Annecy défend ses choix pour son hôpital numérique
Le nouveau Centre hospitalier d'Annecy propose un terminal au pied du lit faisant office à la fois d'outil pour le professionnel de santé et d'accès multimédia pour le patient. Le réseau est unifié sur IP. Côté mobilité, le wifi a été banni au profit du Dect.
PublicitéLe nouvel hôpital intercommunal d'Annecy, a pris le parti, pour son implantation à la périphérie de la ville, de cloisonner les activités de ses cinq niveaux. Chacun d'eux a donc été dédié à une fonction précise : hospitalisation, accès public, service, logistique, .... Les flux physiques de personnes, de matériels, d'objets, échangés entre ces étages sont séparés. Ils ne se mélangent pas entre eux et ont des ascenseurs dédiés. Ainsi, au niveau 4, « la rue publique », les gens viennent voir des parents hospitalisés. Les visiteurs ne croiseront jamais d'infirmiers en blouse blanche, ni de brancardiers, ni de pousseurs de plateaux repas, ni de charriots de linge sale. Cette séparation physique évite les dysfonctionnements. En parcourant « la rue publique », au 4e niveau, les visiteurs ne croiseront ainsi aucun personnel médical, ni technique. « Notre établissement n'est donc plus une cour des miracles, souligne Serge Bernard, directeur. Avec 979 lits, l'hôpital est l'établissement de santé le plus important de Haute-Savoie. 2.400 agents hospitaliers y travaillent. L'établissement a été inauguré en juillet 2008. Le nouveau système d'information convergent Si les étages sont bien séparés, en revanche, en arrière-plan, l'infrastructure informatique et de communication est totalement intégrée. En ce qui concerne le téléphone, un IPBX (un OmniPCX Enterprise d'Alcatel-Lucent) central a été installé. Afin de desservir 5000 points, dont 800 postes professionnels et 620 postes patients, on a tiré 330 km de câble et de fibre optique. Côté réseau local, un Vlan (réseau virtuel) a été défini par pôle, « par Business unit, comme dans le secteur privé, décrit le directeur. Plus de trente Vlans ont été définis à ce jour, et à terme, ce sera une quarantaine. Tous les outils sont communs. Deux des anciennes applications informatiques ont pu être conservées. Mais c'est le progiciel Orbis d'Agfa Healthcare, qui pilote désormais la prise en charge des patients. « Tous les postes de travail sont en client léger Citrix. Ils sont gérés via ... Photo : Claude Henri Tonneau, DSI de l'hôpital d'Annecy ... un nouveau portail interne et un nouvel annuaire. Ils sont les seuls à pouvoir accéder au réseau de l'hôpital, indique Claude Henri Tonneau, DSI. Des outils collaboratifs ont également été mis en place ainsi qu'un nouveau portail externe, en remplacement de l'ancien extranet. Le Wi-Fi, vecteur de microbes Au départ, l'hôpital d'Annecy allait adopter le Wi-Fi, comme l'hôpital d'Arras. Les personnels soignants y disposent en effet de tablettes PC sans fil. « Mais l'ingénierie du 802.11, nous a paru trop complexe, surtout dans un bâtiment aux normes anti-sismiques comme le nôtre, constitué par conséquent d'épaisses masses de béton, explique Claude Henri Tonneau. De plus, le DSI ne voulait pas devoir gérer des dispositifs de sécurité protégeant le réseau Wifi de l'hôpital contre les incursions de terminaux de visiteurs, de type PDA ou i-Phone, qui cherchent en permanence à se connecter à des bornes radio. Autres arguments avancés contre le Wifi : les terminaux Wi-Fi sont mal adaptés à la réception de messages de service. Enfin, en circulant d'une chambre à l'autre, ils risquent de favoriser la propagation bactérienne. Le Dect préféré Résultat : l'hôpital a préféré équiper son personnel soignant de 800 téléphones Dect, qui sont en effet capables de gérer jusqu'à 14 types de messages de service (des « reports »). Ces terminaux Dect se contentent d'un réseau de 180 bornes. A comparer aux 500 bornes Wi-Fi installées à Arras, pour un nombre de lits équivalents. Il en résulte qu'à Annecy le terminal des professionnels de santé, donnant accès aux données médicales et au plan de soin des patients, sera toujours raccordé en mode filaire. Et, particularité, ce terminal a été fusionné avec le terminal mis à disposition du patient pour de l'accès internet, entre autres. Un même terminal pour le patient et le professionnel de santé Le rejet du Wi-Fi et de tout accessoire circulant de chambre en chambre a amené l'hôpital d'Annecy à adopter un concept inédit de terminal multimédia fixe, au lit du patient, fournissant simultanément au patient l'accès à une large palette de services de confort : téléphone, web, mail, télévision, vidéo à la demande, livres lus, infos pratiques, conseils de santé.... Et il délivre au personnel soignant un accès à toutes les données médicales de ce patient. Le Dr Matthieu Debray, chef du service de gériatrie a montré le fonctionnement de ce terminal, lors de la visite de l'hôpital. Techniquement, le terminal est une tablette PC-téléphone à écran tactile 17 pouces personnalisable, proposée à l'extrémité d'un bras articulé. Tous ses composants tournent au ralenti, pour les