l'IT auprès de toute l'entreprise

Comment le DSI d'Eon a redoré le blason de l'IT auprès de toute l'entreprise
A la faveur de la refonte de sa stratégie en 2021, l'énergéticien allemand Eon a remis l'IT au cœur de ses priorités. (Photo : Eon, siège social à Essen)

Arrivé en 2021 lors de la redéfinition de la stratégie, le DSI du groupe Eon a voulu redonner ses lettres de noblesse à l'informatique au sein du groupe énergéticien allemand. Sebastian Weber est reparti des fondamentaux techniques pour reconquérir les métiers, ses propres équipes et le comité de direction.

Publicité« Depuis la redéfinition de la stratégie du groupe en 2021, Eon a souhaité actionner un levier majeur, celui de la transformation numérique, définie comme priorité absolue dans l'agenda », raconte Sebastian Weber, DSI du fournisseur d'énergie allemand. L'entreprise a d'abord mis en place un board numérique dirigé par Victoria Ossadnik, COO digital et innovation. Pour Sebastian Weber, « cela démontrait clairement que la numérisation devenait une clé centrale de la transition énergétique. »

Jusque-là, l'informatique était organisée de façon plus traditionnelle avec un accent fort porté sur l'optimisation. Qui plus est, de nombreuses fonctions avaient été externalisées pour réduire les coûts. La première démarche du nouveau DSI a consisté à reposer les bases de la transformation numérique en interne. « Cela a constitué ma tâche principale pendant les trois premières années : nettoyer les fondations, en quelques sortes », raconte-t-il. De plus, il a tenu à ce que ce grand nettoyage se déroule de la façon la plus simple possible. Il s'agissait de reconquérir aussi bien les employés de la technique que le comité de direction. « Notre objectif au cours des trois premières années a d'abord été de stabiliser et de moderniser les postes de travail, le réseau d'entreprise et la connexion des applications professionnelles aux serveurs ».

Déploiement de 70 000 postes de travail

Concrètement, cela s'est traduit par le déploiement de 70 000 nouveaux postes de travail, y compris du nouveau matériel là où cela se révélait nécessaire. Chaque bureau, parmi les quelques centaines qui existaient, devait être équipé d'un WLAN. « Nous avons fait des travaux de terrassement, arraché des câbles et installé du WiFi - un travail de base », raconte le DSI. Par ailleurs, il a fallu s'occuper des applications, toutes hébergées sur des datacenters obsolètes. L'entreprise s'est donc tournée vers le cloud. « Nous sommes en train de démanteler le dernier de nos huit datacenters, continue Sebastian Weber. Nous migrons tout ce que nous pouvons dans le cloud public ». Ce travail sur les fondamentaux a également aidé la nouvelle DSI à regagner la confiance des équipes métiers. « La transformation de l'entreprise et l'harmonisation des processus n'apportent aucune valeur ajoutée si les postes de travail ou la connexion Wi-Fi ne fonctionnent pas, insiste le DSI. Nous avons donc d'abord eu besoin de reconstruire une base technique solide et à jour ».

Pour embarquer les membres du conseil d'administration, Sebastian Weber a misé sur la transparence : « il est important que nos choix de projets et nos priorités soient clairs pour eux ». Le DSI envoie chaque trimestre un rapport de plusieurs pages au conseil d'administration contenant des métriques comme le temps d'arrêt des systèmes ou le volume de requêtes. Le document liste les incidents survenus depuis le dernier point, les enseignements tirés ou les objectifs fixés pour les trois mois à venir. Cette offensive de communication a suscité l'intérêt des équipes dirigeantes, jusqu'au Pdg d'Eon. « Il pose régulièrement des questions sur l'état d'avancement des projets informatiques importants, veut connaître l'état des mises à jour de l'architecture et se fait expliquer les plans de transition, se réjouit le DSI. Cela démontre l'importance prise par les sujets numériques et informatiques ».

