Stratégie

Applicatifs métiers : l'indispensable modernisation

Applicatifs métiers : l'indispensable modernisation
De gauche à droite : Jacques Cheminat (rédacteur en chef adjoint du Monde Informatique), Bertrand Lemaire (rédacteur en chef de CIO) et Aurélie Chandeze (rédactrice en chef adjointe de CIO).

Le 26 janvier 2021, CIO a diffusé une webconférence « Applicatifs métiers : l'indispensable modernisation » en partenariat avec Apptio, Boomi, Cloudreach, Darktrace, Mega, Rimini Street et Sage.

PublicitéA la fois boulet et socle, le Legacy reste un soucis majeur pour les DSI. Mais l'heure de le remplacer ou de le faire évoluer, notamment en migrant ses fonctions dans le cloud, est venue. Ce sujet a été au coeur de la CIO.Expériences du 26 janvier 2021. Cette webconférence a été organisée par CIO en partenariat avec Apptio, Boomi, Cloudreach, Darktrace, Mega, Rimini Street et Sage. Elle a permis d'écouter les témoignages de, dans l'ordre, Sébastien Huet (CTO de Rémy-Cointreau), Louis Goffaux (Directeur des Systèmes d'Information de Labeyrie), le Grand Témoin de la matinée Eric Daguet (DSI de La Mutuelle Générale), Nicolas Bismuth (Responsable MOA Finance / Directeur Projet Opera chez SNCF Logistics) et Nicolas Galliot (DSI de la Fondation Mérieux). En partenariat avec MyFrenchStartUp, Philippe Vanderstigel a, pour finir, présenté Rocketchart, une solution de gestion de trésorerie dans le cloud. Le replay intégral de la webconférence est disponible ici.

La Rédaction de CIO a également présenté les principaux résultats de l'étude CIO, désormais en téléchargement gratuit, « Quelles stratégies de modernisation pour les applicatifs métiers ? ». Le recours au Cloud n'apparaît pas comme une réponse universelle aux enjeux de modernisation du socle applicatif. Plusieurs stratégies coexistent, de la montée de version majeure à la simple adaptation des infrastructures en passant par des réécritures ou des remplacements. Le recours au RPA peut être une solution pour améliorer le Legacy mais le Low/No code, par contre, ne semble guère séduisant. Après les difficultés de 2020, de nombreux projets ne peuvent plus être décalés et devront être menés dès 2021.


« Allier ERP et technologies innovantes exploitées dans le Cloud » a incité Céline Bayle, Directrice Marketing Produit chez Sage.

Pour commencer, si les entreprises doivent se transformer et transformer leur IT, il ne faut pas tout jeter pour autant. Dans une situation de crise sanitaire marquée par l'incertitude, un ERP peut donner des gages de sérénité. « Sage accompagne deux millions d'entreprises dans le monde et une entreprise sur deux en France » a rappelé Céline Bayle, Directrice Marketing Produit chez Sage. Elle a ajouté : « le rôle d'un éditeur tel que Sage, c'est de donner une colonne vertébrale aux entreprises, de leur permettre de survivre, notamment dans la crise actuelle mais aussi ultérieurement. »
Une telle colonne vertébrale permet certes d'assurer la résilience mais il ne faudrait pas croire que, pour autant, un ERP, même au sens traditionnel, ne soit pas innovant ou support d'innovation. Par exemple, on peut associer à l'ERP des données issues d'objets connectés (notamment pour aider au pilotage de l'activité, être alerté avant les incidents) ou bien recourir à de la RPA pour accroître l'automatisation des tâches avec peu de valeur ajoutée. Il faut bien deux jambes : la pérennité grâce à la colonne vertébrale mais aussi l'innovation, la liaison étant pour beaucoup assurée par les données. Céline Bayle a raconté de nombreux exemples d'entreprises accompagnées par Sage qui ont su relever de défi de marcher sur leurs deux jambes.

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Comment « Implémenter la culture DevOps dans un environnement applicatif hétérogène ? » a été expliqué par Thomas Linck, Principal Cloud Architect Lead (à droite), et Rachid Mahfoufi, Senior Sales Executive (à gauche), de Cloudreach.

