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Acheter du cloud, c'est acheter une prestation avec une grande complexité contractuelle

Acheter du cloud, c'est acheter une prestation avec une grande complexité contractuelle
Maxime Genestier, membre de la CDAF, lors de la Matinée Stratégique « Cloud : de l'achat à la mise en oeuvre » le 5 février 2015 - Photo : Bruno Lévy
Retrouvez cet article dans le CIO FOCUS n°94 !
Cloud : de l'achat à la mise en oeuvre

Cloud : de l'achat à la mise en oeuvre

Si le cloud est devenu une réalité quotidienne dans les entreprises, sa généralisation entraîne de nouvelles problématiques. Tout ne peut pas être externalisé, les besoins en matière de niveaux de service peuvent varier et l'administration des multiples clouds déployés doit être industrialisée....

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CIO a organisé une conférence « Cloud : de l'achat à la mise en oeuvre » le 5 février 2015. La problématique de l'achat dans le secteur privé a été explicitée par Maxime Genestier, Directeur des achats informatiques groupe Crédit Agricole, délégué par la CDAF (Compagnie des Dirigeants et Acheteurs de France).

PublicitéLa CDAF (Compagnie des Dirigeants et Acheteurs de France) est le principal club professionnel des directeurs des achats. 250 milliards d'euros de matériels et de prestations de tous types sont achetés chaque année par les 2000 entreprises de tous les secteurs membres de cette association qui fête cette année ses 70 ans. « J'interviens en fin de matinée mais cela ne signifie pas que les acheteurs doivent intervenir en fin de processus » a plaisanté Maxime Genestier, Directeur des achats informatiques du groupe Crédit Agricole, délégué par la CDAF, en commençant son témoignage sur la Matinée Stratégique « Cloud : de l'achat à la mise en oeuvre » organisée à Paris par CIO le 5 février 2015.
Comme le rapporte l'enquête menée par CIO, les acheteurs sont davantage sollicités que les DSI pour les achats de cloud computing. L'achat d'un SaaS voulu par le métier, notamment, est plus volontiers soumis aux règles des acheteurs qu'à celles de la DSI. « Fondamentalement, acheter du cloud est de l'achat de prestation » constate Maxime Genestier.

La complexité contractuelle comme principale particularité

Mais l'acheteur n'a pas vocation à court-circuiter la DSI, bien au contraire. « Nous pouvons être des passeurs entre les métiers et les DSI » insiste-t-il. Il s'agit ainsi d'accorder les besoins des métiers et les problématiques des informaticiens, ce qui commence par une formulation explicite des deux termes. A cela s'ajoute la nécessité de s'appuyer sur une autre expertise, celle des juristes. Maxime Genestier soupire : « dans la plupart des grands groupes, la Loi de Pareto s'applique, 80% des achats étant réalisés auprès de 20% des fournisseurs, parfois avec des clauses contractuelles de plus en plus complexes et peu négociables comme l'a rappelé Olivier de Courcel. » L'aspect contractuel du cloud est peut-être sa principale originalité par rapport à d'autres types d'achats de prestations.
Les contrats en matière de cloud sont d'une telle complexité que, bien souvent, acheteurs comme juristes (voire les DSI) n'y comprennent pas grand'chose. Pour Maxime Genestier, il est essentiel de, tout d'abord, comprendre les tenants et les aboutissants avant de choisir une solution. Ce principe de bon sens est aussi une bonne pratique d'achat. Et cela peut aller en sens contraire des achats d'impulsion de telle ou telle direction métier séduite par un SaaS. Ce shadow IT est contraire aux bonnes pratiques SI mais aussi aux bonnes pratiques achats.
Typiquement, les contrats non-négociables de Google, Microsoft ou autres grands acteurs du cloud ont de quoi énerver les acheteurs. « A l'heure actuelle, il n'est pas pas prévu que nous ayons recours à ces acteurs pour lesquels on fait trop de publicité » tranche le directeur des achats informatiques du groupe Crédit Agricole. Mais il admet que ces grands acteurs « établissent de nouveaux standards de prix, pas forcément si intéressants que cela lorsque l'on regarde dans les détails ».

PublicitéEviter de tomber de Charybde en Scylla

Malgré tout, le recours à une certaine externalisation est porteuse de gains tant en agilité qu'en coûts réduits. Selon Maxime Genestier, « n'avoir le choix qu'entre le tout interne et le cloud version grands acteurs américains c'est ne disposer que d'un choix entre Charybde et Scylla. » Les grands opérateurs peuvent donc être utilisés comme références en matière de prix et de rapidité d'évolution.
Cette rapidité d'évolution est une nécessité, même pour des entreprises traditionnelles et traditionalistes comme les banques. « Il y a quelques années, encore 50% de nos clients passaient au guichet, aujourd'hui moins de 20% le fond et nous devons donc nous adapter aux changements de comportements des clients » relève Maxime Genestier. Cette évolution est fondamentale et elle est porteuse de valeur pour qui sait l'utiliser mais elle est aussi une menace pour qui ne parvient pas à s'adapter, une menace susceptible d'entraîner la perte même des plus grands. Maxime Genestier a ainsi pris l'exemple d'une toute petite banque australienne qui, en cinq ans, est passé du statut d'acteur traditionnel marginal à celui de banque de référence la plus attractive pour les clients, cela en se transformant et en misant sur le numérique.

Choisir le bon cloud

Si la transformation numérique des entreprises, même des banques, peut s'appuyer sur du cloud, il reste toujours la question du comment choisir le bon prestataire cloud. Un certain nombre de critères comme ceux mentionnés jusqu'ici permettent d'éliminer certaines solutions. « Le premier critère est celui du choix » assène Maxime Genestier pour qui un achat de prestation ne doit pas s'envisager sans comparer au minimum deux ou trois fournisseurs pouvant répondre au même besoin.
Il peut en effet exister des écarts considérables de prix ou de qualité entre deux fournisseurs donnés sur un même type de prestation. Ensuite, la réversibilité permet de pouvoir changer de choix au bout d'un certain temps, y compris en réinternalisant ce qui a été externalisé. Enfin, le prix et le coût total de possession sont et demeurent les rois des arguments. Pour estimer convenablement ce coût total de possession, l'alliance des compétences de la DSI, de la direction juridique et de la direction des achats n'est pas de trop. « Sur une année, le recours à tel cloud peut être très intéressant mais son coût total de possession être le rendre moins pertinent que d'autres solutions au bout, par exemple, de trois ou cinq ans » rappelle le délégué de la CDAF.

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