Carrefour migre dans le cloud sans rupture et en délais courts


Construire un SI efficient pour le business
Si le système d'information est au service de l'entreprise, il faut aussi qu'il soit capable de répondre à toutes les attentes des métiers, y compris en termes d'agilité et de coûts. Cela peut passer par une adoption de méthodologies (design thinking, méthodes de développement agile...) mais aussi...
DécouvrirEn s'appuyant sur des technologies NetApp, Carrefour bascule du on premise au cloud, essentiellement de Google, pour éteindre ses datacenters.
PublicitéDans le cadre du plan de transformation Carrefour 2022, le groupe de distribution mène depuis 2018 un vaste plan de migration vers le cloud public, en l'occurrence essentiellement Google Cloud Platform avec quelques compléments chez Microsoft Azure (comme la bureautique collaborative). « Notre PDG a demandé à ce que nous soyons 100 % cloud en 2026 » a mentionné François-Xavier Delmaire, directeur du build to cloud de Carrefour. Il a témoigné à l'invitation de NetApp. Notons que l'informatique décentralisée présente en magasin (comme le système de caisse) n'est pas (du moins pour l'heure) concernée par cette approche 100 % cloud car sa résilience sans aucune rupture, même en cas de coupure réseau, est vitale.
Historiquement acteur de la grande distribution multi-format physique au travers de 13 000 magasins dans plus de 30 pays, le groupe Carrefour a réalisé un chiffre d'affaires de 78,6 milliards d'euros en 2020 grâce à ses 320 000 collaborateurs. Comme toutes les principales entreprises de son secteur, Carrefour a bien sûr adopté une approche multicanale avec des applications mobiles et des sites web e-commerce. La crise sanitaire a eu un fort impact sur le secteur et la place respective des différents canaux est aujourd'hui une vaste question stratégique pour tous les distributeurs en lien avec l'évolution des pratiques des consommateurs. Face à la situation actuelle et ses incertitudes, la migration cloud a, chez Carrefour comme dans d'autres entreprises, des objectifs classiques : plus de flexibilité, plus de robustesse et moins de coûts.
« Eteindre la lumière », datacenter par datacenter
Initialement, Carrefour avait des datacenters un peu partout dans le monde. La migration cloud a démarré en 2018. En 2021, sept pays sont impactés : la France, l'Espagne, la Belgique, la Pologne, la Roumanie, Taïwan et le Brésil. Et un gros sujet est la sortie du datacenter groupe dit « international datacenter » (IDC). 2021 a ainsi été une année importante avec 385 applications migrées, 1232 magasins connectés au cloud, 1924 serveurs démontés... et aucune rupture de service. François-Xavier Delmaire a indiqué : nous procédons datacenter par datacenter pour pouvoir 'éteindre la lumière' et éviter les renouvellements de contrats (en particulier cette année pour l'IDC). » Le coût d'un datacenter ne varie pas beaucoup, qu'il soit exploité à 10 % ou à 100 %, d'où l'importance de les fermer totalement. Certaines migrations sont ainsi accélérées pour des raisons de calendrier contractuel, d'autres repoussées car il n'y a pas d'urgence d'échéance.
La migration cloud est aussi l'occasion d'une réorganisation globale de la DSI, impliquant un gros chantier en matière de ressources humaines. Au lieu de silos techniques ou métiers, Carrefour a basculé sur une règle « you build it, you run it » [« tu le construis, tu le fais tourner »], impliquant beaucoup de formations. « Pour certains, il y avait une crainte liée à la bascule vers le cloud, 'on vient de voler mon travail', et il a donc fallu accompagner et former les collaborateurs pour qu'ils tiennent leurs nouveaux rôles » a confié François-Xavier Delmaire. 171 collaborateurs ont été directement impactés en 2021.