Bien entendu, l'évolution du SI et l'innovation supposent de nombreux développements par-dessus cette colonne vertébrale. Et c'est là que le DevOps intervient pour assurer l'intégration agile des nouveautés à l'existant en assurant l'efficience de la mise en production. Mais comment organiser l'entreprise avec DevOps ? « Avant DevOps, il y avait les développeurs d'un côté, les opérations de l'autre mais, en plus, les développeurs étaient en petites équipes qui poursuivaient chacune leur petit bonhomme de chemin » a rappelé Thomas Linck, Principal Cloud Architect Lead de Cloudreach. Mais cette manière de faire est incompatible avec les nouveaux besoins des entreprises. Thomas Linck a ainsi relevé : « nous avons des clients qui publient des nouveautés tous les jours, voire plusieurs fois par jour, tout en ayant besoin d'une disponibilité sans faille ! » Impossible avec les méthodes traditionnelles.
Les équipes Dev et Ops se sont rapprochées petit à petit. Une bonne pratique est de placer des développeurs dans les équipes opérationnelles et vice-versa pour que chaque équipe comprenne les contraintes de l'autre. Il n'en demeure pas moins que beaucoup d'entreprises ont une pluralité d'environnements très hétérogènes : Nginx/Apache, PHP/Python/Java, Linux/Windows... Faut-il, même dans ce contexte, rapprocher toutes les équipes ? « Oui ! » a affirmé sans hésiter Thomas Linck. Si les technologies varient, les étapes méthodologiques demeurent constantes (développement, test, livraison, déploiement...). L'objectif est alors de doter tout le monde des mêmes outils et des mêmes méthodes mais pouvant convenir à chacun, sans rien sacrifier. Automatisation et outils collaboratifs seront alors des clés indispensables. Pour séduire les équipes et ensuite pérenniser l'approche, Rachid Mahfoufi, Senior Sales Executive de Cloudreach, recommande de « d'abord commencer par des quick win avant de s'attaquer à des projets plus importants. »


Sébastien Huet, CTO de Rémy-Cointreau, a mixé les clouds et a migré son ERP SAP vers S/4Hana sur Google Cloud.

Des projets importants, l'entreprise Rémy-Cointreau en a menés et Sébastien Huet, CTO de Rémy-Cointreau, est venu en témoigner. Cette société familiale concurrente de géants mondiaux ne compte que 2000 collaborateurs dans une trentaine de pays pour générer un milliard d'euros de chiffre d'affaires avec des spiritueux tels que le cognac Rémy Martin, des whiskies, le Cointreau... La DSI est commune à tout le groupe avec des équipes centrales mais aussi des équipes locales près du terrain pour bien le connaître. Au départ, le SI était centré sur un noyau SAP ECC 6 on premise autant pour la finance que pour la logistique. Mais la démarche centrée client a amené l'arrivée de Salesforce, un SaaS donc. Et la digitalisation des process a amené la bureautique collaborative, là aussi en ligne, permettant de bien travailler avec des équipes dispersées dans le monde entier. « La crise du Covid a démontré que nous avions fait les bons choix » a noté Sébastien Huet.
La bascule cloud s'est donc imposée mais avec un choix de base : le multicloud. Outre la problématique classique de ne pas être trop dépendant d'un fournisseur, Sébastien Huet a relevé : « choisir un seul cloud aurait fait de nous des spécialistes, capables d'exploiter au mieux les possibilités de ce fournisseur mais en perdant l'ouverture d'esprit à laquelle nous tenons. Le but est d'empêcher de s'endormir dans une bulle de confort. » Pour relier les différents clouds, Rémy-Cointreau utilise Intercloud pour faire en sorte que le recours à tel ou tel cloud soit en fait transparent. Parmi ses projets récents, lors de son témoignage, Sébastien Huet est revenu en détail sur la migration du SAP ECC 6 on premise vers un S/4 Hana dans le cloud Google, pour retrouver de l'agilité par l'infrastructure sur un ERP certes robuste mais qui n'est guère agile au départ. Si SAP est présent sur tous les grands clouds, la collaboration avec Google a semblé plus intense. Sébastien Huet a insisté, lors de son témoignage, sur de bonnes pratiques nécessaires au succès d'un tel projet : accompagner les équipes en termes de compétences ey d'état d'esprit, beaucoup expérimenter, travailler avec les équipes financières pour la mutation de modèle CapEx/OpEx...


