Bruno Garguet-Duport (CoTer Club) : « nous devons optimiser les ressources, notamment grâce à la mutualisation »

Président du CoTer Club (Club des DSI de Collectivités Territoriales), Bruno Garguet-Duport fait le point sur l'actualité des problématiques SI dans les collectivités territoriales. Outre les effets de la réforme territoriale (avec ses mutualisations), la sécurité, la dématérialisation et le cloud sont des sujets de préoccupation particuliers.
PublicitéCIO : Qu'est-ce que le CoTer Club ?
Bruno Garguet-Duport : Le CoTer Club est une association de collectivités territoriales créée il y a 28 ans. L'idée de départ, qui reste inchangée, était de partager les problèmes que nous avions l'habitude de rencontrer. Nous avons environ 150 membres répartis dans toute la France, et appartenant à différentes collectivités : villes, conseils généraux, conseils régionaux, intercommunalités, etc. Nous échangeons sur nos pratiques mais aussi sur les solutions des fournisseurs informatiques et télécoms.
Les membres doivent s'acquitter d'une cotisation variable en fonction de la taille de la structure. Elle est inférieure à 500 euros par an : 160 euros pour les collectivités de moins de 20.000 habitants, 320 pour celles de 20.000 à 60.000 habitants et 480 euros pour les collectivités de plus de 60.000 habitants.
Nous organisons un événement majeur par an, notre Congrès Annuel, deux jours au mois de Juin. En 2017, il aura lieu à Besançon les 7 et 8 juin sur le thème de la « défiance ou confiance numérique » . Nos Congrès sont ouverts à nos adhérents ainsi qu'à tout DSI de collectivités territoriales. Chaque année le Congrès a lieu dans une ville différente, et est en relation avec l'actualité. A titre d'exemple l'année dernière le thème du congrès qui s'est déroulé à Mandelieu était « Numériquement NOTRe » [En référence à la loi NOTRe, NDLR]. Il réunit annuellement environ 450 participants.
Assez classiquement, il comporte des plénières autour du thème principal du congrès, des stands pour les partenaires regroupés dans un espace d'exposition (57 l'année dernière), des ateliers techniques de fournisseurs et des ateliers de retours d'expériences animés par des collectivités. Ce congrès est devenu au fil du temps un événement incontournable pour nos membres et nos partenaires : l'an dernier, les stands ont tous été vendus en deux heures ! Mais nous ne voulons pas trop accroître la taille pour conserver un équilibre entre le nombre de partenaires et celui de DSI faisant le déplacement et, ainsi, garder la convivialité qui fait partie de l'ADN du Coter-Club.
CIO : Et au fil de l'année ?
Bruno Garguet-Duport : A la suite du congrès nous faisons en septembre un bilan avec les fournisseurs et nous définissons ensemble les thématiques de l'année suivante. Ensuite au fil de l'année, avec un rythme mensuel nous organisons des groupes de travail où les fournisseurs viennent faire des présentations en relation avec les thématiques retenues. Ils présentent leur solution en 20 mn, accompagnés d'une collectivité dans laquelle ils ont mis en oeuvre la solution proposée. Les membres du conseil d'administration présents à la réunion notent ces présentations, les meilleures sont retenues pour le Congrès.
Pour nous il est important que notre public de DSI puisse échanger avec ses pairs sur les difficultés rencontrées, pour mettre en évidence les facteurs clés de réussite et se prononcer sur les solutions proposées.
Cette année les réunions des groupes de travail se déroulent à l'hôtel de ville de Saint-Germain-en-Laye mais aussi en province. Ainsi une réunion aura lieu à Lyon et une autre à Troyes. En allant en province, nous cherchons à toucher un public de DSI local qui n'a pas toujours la possibilité de se déplacer sur Paris. Ces réunions regroupent une cinquantaine de participants, DSI de collectivités et partenaires.
PublicitéCIO : Apportez-vous d'autres services à vos membres ?
Bruno Garguet-Duport : Tout à fait. En plus des échanges entre pairs, nos membres peuvent profiter d'études juridiques menées pour le CoTer Club. Dans le cadre de partenariats, nous partageons également des sources d'informations et notamment des études, parfois dédiées, à tarif préférentiel.
En revanche, nous n'éditons plus de livres blancs en raison de l'accélération des évolutions qui les rend trop rapidement caducs. De façon générale, sur le plan relationnel, nous essayons de créer un climat convivial pour faciliter les échanges et la production d'idées neuves.
CIO : Vous êtes devenu président au dernier congrès. Quelle est votre ambition pour l'association ?
