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Cession d'activité puis rachat : le projet de consolidation financière de Bolloré Logistics a traversé les tempêtes

Cession d'activité puis rachat : le projet de consolidation financière de Bolloré Logistics a traversé les tempêtes
Par le rachat de l’activité logistique de Bolloré, CMA-CGM, qui possède Ceva Logistics, a voulu étendre son offre et déployer une organisation axée sur les produits. (Photo : Postcardtrip/Pixabay)

Né avant la cession des activités africaines et avant la fusion avec Ceva Logistics, le projet de modernisation de la consolidation financière de Bolloré Logistics a survécu à plusieurs chocs ; Avant de finalement se mettre au service d'un des objectifs clefs du nouveau groupe : une vision de l'activité par produits, alignée sur l'organisation souhaitée par Ceva.

PublicitéLa vente des activités en Afrique, puis le rachat par Ceva Logistics (appartenant au groupe CMA-CGM). Le projet de modernisation de la consolidation financière de Bolloré Logistics a traversé plusieurs tempêtes. Sans toutefois dévier de son cap initial, à savoir migrer les 84 filiales de ce groupe réalisant plus de 7 Md€ de chiffre d'affaires. En matière de consolidation financière, Bolloré Logistics a longtemps misé sur le moteur de base de données multidimensionnelle Essbase, avant de décider de migrer sur Oracle EPM Cloud en 2023.

« Lorsque j'ai pris mon poste en août 2022, ce dossier était sur mon bureau parmi les projets alors en stand-by », raconte Moez Beltaief, ancien directeur du reporting et du contrôle financier de Bolloré Logistics qui a gardé les mêmes attributions sur ce même périmètre au sein de Ceva Logistics, à la suite de l'absorption du premier par le second en février dernier. A l'été 2022, le responsable juge alors la modernisation prioritaire en raison de la dépendance à une solution (Longview) datant de 2005, et à une poignée d'experts des technologies en place. « Ce projet avait d'abord un objectif défensif, car nous étions trop dépendants de notre prestataire pour les évolutions. Mais nous avions aussi pour ambition de moderniser l'outillage, car nous arrivions aux limites de notre solution en termes de performances. Toute création d'un nouveau compte passait par la suppression d'un autre », souligne Moez Beltaief. Au passage, ce dernier envisage également le projet comme le début d'une consolidation des outils financiers sur la solution cloud, par exemple pour les fonctions de préparation du budget.

Piloter l'activité via de nouvelles dimensions

Reste alors, pour le responsable, à convaincre la direction de Bolloré Logistics, alors toujours indépendant, du bien-fondé de l'investissement, qui se décompose en coûts d'abonnement mais aussi en dépenses d'intégration et de développement. D'autant que le projet est contesté en interne, en raison de réticences à passer dans le cloud, en particulier quand ce dernier émane d'un acteur américain. L'équipe de Moez Beltaief bénéficie toutefois du soutien de la direction financière, intéressée par les capacités qu'offre l'outil pour piloter l'activité selon de nouvelles dimensions. « En particulier, nous voulions suivre l'activité par types de produits ce qui était impossible sans tout remettre en cause », souligne le responsable. Un argument qui finit de faire pencher la balance en faveur du projet. Une enveloppe de 1,5 M€ est débloquée (800 000 euros pour l'abonnement à la solution sur 3 ans, 700 000 euros de développement et intégration).

Une équipe mobilisée par la vente des activités africaines

Si le projet semble alors sur les rails, plusieurs évènements touchant l'entreprise dans son ensemble viennent en questionner de nouveau la pertinence. Fin 2022, la société cède ses activités logistiques en Afrique à MSC (Mediterranean Shipping Company), au moment même de la validation de la demande d'investissement. Et, en perspective, l'hypothèse d'une cession du reste des activités à CMA-CGM est déjà évoquée. « Le projet a été très challengé à plusieurs reprises à cause d'évènements extérieurs à l'équipe financière, qui sont venus perturber l'avancement du projet », résume Moez Beltaief. Mais l'insistance de l'équipe finit par payer : en mars 2023, le projet démarre, suivi par l'arrivée de l'intégrateur Klee Group un mois plus tard, en même temps que se précisent les tractations avec CMA-CGM pour la cession de Bolloré Logistics à la filiale du transporteur maritime, Ceva Logistics.