L'« Itinéraire guidé d'une migration cloud » a été présenté par Luca de Risi, Chief Operating Officer de Mega.

Une migration vers cloud, c'est comme un voyage en voiture a d'ailleurs comparé Luca de Risi, Chief Operating Officer de Mega. Il y a une destination, diverses modalités (SaaS, IaaS, cloud privé...) et divers chemins (rehosting, redéveloppement...). « Mais le problème est souvent le point de départ : les DSI n'ont pas la visibilité sur le parc applicatif pour démarrer leur cheminement » a relevé Luca de Risi. L'offre de Mega s'adresse à l'architecte qui va justement dresser l'état des lieux, le point de départ, puis définir le cheminement, la solution ayant un rôle similaire à celui d'un GPS pour aller vers le cloud. Pour Luca de Risi, « migrer vers le cloud suppose de savoir où vous en êtes et ensuite définir un itinéraire. » En travaillant pour un grand cabinet de conseil américain, Mega avait comme mission de passer le parc de 800 à 600 applications... mais l'inventaire initial a révélé un parc existant de 2000 applicatifs. Un tel exemple n'est pas rare selon Luca de Risi.
Au delà du simple décompte, il faut bien sûr aussi évaluer la criticité, identifier les doublons, cartographier les dépendances et donc définir les impacts de toute future migration. Commencer une migration et se rendre compte en cours de route d'une dépendance avec un soucis de compatibilité entre le nouvel environnement et l'ancien système, c'est provoquer un gros retard et un surcoût, voire pire. Mega OpEx se veut ainsi la plate-forme unique pour maîtriser la transformation du SI à la manière de projets successifs. « La migration cloud n'est pas qu'un projet technique, c'est avant tout un projet métier car le cloud apporte une nouvelle expérience utilisateur » a averti Luca de Risi.


Louis Goffaux, DSI de Labeyrie Fine Foods, a détaillé « Comment Labeyrie Fine Foods a translaté son ERP JDEdwards chez IBM ».

Ce n'est pas Louis Goffaux, DSI de Labeyrie Fine Foods, qui le contredira. Le groupe Labeyrie Fine Foods regroupe plusieurs marques comme Labeyrie ou Delpierre. Sa vingtaine de sites industriels et ses 4500 collaborateurs sur la France, la Grande-Bretagne, le BeNeLux et l'Italie lui permettent de générer environ 1,1 milliard d'euros de chiffre d'affaires. « L'informatique du groupe est lié à son histoire, étant le fruit d'une fédération de plusieurs entreprises qui s'est construite dans le temps » a reconnu Louis Goffaux. Au bout du compte, après une phase de consolidation, deux grandes plates-formes subsistent : un SAP (S/4 Hana) sur Azure en Grande-Bretagne et un JDEdwards associé à des logiciels connexes pour les autres pays, le maintien de ces deux plates-formes étant lié à des activités sensiblement différentes. Pour la Grande-Bretagne, la bascule cloud est donc achevée depuis deux ans, tandis que pour les autres pays la démarche très progressive a été lancée il y a huit ans. Cette démarche est liée à un constat simple : d'un côté, le groupe connaît une forte croissance, de l'autre, ses installations sont plutôt dans des zones éloignées des grands bassins d'emploi informatique et ses équipes sont plutôt réduites. Celles-ci se sont donc focalisée sur le service aux métiers, le maximum de tout-venant (y compris la téléphonie désormais ToIP infogérée) étant externalisé.
Pour commencer, les fonctions un peu périphériques comme la paye et la gestion des temps ont été déployées dans le SaaS, toutes les nouvelles activités rejoignant ce SaaS. De la même façon, les serveurs de fichiers, la bureautique, la messagerie, etc. ont été migrés totalement dans le cloud Microsoft Azure. La dernière grosse étape a donc été la migration de JDEdwards sur base Oracle dans le cloud, en l'occurrence IBM. Louis Goffaux a expliqué : « notre architecture n'était pas forcément éligible à une migration sur toutes les plates-formes et nous avons donc mené un appel d'offres un peu long il y a trois ans pour identifier toutes les possibilités. » En particulier, l'offre actuelle directement proposée par Oracle n'était pas adaptée. Il a détaillé la conduite de ce projet lors de son témoignage durant la webconférence.