Bruno Garguet-Duport : Le CoTer Club a été créé il y a maintenant 28 ans par Guy Schmitt et Hervé Rathat, deux DSI « visionnaires » qui ont très tôt compris l'intérêt d'échanger et de confronter les expériences de chacun au bénéfice de tous. Par la suite, sous les Présidences successives de Daniel Rigault et d'Yvonne Gellon, le CoTer Club s'est progressivement développé pour devenir aujourd'hui un forum incontournable et auprès duquel de nombreux fournisseurs veulent être présents. Malheureusement, nous ne pouvons répondre favorablement à toute les demandes.
Le nouveau bureau, élu en juin dernier, souhaite développer ses outils de communication et augmenter sa présence auprès de ses membres. La délocalisation de certaines de nos réunions de groupes de travail en province en est une première illustration. D'autre part, nous souhaitons aussi développer nos partenariats avec d'autres acteurs du domaine de l'IT afin d'améliorer notre visibilité et aussi notre influence. Dans ce cadre un premier partenariat est engagé avec la société DG Consultant (organisateur su Salon des « Assises de la Sécurité », événement incontournable de ce domaine) dans le cadre du salon « ROOMn », dédié à la mobilité qui aura lieu en mars 2017.
CIO : Pour les DSI de collectivités territoriales, quels sont les grands sujets en ce moment ?
Bruno Garguet-Duport : En premier lieu, bien sûr, les regroupements de collectivités et la mutualisation induite (conséquence de la loi NOTRe). Face à la réduction des dotations de l'Etat et dans un contexte où la demande de services locaux est toujours croissante, la rationalisation des moyens s'impose à toutes les collectivités. Dans ce contexte l'adaptation des systèmes d'information constitue un axe d'amélioration de la productivité et de l'efficience auquel nous devons répondre.
Ensuite, la réglementation, comme par exemple le règlement général européen sur la protection des données (RGPD), applicable à compter de mai 2018, qui redéfinit le régime de protection des données avec des changements importants pour les organismes publics en renforçant les droits des citoyens. Dans ce cadre les DSI se doivent d'anticiper cette démarche de conformité afin de permettre de lisser les coûts organisationnels et les investissements qui vont être nécessaires à cette mise en place.
La sécurité des systèmes d'information est aussi un enjeu majeur. Les systèmes d'information font partie intégrante du fonctionnement des administrations publiques et du mode de vie des citoyens. Les services qu'ils assurent aujourd'hui nous sont tout autant indispensables que l'approvisionnement en eau ou en électricité. A ce titre les DSI sont les garants de la sécurité et de l'intégrité des systèmes. Cela nécessite la mise en place d'une véritable politique de sécurité qui engendre des coûts indispensables mais pas toujours faciles à faire passer dans le contexte actuel de raréfaction de la ressource. Mais, dans ce cadre, l'énorme travail de sensibilisation et de formation effectué ces dernières années par des organismes comme l'ANSSI ou la CNIL est pour nous une aide précieuse.
Enfin, un gros sujet est évidemment l'archivage et la dématérialisation. J'inclus dans ce thème le déploiement de Chorus Pro pour la facturation. Sur ces sujets les petites collectivités se trouvent démunies et se tournent naturellement vers les intercommunalités, ce qui nous ramène au premier sujet de préoccupation mentionné ci-avant : la mutualisation.
CIO : Et les fusions de régions ?
Bruno Garguet-Duport : C'est un sujet d'actualité. La fusion des régions intervient dans un contexte encore incertain, et constitue un défi pour les politiques publiques et leur mise en oeuvre, mais également dans le domaine organisationnel et humain. Dans ce cadre la fusion des systèmes d'informations constitue un enjeu primordial avec pour objectif la rationalisation des coûts et le renforcement de l'efficience des service rendus.
CIO : Le cloud est-il envisagé ?
Bruno Garguet-Duport : C'est un sujet très large sur lequel nous travaillons, bien sûr. Au sein d'un EPCI [Etablissements Publics de Coopération Intercommunale, ensemble de toutes les formes de regroupements de communes, NDLR], avoir recours à un « cloud privé » permettant d'offrir un bouquet de services aux communes membres, comme l'hébergement d'applications métiers, la fourniture de machines virtuelles ou de stockage est une option technique qui a du sens dans le cadre de la mutualisation des moyens que l'on nous demande de faire. Mais, par contre, le recours à un « cloud public » est beaucoup plus compliqué pour les administrations. En effet ces dernières sont soumises à de forte contraintes réglementaires comme par exemple le recours obligatoire à un « cloud souverain ».
Article rédigé par

Bertrand Lemaire, Rédacteur en chef de CIO
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