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Amy Hui Tang, adjointe de Moez Beltaief en matière d'outils financiers : « la reprise de données a soulevé quelques complexités. Nous avions un cube de 5 dimensions à migrer vers un environnement en comptant 11, avec des changements de règles de gestion ». (Photo : D.R.)

Ces événements affectant la vie de l'entreprise n'en ont pas moins un impact sur le projet. « Nous étions très sollicités par ces évènements extérieurs et par la préparation du budget », se souvient Amy Hui Tang, adjointe de Moez Beltaief en matière d'outils financiers. Cette dernière ne pouvait alors consacrer guère plus d'une demi-journée par semaine au projet. En recette en novembre, la première version suscite d'ailleurs une réaction pour le moins mitigée chez Amy Hui Tang : « l'interface me semblait basique, une certaine ergonomie avait été perdue par rapport à notre solution précédente. » L'équipe de Klee Group retravaille alors sur cette interface pour proposer un compromis acceptable à l'équipe du reporting financier. « Par ailleurs, la reprise de données a soulevé quelques complexités. Nous avions un cube de 5 dimensions à migrer vers un environnement en comptant 11, avec des changements de règles de gestion », commente Amy Hui Tang.

Davantage de granularité dans les analyses

Des difficultés aplanies depuis, selon l'équipe en charge du projet. « Aujourd'hui, la performance est réellement au rendez-vous, au niveau de celles du moteur Essbase tout en nous délestant des tâches de maintenance », commente Amy Hui Tang. « Malgré les 11 dimensions, les scripts s'exécutent de façon satisfaisante, avec des temps de traitement corrects. Et nous n'avons plus de limite en matière de création de comptes. » Selon elle, le passage à EPM a grandement simplifié l'administration des applications, en matière de surveillance des traitements ou de gestion des erreurs par exemple. Le projet amène surtout aux utilisateurs une granularité dans l'analyse, capacités jusque-là inaccessibles. Y compris pour les filiales. Au total, plus de 250 personnes exploitent désormais la solution.


Moez Beltaief, ancien directeur du reporting et du contrôle financier de Bolloré Logistics, qui pilote trois pôles au sein du périmètre repris par Ceva Logistics : le reporting, le contrôle de gestion sur le volet social et l'administration des outils financiers. (Photo : D.R.)

Dès sa mise en production, l'outil est sollicité dans le cadre du rachat par Ceva. La direction du groupe souhaite en effet disposer des nouveaux reportings par type de produits dans un délai plus court que celui prévu initialement, raccourcissant les délais de développement et de tests. Le projet passe alors en mode urgence. Alors que l'équipe entendait, dans un premier temps, mettre le système en production en avril ou mai 2024, les délais sont finalement raccourcis d'un à deux mois, pour se caler sur le calendrier du rapprochement des deux groupes, dont le chiffre d'affaires cumulé devrait se situer aux environs de 25 Md€. « Ce n'était pas les conditions optimales de démarrage, souligne le responsable. Nous avons passé un certain nombre d'éléments en production directement, sans tests préalables. »

Intégration à l'outil de consolidation de Ceva Logistics

Par ailleurs, l'intégration à Ceva Logistics pose désormais la question de la convergence des outils entre deux groupes réalisant chacun plusieurs milliards de chiffre d'affaires avant leur fusion. Si l'hypothèse d'une migration vers l'outil de consolidation utilisé par Ceva est posée d'emblée, l'option est rapidement écartée du fait des interfaces et outils satellites gravitant autour de la principale application financière de l'ex-Bolloré Logistics. Une solution plus immédiate - basée sur une interface - est alors privilégiée, passant par le développement de cette dernière. « En 6 mois, nous avons mis en production quatre versions d'EPM, la dernière étant capable de transférer l'intégralité des états financiers (CR et BS) à l'outil de consolidation du groupe », indique Alain Mathon, le responsable du projet chez l'intégrateur Klee Group.

La fusion avec Ceva Logistics se traduit aussi par une révision des ambitions de départ, notamment concernant l'extension de la solution à la gestion des budgets. L'objectif désormais ? Bâtir une solution unique pour les équipes de l'ex-Bolloré Logistics et celles de Ceva Logistics, ce qui passe par le lancement d'un nouveau projet. « L'intégration va nous pousser à revoir notre planning, dit Moez Beltaief. Nous avons pour objectif d'être prêts pour le prochain budget, ce qui est très ambitieux, car cela signifie que l'outil doit être disponible au mois d'août prochain. »

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