Après onze ans d'efforts, l'AP-HP a terminé de doter ses 39 hôpitaux d'un dossier patient unique
Depuis une quinzaine d'années, l'AP-HP tente de mettre en oeuvre un dossier patient unique. Celui avec Agfa Healthcare a abouti au bout de onze ans.
PublicitéLe dossier patient est une pierre angulaire des systèmes d'information hospitaliers, où se déversent les résultats issus de tous les autres systèmes, notamment l'imagerie ou les résultats d'examens. Depuis le début des années 2000, l'AP-HP (Assistance Publique - Hôpitaux de Paris) tente de créer un dossier patient unique sur l'ensemble de ses 39 hôpitaux. Après bien des péripéties, c'est enfin chose faite avec le déploiement le 1er octobre 2019 de la solution retenue en 2008, Orbis de Agfa Healthcare, dans le dernier hôpital pas encore équipé, Robert-Debré. Désormais, les soins apportés et les examens pratiqués (y compris l'imagerie) sur chacun des établissements seront bien accessibles dans tous les établissements, évitant les répétitions d'examens et les pertes d'antécédents pathologiques. « Par exemple, pour un patient pris en charge à l'hôpital Trousseau en 2015 qui serait admis aujourd'hui à l'hôpital Cochin, l'équipe médicale en charge de ce patient aura accès à l'intégralité de son dossier » se réjouit l'AP-HP dans son communiqué.
Un premier projet, lancé en 2006 après un important appel d'offres, avait échoué : selon l'AP-HP, le prestataire tête de consortium à l'époque, Thalès, avec la solution DxCare de Medasys, avait échoué à délivrer tant en termes de délais que de fonctionnalités alors que le produit fonctionnait au HEGP (Hôpital Européen Georges Pompidou, Paris Balard). Un deuxième projet avait alors été lancé en 2008 (avec début de mise en oeuvre effective en 2011 dans les trois hôpitaux pilotes), cette fois avec une solution éprouvée en Allemagne, autour de la solution Orbis d'Agfa Healthcare. Au départ, le projet était estimé à cinq ans (2008-2013) et le budget à 94,5 millions d'euros. Mais la mise en place de la solution allemande avait nécessité des adaptations : les process et les rôles changent selon la rive du Rhin.
Des chiffres qui donnent le vertige
En 2017, nous avions rencontré Laurent Treluyer, DSI de l'AP-HP, qui admettait un niveau de dépenses de 130 millions d'euros, dont 25 en licences. Les chiffres donnent, il est vrai, le vertige : 10 % de la population française concernés (la région parisienne), 80 000 utilisateurs dans 567 services, 160 prestataires impliqués dans le déploiement... « Le plus gros dossier patient unifié au monde », selon les propos de Laurent Treluyer, ne dépassait pas les standards de coûts tels que constatés dans des projets d'une envergure proche aux Etats-Unis.
Le communiqué de victoire de l'AP-HP a affiné les estimations de l'époque avec 70 000 utilisateurs (75 000 selon le communiqué d'Agfa Healthcare) de 10 millions de dossiers patients avec au moins cinq ans d'antériorité et, en tout, de près de 26 millions de dossiers, « le plus important dossier patient informatisé européen ». 314 millions de résultats de laboratoire, 21 millions de diagnostics, 36 millions de documents, jusqu'à 13 500 utilisateurs simultanés... Les chiffres demeurent impressionnants. Les données médicales alimentent, de plus, un entrepôt de données base de 60 projets de recherche.
Article rédigé par
Bertrand Lemaire, Rédacteur en chef de CIO
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