Question participant : La problématique n'est elle pas le passage d'un intégré JDE en temps différé P09800 via les ICA vers SAP intégré en temps réel sur S4/Hana ? Risques de désynchronisation, il faut faire correspondre les clés comptables.
En l'occurrence, ce n'est pas ce qui a été fait : le SAP a migré vers S/4 Hana, le JDEdwards est resté sous JDEdwards.



« Avis de tempête : comment la cyber IA facilite la migration vers le cloud » a averti Guilhem Labourel, Expert Cybersécurité chez Darktrace.

La migration vers le cloud doit respecter des précautions et une catégorie de précautions à ne pas négliger est bien sûr la cybersécurité. Guilhem Labourel, Expert Cybersécurité chez Darktrace est revenu sur les avantages de l'approche avec de l'intelligence artificielle pour faciliter cette migration vers le cloud, notamment SaaS. « Avec la crise sanitaire, cette bascule s'est renforcée, les pratiques des utilisateurs étant multiples et variées, avec fréquemment des usages à partir de réseaux non-corporates » a relevé Guilhem Labourel. Les environnements sont donc plus complexes (multicloud...), plus poreux et plus variables. La sécurisation n'en est que plus difficile. Il y a deux approches classiques : se reposer sur la sécurité propre de l'éditeur du SaaS ou bien recourir à un CASB (Cloud Access Security Broker).
Malgré un intérêt en analyse post mortem, ces deux approches reposent sur des règles pré-établies alors que les attaques et les risques, eux, ne font qu'évoluer à grande vitesse. Guilhem Labourel a notamment observé que « les attaquants emploient de multiples terminaux et adresses IP, des VPN, etc. ». Les repérer a priori est donc peu aisé dans beaucoup de cas. L'approche proposée par Darktrace repose sur l'analyse comportementale en continu pour repérer les écarts à l'habitude et ainsi déclencher des alertes. Ces alertes peuvent déclencher des réponses automatiques à des comportements déviants (notamment suite à une usurpation de compte) sur le principe du système immunitaire.


Grand Témoin de la matinée, Eric Daguet, Directeur des Systèmes d'Information de La Mutuelle Générale, a démontré que « Le coeur de SI en mode SaaS n'est plus un rêve ».

Eric Daguet, Directeur des Systèmes d'Information de La Mutuelle Générale, a été le Grand Témoin de la matinée. La troisième mutuelle française développe actuellement, en plus de son offre traditionnelle assurantielle distribuée directement ou via courtiers, une plate-forme digitale de services de bien-être par agrégation d'offres tierces (téléconsultation médicale, aide aux devoirs...). Depuis plusieurs années, La Mutuelle Générale a opté pour une stratégie Cloud First : CRM sous Salesforce, RH dans Workday, ITSM dans ServiceNow... Plus récemment, une grosse brique du SI a été migrée en pleine crise sanitaire : l'ERP. En l'occurrence, La Mutuelle Générale a opté pour le SaaS d'Oracle.
« Le SaaS a, pour nous, de nombreux bénéfices et le plus difficile est de ne pas en oublier lorsqu'on les liste, étant donné que nous avons maintenant une longue expérience de déploiement derrière nous » a témoigné Eric Daguet. Parmi les avantages que celui-ci a mentionné au cours de son témoignage sur la webconférence, la rapidité de mise en oeuvre est arrivée en premier, devant la disparition des contraintes d'infrastructures dont le traitement est, quelque part, un parasitage des ressources devant être dédiées au service du métier. Les montées de version aisées, automatiques et gérées par l'éditeur contribuent un coût de possession bien plus faible : sur une solution précise, un test a montré un rapport de un à trois. Il reste cependant des difficultés dans l'intégration, notamment pour les systèmes hybrides, ainsi que dans la formation des collaborateurs. Et, bien évidemment, les choix opérés ont facilité l'adaptation à la crise sanitaire avec le développement du télétravail. Finalement, le plus grand frein reste le retard pris par certains éditeurs (surtout français) de solutions métiers dans la cloudification.