dispenser d'une ventilation, autre facteur de ... ... propagation bactérienne. La tablette a été substituée d'office aux téléviseurs et aux téléphones, qui avaient déjà été installés dans les chambres lors de l'emménagement dans le nouveau bâtiment. Modification des prescriptions via la carte du médecin Avec ce terminal, le patient ne peut pas accéder directement aux données de son dossier. Seul son médecin traitant, qui doit insérer son badge d'identification, peut le faire. La carte employée est une carte RFID pour le moment, mais elle est appelée à être remplacée par une carte CPS (Carte de professionnel de santé), qui apportera alors le Single sign-on (authentification unique). Le médecin peut partager avec le patient les données contenues dans son dossier et dialoguer avec lui. Mais il peut aussi modifier directement ses prescriptions, au lit du patient, au moyen du clavier virtuel à écriture automatique. Ces nouvelles prescriptions sont alors immédiatement transférées à la pharmacie de l'hôpital, chargée de conditionner les médicaments de chaque patient. La tablette mixte est déjà opérationnelle en gériatrie. « La tablette nous donne une accessibilité totale, directe et immédiate. Elle a supprimé les prescriptions en différé sur formulaire papier, toujours source d'erreurs, constate le Dr Matthieu Debray, chef du service. Côté patient, elle est facturée 4,50 €/jour par une délégation de service spécifique. Le DMP bientôt en images Dès à présent, l'hôpital d'Annecy crée avec l'outil Orbis un dossier patient à chaque admission. Celui-ci est consulté aux urgences, s'il s'agit d'un patient déjà documenté. « Nos dossiers satisfont au premier niveau obligatoire du DMP (Dossier médical partagé) pour le contenu et la qualité. Les données appartiennent aux patients, certes, mais ce n'est pas à eux de les gérer, explique Serge Bernard, directeur. Les dossiers s'enrichissent de tout ce qui est fait par l'établissement. Et afin de pouvoir les compléter de tout document venu de l'extérieur, l'hôpital a déjà remplacé tous ses photocopieurs par des copieurs-scanners. Prochaine étape : l'intégration à mi-2009 des images médicales, mais seulement sous la forme de liens vers ces images. Dès à présent, les dossiers sont consultables de l'extérieur par ... ... d'autres médecins et hôpitaux via le réseau Sisra (Système d'information de santé Rhône-Alpes). Ce qui a évité à Annecy de se doter d'un réseau de ville. La logistique des médicaments Le CH d'Annecy est également le premier en France à s'être doté d'une chaîne logistique médicaments entièrement robotisée de l'italien Sinteco. Cette chaîne conditionne et dispense nominativement quelque 500 produits pharmaceutiques. Avec trois avantages à la clé : tous les médicaments délivrés par la pharmacie de l'hôpital sont systématiquement tracés depuis leur prescription jusqu'à leur délivrance. Ceux qui n'ont pas été consommés peuvent être ainsi remis dans le circuit, et ne sont donc plus jetés comme auparavant. Toutes les armoires de pharmacie, à l'exception des médicaments d'urgence, ont d'autre part, pu être supprimées dans les services. Les médicaments sont placés en sachets individuels à la pharmacie, avec leur code à barres, leur prescription et l'identité du patient, puis distribués par l'un des trois nouveaux réseaux pneumatiques de l'établissement. Leur gestion s'appuie elle aussi sur le réseau voix-données de l'hôpital. Un système de robots filoguidés Swisslog assure enfin le convoyage du linge et des plateaux repas. Mais son exploitation relève du CTL (Centre technique logistique). NextiraOne, intégrateur du réseau voix et données Le centre hospitalier d'Annecy a retenu NextiraOne, plutôt que les tandems Orange-Huaweï et Spie-Aastra, pour l'intégration de son nouveau réseau voix-données multimédia. « Il a su nous proposer non pas des briques, mais une solution correspondant point par point à ce que nous demandions, et les anticipant même sur certains aspects, comme l'accompagnement au déménagement, la nécessité d'une seconde salle informatique et l'imagerie, explique Claude Henri Tonneau. Pour l'intégration de la tablette PC à l'IPBX, NextiraOne s'est adossé sur l'expertise de l'irlandais Lincor Solutions, qui sait en effet fournir des bouquets de services clés en main, gestion des DRM (Digital Rights Management) comprise. Au final, ont été installés : - 120 bornes Dect pour 800 terminaux Dect, - 800 téléphones IP d'Alcatel-Lucent, - 620 terminaux patients multimédia disposant du logiciel Medivista de Lincor, cette intégration a été réalisée en partenariat avec Netlogon, - 300 postes téléphoniques analogiques principalement pour les locaux techniques - côté réseau local : 2 commutateurs doublés pour le coeur de réseau et 110 commutateurs pour la distribution et les extrémités, 3.500 ports sont activés sur 5.000 ports disponibles. -Messagerie unifiée, gestion d'alertes Mobicall -13 sites distants connectés via des liaisons sécurisées
Article rédigé par
Jean Claude Streicher
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