Tribunes

Bilan carbone : pourquoi le secteur public tâtonne encore

Bilan carbone : pourquoi le secteur public tâtonne encore
Rémi Letemple, Senior Research Analyst pour le cabinet IDC : « optimiser sa consommation énergétique, grâce à des jeux de données existants, apparaît comme un cas d'usage à fort ROI et à fort potentiel de communication ».

Dans le secteur public, le manque de moyens et la dilution des responsabilités freinent la réalisation de bilans carbone actualisés régulièrement. Pourquoi ne pas regarder vers des cas d'usage à fort ROI pour justifier l'investissement dans la gestion des données environnementales ?

PublicitéCela fait maintenant 5 ans qu'IDC a dédié une partie de sa recherche au GreenIT (comment rendre l'IT plus vertueux) ainsi qu'à l'IT for Green (quel rôle pour la technologie dans la transition écologique). En 5 ans, nous avons vu un grand nombre de bonnes pratiques émerger, des démarches se professionnaliser, avec un peu de greenwashing au milieu de tout cela, mais de vrais débats se sont imposés au milieu du paysage.

De la complexité de mesurer ses émissions

Et puis, il y a un an, nous avons décidé de comprendre comment les institutions publiques mesuraient leurs émissions et se prêtaient à l'exercice du bilan carbone. Très vite, nous avons compris que l'objet de notre démarche allait finalement tenir en deux questions : pourquoi si peu d'établissements publics et de collectivités réalisent-ils leur bilan carbone ? Et comment cela fonctionne-t-il chez ceux qui le réalisent ?

En effet, selon le site du Monde et des sources de l'Ademe, moins d'un quart des collectivités avait réalisé l'exercice en 2021, alors que la loi le rendant obligatoire date, elle, de 2012. Après plusieurs entretiens avec des collectivités, de premiers éléments semblent évidents : entre une région, un département, une métropole et une ville... qui réalise quoi ? Et avec quels moyens ?

Les bons élèves avec qui nous avons pu échanger étaient du reste pessimistes quant à la mise à jour de leur bilan puisque la personne en charge (souvent de passage) n'était plus présente et, surtout, parce que les informations collectées dépendaient de la bonne volonté des responsables de service et de leur disposition à compléter un fichier Excel souvent bien lourd. Quand le bilan était réalisé par un tiers, disposer de données comparables d'une année sur l'autre avec des niveaux de granularité équivalents relève donc de l'exploit.

L'IA avec parcimonie

De fait, plusieurs axes de progression existent : repenser l'organisation avec de vrais leaders RSE (ou toute autre dénomination) ayant une influence sur les décisions, mais surtout promouvoir une gestion de la donnée plus uniforme, ainsi que des outils d'automatisation mis à disposition de ces équipes.

Selon IDC, les organisations publiques entendent limiter leurs coûts organisationnels au niveau de l'IT et cherchent par ailleurs des cas d'usage permettant de justifier l'investissement massif dans des solutions de traitement de données. Optimiser sa consommation énergétique, grâce à des jeux de données déjà détenus en interne, apparaît précisément comme un cas d'usage à fort ROI et à fort potentiel de communication !

PublicitéEnfin, si l'IA est, pour environ tous les sujets, porteuse d'espoir, il ne faut pas oublier que les enjeux de consommation liés à cette technologie (et donc aux datacenters) sont faramineux. Ainsi, dans une étude IDC datant de décembre 2023, on peut constater que les enjeux RSE régressent fortement dans les priorités d'investissement IT du secteur public. Espérons que cela signifie qu'ils sont désormais pris en compte by design, comme une évidence, et non pas qu'ils sont totalement oubliés.

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