« Fédérez vos applications métiers ! » a plaidé Bruno Labidoire, Senior Manager EMEA Presales Southern and Benelux chez Boomi.

Une des difficultés, donc, est de fédérer les applicatifs métiers. C'était justement le thème de l'intervention de Bruno Labidoire, Senior Manager EMEA Presales Southern and Benelux chez Boomi. Il a débuté en rappelant : « le premier défi à relever dans une migration cloud concerne la migration des données qui alimentent les applicatifs qui vont migrer ». Structure, format... vont devoir être adaptés, tout compte les interfaces inter-applicatives, notamment en cas d'architecture hybride. Or les priorités et la structure des budgets ont beaucoup changé en quelques années : la domination du maintien en conditions opérationnelles (les trois quarts du budget jadis) a laissé place à un rééquilibrage en trois tiers avec la modernisation (évolution technique) et l'innovation (évolution fonctionnelle). Mais la fatigue des évolutions comme la dette technique peuvent constituer des freins majeurs.
Ce que propose Boomi vise précisément à ce que tout se passe bien. La solution assure ainsi la migration des données, la création des interfaces et enfin le pilotage avec des indicateurs clés, le tout dans une approche industrialisée. « Notre approche est bien sûr technologique mais elle est aussi fonctionnelle » a insisté Bruno Labidoire. Il a au cours de son intervention sur la webconférence présenté l'exemple de ce qui a été fait au sein de la Stime (la DSI filialisée du Groupement des Mousquetaires, connu surtout pour Intermarché).


Nicolas Bismuth, Responsable MOA Finance / Directeur Projet Opera de SNCF Logistics, est revenu sur « Pourquoi et comment SNCF Logistics a déployé SAP S/4Hana Cloud Essential SAP S/4Hana Cloud Essential pour harmoniser la gestion de plus de 50 entités ».

Autre exemple de mutation, SNCF Logistics est la branche logistique du groupe SNCF qui comprend Rail Logistics Europe (ex-Pôle TFMM, transport ferroviaire et multimodal de marchandises). Ce dernier a quatre métiers : le fret ferroviaire, le transport combiné, les autoroutes ferroviaires et commissionnaire de transport. Les 3600 collaborateurs du pôle génèrent près d'un milliard d'euros de chiffre d'affaires. L'organisation du pôle repose sur près d'une soixantaine d'entités sur une dizaine de pays, issues pour beaucoup de rachats. Il existait donc une culture d'autonomie dans ces filiales, même si le département informatique d'une autre filiale de la SNCF, Geodis, assure la DSI de la plupart. Mais les règles de gestion et le back office étaient très hétérogènes. Le but était bien de prendre son indépendance de Geodis tout en harmonisant outils et méthodes.
Pour cela, Rail Logistics Europe a choisi de déployer un SaaS, SAP S/4Hana Cloud Essential. Pour traiter le périmètre finances dans un délai raisonnable, un SaaS était une bonne solution. En plus, SAP y a inclus des bonnes pratiques. L'adoption de celles-ci a permis de cadrer impérativement des règles communes, en minimisant les adaptations et les particularités. « En amont du travail sur l'outil, il est essentiel, dans ce genre de projet, de travailler sur les règles métiers en réunissant les utilisateurs-clés de toutes les filiales et en les amenant à parler entre eux pour faire émerger les règles communes » a prescrit Nicolas Bismuth, Responsable MOA Finance / Directeur Projet Opera de SNCF Logistics. De la même façon, il est nécessaire d'accompagner les montées de version trimestrielles gérées par l'éditeur du SaaS pour en tirer la valeur possible au lieu de la subir. Cette implémentation est toujours en cours de déploiement sur les dernières filiales et débouchera sans doute sur des projets complémentaires pour étendre le périmètre fonctionnel.


