Claude Molly-Mitton (USF) : « le PGI est au coeur de la transformation numérique de l'entreprise »

L'USF (association des Utilisateurs de SAP Francophones) organise sa prochaine convention annuelle à Tours les 8 et 9 octobre 2014 sur le sujet de la société numérique. Claude Molly-Mitton, président de l'USF, détaille pour nous l'actualité du club et le programme de la manifestation.
PublicitéCIO : Tout d'abord, pouvez-vous nous représenter l'USF ?
Claude Molly-Mitton : L'association des Utilisateurs de SAP Francophones comprend à ce jour 450 entreprises et 2900 personnes physiques. 73% des entreprises cotées au CAC 40, 62% de celles au SBF 120 et une cinquantaine d'administrations ou organismes publics sont membres de l'USF.
Nos activités s'organisent autour des réunions de nos 49 commissions animées par nos 65 bénévoles, la cheville ouvrière de l'association. Sans le dévouement de ces bénévoles, il ne pourrait pas y avoir d'USF. Certains sont en poste depuis dix ans mais il y a aussi beaucoup de renouvellements, liés souvent à des évolutions professionnelles. Chaque commission a au minimum deux animateurs pour assurer son bon fonctionnement. Par ailleurs, nous disposons également de quatre régions (Grand Ouest, Grand Sud-Ouest et Grand Est et la dernière ouverte, Rhône Alpes). Le modèle marche bien. Notre principale difficulté est de trouver deux animateurs pour ouvrir et s'occuper d'une région. Il nous manque surtout un Grand Sud-Est, éventuellement un Grand Nord même si le Grand Est s'occupe de nos membres situés dans le Nord.
CIO : Que produit votre association ?
Claude Molly-Mitton : Beaucoup de nos livrables sont sous forme de livres blancs. Parmi les nouveaux à sortir début octobre lors de notre convention annuelle, notons un second sur Hana. Nous avons également réalisé un livre blanc commun avec l'AFAI et l'IFACI, des associations d'auditeurs, qui sera un véritable guide d'évaluation d'un système SAP pour l'audit interne, avec la vision des auditeurs et des audités. Au printemps 2015 sortira celui sur les modèles d'organisation de centres de compétences SAP.
CIO : Pourquoi la prochaine Convention de l'USF, les 8 et 9 octobre 2014 à Tours, sera-t-elle sur le sujet de la société numérique ? Où est le lien avec SAP ?
Claude Molly-Mitton : L'arrivée du numérique transforme l'entreprise et les modalités de création de valeur. Le rôle des logiciels est fondamental en la matière et le PGI -comme SAP- est au coeur des logiciels de l'entreprise. Nous allons donc nous poser la question du rôle du PGI dans la transformation numérique des entreprises.
Parmi les sujets abordés, nous aurons ainsi l'accès en mobilité au PGI via des outils BYOD, les exigences en matière d'ergonomie de la part des utilisateurs pour que celle-ci soit autant performante que celle des services grand public, etc.
Comme toujours, la Convention va associer d'une part des sujets d'ouverture d'esprit, avec une vision large, en matinée, d'autre part des ateliers très concrets l'après-midi. En tout, il y aura 66 ateliers, 74 stands pour 83 partenaires. Faute de place, 11 stands ont même été refusés. En 2013, 1050 visiteurs uniques ont visité la Convention (environ 800-850 visiteurs/jour).
PublicitéCIO : Le 24 mars, vous nous indiquiez être inquiet au sujet des contrats de maintenance et vous avez annoncé la création d'un groupe de travail trois jours plus tard. Où en est-on ?
Claude Molly-Mitton : Pour l'instant, nous n'avons pas de nouvelles informations sur le sujet alors que l'ERP SAP est garanti jusqu'en 2020 et que les contrats de maintenance ne sont garantis dans leurs taux actuels (22% pour l'Enterprise Support) que jusqu'à fin 2016. Et nous continuons à demander avec force à SAP de geler ses taux de maintenance jusqu'en 2020.
Malgré tout, il faut reconnaître que, depuis quelques temps, il y a une meilleure écoute des demandes des utilisateurs par SAP. Par exemple, Fiori est une collection d'applications métier dont le but est l'amélioration de l'ergonomie pour les utilisateurs. Dans les clubs il y a eu une levée de boucliers car il était prévu de faire payer Fiori. Pour les utilisateurs, Fiori était juste une correction qui corrige l'ergonomie déficiente. Désormais, Fiori est inclus dans la licence, sans surcoût.
De la même façon, SAP s'est enfin engagé dans une démarche de simplification et d'accroissement de la lisibilité de son catalogue qui comporte 4000 références. Il commence à y avoir des progrès même si cela ne pourra jamais être totalement simple.
