Avec l'usine Symbiose, le groupe Lacroix accélère sur l'industrie 4.0
En septembre 2022, le groupe Lacroix a inauguré sa nouvelle usine d'assemblage électronique, dénommée Symbiose. Cet ambitieux projet d'industrie 4.0, lancé en 2017, illustre la volonté des acteurs français de l'électronique de bâtir une filière tournée vers l'avenir.
PublicitéLe 8 septembre 2022, le groupe Lacroix a officiellement inauguré son usine Symbiose, un nouveau site d'assemblage électronique construit à Beaupréau-en-Mauges (49). Pour ce projet stratégique, l'équipementier a notamment misé sur la technologie et les pratiques de l'industrie 4.0.
« En 2017, lancer un tel projet n'était pas forcément une évidence. La construction d'une usine d'assemblage électronique en France était un pari sur l'avenir », a affirmé Vincent Bedouin, PDG du groupe Lacroix. Face aux enjeux du monde actuel, « nous investissons dans la tech, mais il est tout aussi fondamental d'investir et d'innover dans la fab, pour apporter des réponses aux clients avec ce levier formidable qu'est l'électronique », a-t-il souligné, rappelant à quel point une industrie électronique à la pointe est nécessaire pour relever les défis qui se posent à la société et aux entreprises françaises et européennes, depuis la mobilité jusqu'à la préservation de l'environnement, en passant par la crise actuelle de l'énergie. Qu'il s'agisse de piloter plus intelligemment les flux d'énergie, de déployer l'Internet des objets dans les usines ou les collectivités, de développer l'électrification des véhicules, l'électronique est en effet omniprésente.
Une réindustrialisation portée par les enjeux sociétaux actuels
La filière, autrefois symbole des délocalisations industrielles, a désormais un cap stratégique. Elle doit fournir des composants moins énergivores, plus intelligents et plus connectés, tout en faisant face à des enjeux majeurs, dont la forte dépendance aux marchés extraeuropéens sur les matières premières et les composants, les difficultés d'approvisionnement énergétique ou encore la pénurie de compétences. Dans un tel contexte, il est important de maîtriser non seulement ses coûts, mais aussi toute la chaîne de valeur de la filière, à la fois en amont et en aval, comme l'a souligné Frédérique Le Grevès, présidente du comité stratégique de la filière en France et par ailleurs patronne de STMicroelectronics France, pointant « un enjeu de souveraineté stratégique et économique ». Hormis Symbiose, d'autres projets sont en route sur le territoire français, dont celui de STMicroelectronics et GlobalFoundries, qui construisent une seconde usine à Crolles, près de Grenoble.
Le magasin Exotec de l'usine occupe 650 m3 de stockage.
Pour Lacroix comme pour les autres acteurs de la filière, ce pari est aujourd'hui rendu possible grâce à l'automatisation, qui permet de retrouver des niveaux de productivité compétitifs par rapport à la concurrence, notamment asiatique. Au sein de l'usine Symbiose, cette automatisation prend de multiples visages. Certains sont immédiatement visibles, comme le magasin équipé de sept robots Skypod autonomes d'Exotec, qui ont permis de gagner 33% de productivité par rapport aux anciens magasins et 50% d'espace de stockage supplémentaire grâce aux doubles racks. Un peu plus loin, le système Totec gère de façon entièrement automatisée de petits composants sensibles à l'humidité. Il utilise notamment les rayons X pour compter les composants, stockés sur des bobines. « Auparavant, les opérateurs allaient se servir manuellement. Maintenant, ils commandent les composants depuis leur pc, le système va les chercher et des véhicules à guidage automatique (AGV) livrent les pièces directement à leur poste de travail. Le gain de productivité avec ce système par rapport au précédent est estimé à 60%, selon Éric Meynet, qui a piloté le projet Symbiose. L'usine compte également une ligne haute cadence capable de traiter 100 000 composants par heure afin d'adresser des marchés à grands volumes ou encore divers cobots, chargés d'effectuer des contrôles de qualité et autres manipulations délicates sur les cartes assemblées sur le site.
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Une partie des îlots d'assemblage de Symbiose, avec un écran de monitoring.
Plus discrète, la digitalisation, autre facette de l'industrie 4.0, apporte également des gains de productivité essentiels. « La partie logicielle pour piloter l'usine est énorme », a souligné Vincent Bedouin, évoquant les nouveaux métiers qui accompagnent cette évolution. Un peu partout dans l'usine, des écrans affichent par exemple des indicateurs en temps réel sur la production. En back-office, ce système de monitoring repose sur une architecture complexe, qui relie les capteurs des machines au système de pilotage de la production et à l'ERP SAP, notamment grâce à la plateforme ThingWorx de PTC et un ESB (bus de services d'entreprise) qui redistribue les données. D'autres petites applications déployées à différents points des processus industriels permettent de gagner de précieuses minutes, telle e-Kanban, qui envoie automatiquement un ordre de réapprovisionnement à l'entrepôt quand une boîte est vidée par les opérateurs d'une ligne, exploitant la connexion entre les magasins Exotec et Totec et SAP.
L'usine a aussi été pensée avec une attention particulière au développement durable. Son toit équipé de panneaux photovoltaïques peut fournir environ un tiers de la consommation de l'usine et des ombrières vont également être installées sur le parking. Le chauffage est assuré par des pompes à chaleur et les flux de chaleur et de froid dans les bâtiments sont exploités en fonction des besoins. Ces différentes optimisations ont permis de diminuer les émissions de carbone par mètre carré d'un facteur 2,5 selon Éric Meynet.
Vincent Bedouin et le ministre Roland Lescure, entourés des différents partenaires du projet Symbiose.
Le projet Symbiose a été rendu possible grâce au soutien de tout un écosystème national et local, avec des partenaires comme Bpifrance (qui a notamment financé l'entrepôt Exotec à travers son fonds SPI - sociétés de projets industriels), la région Pays de la Loire ou encore le territoire des Mauges. « Nous avons tenu le planning et le budget, malgré la pandémie de Covid, la crise des composants électroniques et des matières premières », s'est réjoui Vincent Bedouin. « La réindustrialisation est absolument possible », a martelé Nicolas Dufourcq, directeur général de Bpifrance, lors de l'inauguration. « Vous incarnez la capacité d'une filière à se réorienter pour être en phase avec les enjeux d'aujourd'hui et de demain », a salué Roland Lescure, ministre délégué auprès du ministre de l'Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique, chargé de l'Industrie.
Grâce à ses atouts, l'usine vise un chiffre d'affaires de 100 millions d'euros d'ici 2027. Vincent Bedouin se montre confiant, évoquant un carnet de commandes qui n'a jamais été aussi plein, porté notamment par les initiatives RSE, avec de nombreux clients qui cherchent à relocaliser leur production et à réduire leur impact carbone, ainsi que par le développement de l'Internet des Objets (IoT) interentreprises. Quelques chiffres partagés lors de l'événement d'inauguration illustrent la diversité des marchés sur lesquels le groupe est présent. Les composants assemblés par Lacroix sont ainsi utilisés pour le pilotage de 80% des châteaux d'eau. Ils équipent 25% des feux de carrefour en France, 30% des appareils médicaux et 60% des avions commerciaux livrés en 2021.
Article rédigé par
Aurélie Chandeze, Rédactrice en chef adjointe de CIO
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