« Le SaaS, de nouveaux enjeux pour la DSI » a relevé Harry Wallez, Senior Technical Engineer (à droite), et Frédéric Rousseau, Senior Solution Consultant (à gauche), chez Apptio.

Déployer du SaaS, c'est donc très tentant. Mais Harry Wallez, Senior Technical Engineer, et Frédéric Rousseau, Senior Solution Consultant, chez Apptio ont averti : le SaaS porte de nouveaux enjeux pour la DSI. Depuis quinze ans, Apptio est un éditeur spécialisé dans le pilotage économique des directions de système d'information, qu'il s'agisse de l'informatique traditionnelle ou bien du cloud au travers de l'approche FinOps. Frédéric Rousseau mentionne : « Apptio a fait évoluer son offre pour couvrir le domaine spécifique du SaaS. » Le besoin était en la matière certain. En effet, il a rappelé : « sur les 157 milliards de dollars du marché du SaaS (doublement en 7 ans), 25 % correspondent à des ressources non-utilisées (environ 40 milliards chaque année) et, selon Gartner, 65 % seront achetés en dehors des procédures standards d'achat en 2023, avec des achats directs par les métiers par exemple, ce qui pose des problèmes évidents de pilotage. »
Les SaaS sont évidemment choisis pour l'agilité apportée, la rapidité de déploiement et la simplification des évolutions. Au regard de ces avantages, il y a donc des enjeux avec, au premier chef, l'inventaire des SaaS qui constituent parfois du véritable shadow IT. La facilité entraîne aussi la déresponsabilisation : personne ne vérifie, finalement, que des capacités toujours payées sont encore pertinentes. Ce gâchis financier se fait au détriment d'investissements plus productifs. Enfin, le risque (notamment vis-à-vis du RGPD) est souvent négligé. Harry Wallez a détaillé les procédures à suivre sur trois étapes : découvrir, gérer, optimiser. L'étape d'inventaire est particulièrement délicate mais constitue la base du reste. Thames Water, à Londres, a pu ainsi économiser chaque année deux millions de livres (environ 2,2 millions d'euros).


Nicolas Galliot, DSI, a témoigné sur comment la Fondation Mérieux a déployé un ERP SaaS et une suite collaborative pour toutes ses entités afin d'harmoniser les process.

Autre exemple de déploiement d'un ERP en mode SaaS, la Fondation Mérieux est une fondation familiale indépendante reconnue d'utilité publique dont l'objet est la lutte sur le terrain des maladies infectieuses affectant les pays en voie de développement. Ses 170 collaborateurs agissent en Afrique de l'Ouest, en Amérique Latine, en Asie et au Moyen-Orient. La structuration de l'IT bridait, en 2018, le développement et la performance de la Fondation même si le SI remplissait son rôle. Un ERP gérait la fonction finances mais de multiples outils s'étaient accumulés au fil du temps, un peu anarchiquement, pour couvrir les besoins métiers, notamment la collaboration. De plus, il fallait digitaliser mondialement l'activité. Bref, une remise à plat s'imposait et le Comité de Direction a voulu définir une cible à partir des process actuels et futurs. De cette phase préalable est issu un cahier des charges qui a été soumis à plusieurs prestataires possibles. C'est finalement une série de solutions cloud Microsoft qui a été choisie : Dynamics et Office 365.
Le choix du cloud a été explicite : gérer des infrastructures n'est pas le métier de la Fondation et, de plus, il fallait que les solutions puissent accompagner les collaborateurs sur le terrain partout dans le monde. « Je n'étais pas favorable au vrai Big Bang pour ne pas saturer les collaborateurs déjà très sollicités sur la phase amont, nous avons donc fait une bascule Big Bang en douceur pour l'ERP, en gardant l'ancien outil pour l'historisation, mais nous avons segmenté au maximum en commençant par la collaboration » a raconté Nicolas Galliot, DSI de la Fondation Mérieux. L'ERP est essentiel : il permet de justifier avec précision l'emploi des fonds de la Fondation d'Utilité Publique. La capacité de partager a amené les collaborateurs à pleinement jouer le jeu. Nicolas Galliot mentionne : « nous avons constaté un +30 à +40 % du nombre de fichiers partagés et une explosion des réunions Teams, environ 30 000 par an. » Dans l'avenir, la sécurisation des données, la collaboration et le reporting devraient être les axes majeurs des prochaines années.