PublicitéQuatre étoiles polaires pour guider le changement

Le message adressé à l'équipe IT a été très simple, comme le rappelle Sebastian Weber : « nous devons prouver que nous améliorons la stabilité de l'entreprise ». Pour cela, le DSI a identifié quatre « étoiles polaires », comme il les nomme. Les deux premières sont l'amélioration de la satisfaction des employés et des utilisateurs. Elles sont mesurées au moins une fois par semaine. La troisième étoile polaire est la disponibilité des systèmes. Ce sont les temps d'arrêt des systèmes aux deux plus hauts niveaux de criticité qui servent d'indicateur. Enfin, la quatrième étoile polaire, c'est l'utilisation plus efficiente du budget.

Pour le DSI, ces quatre piliers visent aussi à créer un environnement dans lequel les employés de l'IT peuvent de nouveau apprécier leur travail. « Par exemple, nous avons organisé pour la première fois une conférence high tech interne internationale à l'occasion de laquelle nous avons remis des prix à certains d'entre eux pour des projets informatiques internes remarquables ».

La voix de la technique doit se faire entendre

Pour augmenter la satisfaction des utilisateurs, Sebastian Weber a réorganisé le support informatique et en a fait une priorité absolue. « Jusqu'à présent, ce service était enfoui au fin fond de l'organisation. Désormais, c'est une entité qui dépend directement de moi et ses managers sont seuls responsables de la satisfaction des utilisateurs. Si quelque chose ne va vraiment pas, nous y travaillons ensemble immédiatement. » En outre, l'informatique est plus fortement représentée et présente localement dans les business units. Si un problème ne peut être résolu immédiatement, les équipes obtiennent toujours une réponse. « Écouter les utilisateurs, entendre leurs commentaires et en faire un suivi - ce sont des choses très basiques, mais qui ont un impact fort ».


Sebastian Weber, DSI d'Eon depuis 2021, a entrepris une réhabilitation de l'IT du groupe. (Photo : Eon)

En parallèle, l'équipe de Sebastian Weber travaille les processus métiers dans lesquels l'informatique est directement impliquée. Dans les années à venir, il souhaite fixer des axes de travail technique internes qui seront intégrés aux grands programmes de transformation du groupe. « Si, par exemple, Eon déploie un nouvel univers SAP, je souhaite intégrer une équipe technique spécifique dans l'équipe de direction du programme pour s'occuper par exemple de l'automatisation des tests, du monitoring ou de la reprise après sinistre. » Autrement dit, la voix de l'ingénierie IT doit prendre plus de poids dans les grands projets de l'entreprise. « Ce sont des équipes qui doivent aussi avoir le courage de dire : nous ne pouvons pas déployer dans l'immédiat, car certains éléments comme le monitoring ne fonctionnent pas encore. »

L'IT à la table des projets stratégiques

L'informatique d'Eon jouit désormais d'une meilleure réputation au sein de l'entreprise et n'est plus considérée comme une contrainte, en particulier en raison de l'accent mis sur la satisfaction des utilisateurs. « Si les incidents sont résolus plus rapidement et que les systèmes fonctionnent de manière plus stable, l'informatique a plus de chances d'être écoutée, détaille Sebastian Weber. Tout est lié : la façon dont vous vous comportez en cas d'incident a un impact direct sur la façon dont on vous invite à la table des projets les plus stratégiques. »

Mais pour ce faire, l'équipe de la DSI a aussi cartographié toutes les initiatives de transformation stratégique d'Eon en 2023. Pour y intégrer progressivement les dimensions techniques. Un moyen de doter les différents sujets des ressources humaines nécessaires.

La réussite est dans les détails

Enfin, pour Sebastian Weber, dans les projets, les moindres détails sont très importants. Par exemple, lorsque la transformation vers le cloud a commencé, il a planifié une réunion hebdomadaire avec tous les managers qui dépendent de lui. « Il ne s'agit pas de micro management, assure-t-il, mais de 'micro connaissance'. Il est essentiel qu'ils comprennent les projets dans les moindres détails ». D'une part, cette expertise qu'ils acquièrent sert à prendre de meilleures décisions. « Lorsque vous écoutez les équipes, vous obtenez des informations précieuses qui aiguisent votre prise de décision », indique le DSI. Et, cela montre aussi aux équipes l'intérêt des managers pour leur travail et leur expertise. D'autre part, le DSI estime essentiel que chaque responsable informatique soit en mesure de répondre à toutes les questions des métiers. « C'est ce qui crée la confiance », dit-il.

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