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Chez Microsoft, l'explosion de l'IA vient percuter l'agenda environnemental

En 2023, les émissions carbone de Microsoft ont progressé de 29% par rapport au niveau de référence, mesuré en 2020. (Photo : Matthias Heyde / Unsplash)

Le boom de l'IA générative fait les beaux jours de Microsoft, mais menace sévèrement ses objectifs environnementaux. La construction de nouveaux datacenters fait enfler son bilan carbone.

PublicitéOfficiellement, les objectifs environnementaux de Microsoft - dont celui d'être à minima neutre en carbone d'ici à 2030 - restent inchangés. Mais, dans son dernier rapport portant sur l'évolution de ses efforts en la matière, l'éditeur et géant du cloud est obligé de concéder que tout ne se passe pas aussi bien que prévu. Et ce malgré le recours aux grosses ficelles de la comptabilité carbone (comme les certificats d'énergie verte ou l'effacement carbone).

Sur son année fiscale 2023, les émissions carbone du géant de Redmond ont progressé de 29% par rapport au niveau de départ, mesuré en 2020, date à laquelle Microsoft avait communiqué ses principaux objectifs environnementaux. L'intégralité de cette progression provient du Scope 3, autrement dit des émissions indirectes hors énergie, le reste du périmètre étant même en décroissance entre 2020 et 2023 (-6%).

Trajectoire carbone de plus en plus inatteignable

« L'augmentation de nos émissions sur le Scope 3 provient principalement de la construction de nouveaux datacenters et du carbone incorporé associé, dans les matériaux de construction ou dans les composants matériels tels que les semi-conducteurs, les serveurs et les racks. Les défis auxquels nous sommes confrontés sont en partie liés à notre position en tant que fournisseur de cloud de premier plan qui étend son réseau de datacenters », écrivent Brad Smith, le président de Microsoft, et Melanie Nakagawa, responsable sustainability de la société.

Surtout, l'écart entre la trajectoire ciblée pour atteindre à minima la neutralité carbone en 2030 et les émissions mesurées ne fait que croître. Sur son année fiscale 2022, avant l'arrivée de l'IA générative donc, Microsoft était parvenu à réduire ses émissions carbone (tous périmètres confondus) de 0,5%, pour une empreinte totale en-dessous des 12,6 millions de tonnes d'équivalents CO2. L'éditeur reconnaît désormais émettre environ 15 millions de tonnes sur son dernier exercice fiscal... Alors que l'objectif pour 2030 est inférieur à 6 millions de tonnes d'équivalents CO2 (compensé par au moins autant de projets d'effacement) !

Investissements massifs dans les datacenters

Même si Microsoft reste accroché à ses deux objectifs clefs - neutralité carbone à minima en 2030 et effacement de toutes les émissions de l'entreprise depuis sa création d'ici à 2050 -, l'accélération de l'IA générative, qui profite largement à Microsoft depuis son partenariat avec OpenAI, met à mal l'agenda climatique du géant de la tech. Ces derniers mois, alors que ses résultats sont portés par sa croissance dans le cloud et l'IA (avec des progressions de plus de 20% sur ce segment), la société a multiplié les annonces de construction de nouveaux datacenters. Comme tout récemment en France où le même Brad Smith est venu annoncer un investissement de 4 Md$, essentiellement dans la construction de nouveaux datacenters dédiés à l'IA.

PublicitéMême si l'efficacité de ces datacenters augmente - Microsoft revendiquant désormais un ratio d'efficacité énergétique PUE (Power usage effectiveness) de 1,12 sur les dernières infrastructures - et même si la société de Redmond multiplie les initiatives pour réduire l'impact de sa consommation électrique (datacenters immergés, installation de mini-réacteurs nucléaires), la construction des nouveaux datacenters devrait encore plomber son bilan carbone des années futures. Eloignant un peu plus l'atteinte des objectifs fixés en 2020.

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Consommation d'eau, l'autre dérapage

Les émissions carbone ne constituent pas la seule ambition environnementale à propos de laquelle Microsoft admet ne pas être sur la bonne trajectoire. Témoin du poids pris par les datacenters dans le bilan environnemental de la firme, la consommation d'eau dérape elle aussi, passant de 6,4 millions de mètres cubes en 2022 à 7,8 millions en 2023.

« Nos nouveaux centres de données sont conçus et optimisés pour prendre en charge les applications d'IA et ne consommeront pas d'eau pour le refroidissement, assurent Brad Smith, le président de Microsoft, et Melanie Nakagawa, responsable sustainability de la société, dans le dernier rapport environnemental de la société. Cette initiative vise à réduire davantage notre dépendance globale aux ressources en eau douce à mesure que les demandes de calcul de l'IA augmentent. »

Un objectif à l'eau tiède

La cible de Microsoft consiste à réduire de 40% l'efficacité de l'utilisation de l'eau dans l'ensemble de ses datacenters d'ici à 2030, par rapport à une base de référence de 2022. Un objectif peu engageant, car il ne dit rien du volume global d'eau consommé.

Microsoft assure investir pour réduire sa dépendance à l'eau douce pour ses datacenters existants, par exemple via l'usage d'eau récupérée ou recyclée pour le refroidissement. (Photo : Microsoft)

Signalons que l'éditeur affirme fournir des efforts significatifs dans les projets de reconstitution de réserves d'eau. « D'ici à 2030, nous prévoyons de réapprovisionner plus d'eau que nous n'en consommons pour l'ensemble de nos activités directes dans le monde et de réapprovisionner la totalité de cette eau dans environ 40 sites prioritaires, soumis à un stress hydrique élevé et sur lesquels nous opérons », écrit le géant de la tech dans son rapport.