CIO : Cette complexité n'était-elle pas à l'origine de la plupart des litiges autour des audits de licences ?
Claude Molly-Mitton : C'est vrai que certaines difficultés venaient de là. Par exemple, il y avait une trentaine de types de licences utilisateurs. L'interprétation des limites de droits entre sortes d'utilisateurs -avec chacune son tarif- était une source fréquente de conflits. Le système a été simplifié en supprimant certaines ambiguïtés (et notamment la licence dite « limited professionnal »). Les définitions sont aujourd'hui a priori mieux bordées et on devrait donc savoir plus sûrement ce que l'on doit payer. Reste à espérer que cela ne cachera pas une augmentation déguisée de certains coûts de licences. Mais l'analyse détaillée de ce sujet est complexe et va prendre encore quelque temps.
Un autre exemple était l'obligation, sur certains modules comme le module de décisionnel, de d'abord acheter le moteur puis les utilisateurs. Maintenant, c'est un tout.
Saluons donc les efforts
Mais le problème des accès indirects n'est toujours pas vraiment réglé. Les travaux de l'USF sur le sujet ont d'ailleurs été cités dans une note mondiale du cabinet Gartner.
CIO : Toujours en mars dernier, l'USF avait annoncé le lancement d'une enquête de satisfaction sur la maintenance SAP. Où en est-on ?
Claude Molly-Mitton : Les résultats de l'enquête, comme prévu, seront révélés lors de la convention et un atelier sera consacré au sujet. Une note de perspective sera également produite à partir de cette étude. Comme attendu, il y a du positif et du négatif.
Je ne peux pas en dire davantage en ce moment car il nous reste beaucoup de travail à réaliser.
CIO : Parmi les modalités d'influence des utilisateurs sur la feuille de route de SAP, il y a le mécanisme des Customers Connections qui sont des cycles d'interrogation des clients et d'analyse de la demande par l'éditeur. Quelle est l'opinion de l'USF ?
Claude Molly-Mitton : L'USF a participé à une dizaine de cycles en remontant des demandes d'améliorations données par les utilisateurs. Parmi les demandes qualifiées, 55% des demandes ont été acceptées. Cette acceptation implique un développement sous six mois avec un volume réservé dans le planning des équipes de développement. Parfois, le volume de travail nécessaire à une évolution est mal évalué et la demande n'est dès lors pas totalement satisfaite, entraînant la relance d'un item proche peu après. Par ailleurs, si 80% des sujets proposés par SAP sont très clairs, 20% sont moins bien cadrés et les demandes d'évolutions remontant des utilisateurs ne sont pas forcément conformes à ce que désirait l'éditeur.
L'USF consacre l'équivalent d'un mi-temps de permanent sur le sujet. Il faut donc que ce soit rentable. Vus les résultats obtenus, nous sommes satisfaits.
CIO : SAP vient de racheter Concur. Quel est votre commentaire sur cette acquisition à 8,3 milliards de dollars ?
Claude Molly-Mitton : Il est beaucoup trop tôt pour commenter le rachat en lui-même si ce n'est que nous allons devoir prévoir un nouveau groupe de travail... Si on prend un peu de recul, on ne peut que constater que SAP dispose de solutions on premice. Toutes les offres de type on demand / SaaS, SAP les acquiert à l'extérieur. L'objectif est d'assurer une couverture complète des besoins des utilisateurs sans que ceux-ci aient besoin de trouver une solution en dehors de SAP.
D'ailleurs, SAP est en train de lancer One Support. La promesse de l'éditeur, via cette offre, est d'avoir un support unique pour l'ensemble d'un process métier, que la solution soit on premice, dans le cloud ou hybride. Evidemment, une telle offre constitue un avantage concurrentiel par rapport à la juxtaposition d'offres SaaS et On Premice prises chez des fournisseurs différents. Si One Support est très intéressante sur le papier, nous manquons de recul pour porter un jugement dessus à l'heure actuelle.
CIO : D'une manière générale, les relations SAP/USF peuvent-elles être comparées à celles de la Russie et de l'Ukraine, de la Chine et du Tibet ou de la France et de l'Espagne ?
Claude Molly-Mitton : Ce sont des relations franco-germaniques ! Pas d'autre commentaire !
Plus sérieusement, nous organisons bientôt un voyage d'étude pour douze présidents de commissions deux jours à Walldorf, au siège de SAP. Chacun y rencontrera les responsables mondiaux des modules dont il s'occupe. Si, pour le décisionnel, les responsables sont plutôt en France, pour tout le reste, c'est plutôt Walldorf.
Article rédigé par

Bertrand Lemaire, Rédacteur en chef de CIO
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