Question participant : Le fait de basculer dans le cloud n'est-il pas problématique avec les données de recherche gérées par la fondation Mérieux, notamment en terme de sécurité et de protection de ces données ?
Il ne faut pas confondre la Fondation Mérieux avec les Laboratoires Mérieux. La Fondation ne traite, en fait, aucune donnée hautement sensible dans ses projets. Pour des données classiques (sur le personnel par exemple), les outils utilisés respectent la réglementation en la matière.



« Comment optimiser l'exploitation de vos applications métiers ? » a interrogé Catherine Savaete, Directrice France Application d'Entreprise de Rimini Street.

Mais est-il toujours si pertinent de se précipiter sur de nouveaux outils au prétexte que l'éditeur n'assure plus la maintenance de l'existant ou recommande une bascule vers le cloud ? Catherine Savaete, Directrice France Application d'Entreprise de Rimini Street, est revenu sur le sujet. En particulier, décaler des migrations (ou des montées de version) peut permettre aux DSI de se consacrer à des projets ayant stratégiquement plus de sens ou, simplement, absorber des difficultés budgétaires, notamment celles liées à la crise sanitaire. « La tierce maintenance (ou support indépendant) consiste à fournir aux clients ayant acheté des licences perpétuelles aux éditeurs le service, jusqu'alors facturé 17 à 22 % du montant initial des licences ; qui n'est plus assuré par ces éditeurs, avec les mêmes SLA voire mieux » a expliqué Catherine Savaete, Directrice France Application d'Entreprise de Rimini Street. En effet, contrairement à ce que beaucoup croient, les éditeurs ne sont pas les seuls à pouvoir opérer la maintenance.
L'accompagnement opéré par Rimini Street ne se limite pas à la seule maintenance applicative mais intègre bien sûr un accompagnement sur les infrastructures et leur évolution. Catherine Savaete a dénoncé : « la feuille de route des éditeurs, c'est le cloud, avec un désinvestissement sur les systèmes on premise dont le support éditeur, au tarif constant, n'apporte plus beaucoup de fonctionnalités nouvelles. Mais ce n'est pas forcément pertinent pour les entreprises pour qui le cloud représente bien plus qu'une montée de version : c'est un changement complet des processus dont le ROI est délicat à calculer. Rimini Street s'engage sur quinze ans et redonne donc la maîtrise de la feuille de route aux DSI. »


En partenariat avec MyFrenchStartUp, Philippe Vanderstigel a présenté les apports de Rocketchart pour gérer sa trésorerie en SaaS.

Pour terminer la matinée, Philippe Vanderstigel a présenté la start-up Rocketchart, en partenariat avec MyFrenchStartUp. Créée en mars 2020, Rocketchart propose un SaaS de gestion et de prévision de trésorerie. « La gestion de trésorerie est classiquement chronophage car elle nécessite de compiler des données issues de nombreuses sources et c'est à ce problème que Rocketchart s'attaque » a expliqué Philippe Vanderstigel. L'interface est claire, visuelle et agrège la donnée bancaire grâce aux obligations de la DSP2. La promesse de Rocketchart est d'apporter beaucoup de visibilité avec quasiment aucun traitement manuel.

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