PublicitéLe FinOps, pour éviter les dérives
Autre gros sujet quand on bascule vers le cloud : l'argent. Adopter le cloud pour réduire les coûts est habituel mais ce n'est ni si simple ni si automatique. Premier danger : la facilité à mobiliser des ressources à la demande. Plus on mobilise de ressources, plus la facture monte, bien entendu. François-Xavier Delmaire a confirmé : « il est trop facile de consommer et il est donc important de contrôler. » Dès 2019, Carrefour a donc mis en place un département FinOps. Deuxième danger, notamment lorsque l'on se contente de transférer des applications : ne pas optimiser en tirant partie des avantages propres au cloud, par exemple en éteignant les machines virtuelles inutilisées à un instant t. « Si l'on n'optimise pas, il n'y a pas de gain » a tranché François-Xavier Delmaire.
Chez Carrefour, l'optimisation a permis des économies de l'ordre de 10 % sur les coûts d'infrastructure. Un deuxième facteur d'économie important, c'est bien sûr la réduction d'une part des tâches de gestion d'infrastructures et, d'autre part, de la quantité d'infogérance. Mais sur ces points, Carrefour ne souhaite pas communiquer de chiffre. En 2021, le périmètre applicatif impacté a été particulièrement important : back-office magasins (logistique...), applications métiers, marketing, finances, ressources humaines... « Pas un secteur a évité d'être impacté » a reconnu François-Xavier Delmaire.
Une migration volumineuse mais en douceur
Deux types de migrations sont opérés chez Carrefour. La première est du lift & shift simple, en passant d'un environnement VMware local à un environnement VMware chez Google (en conservant les adresses IP) ou en transférant un environnement d'applicatifs virtualisés en environnement Citrix. Dans d'autres cas, il y a une reconstruction plus ou moins complète. François-Xavier Delmaire a raconté : « pour accélérer la sortie de l'IDC afin de ne pas avoir à renouveler certains contrats, nous avons fait du lift & shift. Pour d'autres datacenters où il y a moins de contraintes de temps, nous migrons directement vers la cible avec un véritable full cloud. »
Le délai entre le démarrage du projet et la mise en production a été de quatre mois. Ce délai particulièrement court a été rendu possible par l'usage des baies NetApp. Google Cloud Platform offre en effet un service natif NetApp qui propose les mêmes outils de déduplication, compression, administration, etc. Les baies locales NetApp ont ainsi été connectées aux baies virtuelles chez Google et les données déplacées par simple réplication, sans aucune rupture de service. « La console centralisée a permis une grande rapidité et une grande facilité de migration » s'est réjoui François-Xavier Delmaire. D'un point de vue administration, les ressources dans le cloud sont clairement intégrées à l'infrastructure Carrefour, y compris les comptes de services.
Un transfert de données au fil de l'eau
Le transfert des données s'est donc réalisé au fil de l'eau Plus de 200 To ont été transférés à Francfort, lieu du datacenter de la zone Europe de Google Cloud Platform, via un simple lien dédié 1 Go/s. Et cela a été suffisant pour tenir les délais et fermer le datacenter groupe avant l'échéance contractuelle. Après la fermeture des datacenters infogérés chez OVH et Accenture en 2019, la réduction de l'empreinte IBM en 2020 et les grandes migrations de 2021, 2022 verra le commencement de migrations plus délicates sur le plan technique avec des environnements AS/400 et mainframe.
Google Cloud Platform propose actuellement des environnements AS/400 mais, pour l'instant, uniquement dans sa zone Etats-Unis même si l'extension de l'offre sur la zone Europe est promise. « Nous allons sans doute faire le PoC sur la zone Etats-Unis mais nous attendrons probablement la disponibilité sur la zone Europe pour un vrai déploiement » a pronostiqué François-Xavier Delmaire. Quant à la migration de l'environnement mainframe, plusieurs hypothèses sont actuellement en cours d'étude.
Article rédigé par

Bertrand Lemaire, Rédacteur en chef de CIO
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