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Agilité d'infrastructure ou applicative, c'est le métier le bénéficiaire

Agilité d'infrastructure ou applicative, c'est le métier le bénéficiaire
La Matinée Stratégique « La DSIaaS au service de l'agilité métier » a été organisée par CIO à Paris le 13 octobre 2015. Martin Guyon, DSI du groupe Ales (à droite), et Jean-Charles Jorel, Service Line Manager DevOpps et Infrastructure de Morpho (Groupe Sa
Retrouvez cet article dans le CIO FOCUS n°106 !
La DSI agile au service de l'agilité métier

La DSI agile au service de l'agilité métier

L'agilité des développements (Scrum...), l'agilité des infrastructures (Cloudification...), l'agilité des mises en production (DevOps...)... bref, l'agilité IT, est une contrainte bien connue des DSI. Certes, il reste encore souvent bien du travail à faire. Mais la véritable agilité qui importe est...

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Lors de la Matinée Stratégique CIO « La DSIaaS au service de l'agilité métier », Martin Guyon, DSI du groupe Ales, et Jean-Charles Jorel, Service Line Manager DevOpps et Infrastructure de Morpho (Groupe Safran) y ont témoigné de la mise en oeuvre concrète de stratégies agiles.

PublicitéL'agilité peut être une obligation et prendre des formes très différentes. Lors de la Matinée Stratégique La DSIaaS au service de l'agilité métier organisée par CIO à Paris le 13 octobre 2015, une table ronde l'a d'ailleurs démontré dans des contextes et des modalités très différentes. Cette table ronde réunissait Martin Guyon, DSI du groupe Ales, et Jean-Charles Jorel, Service Line Manager DevOpps et Infrastructure de Morpho (Groupe Safran).
Le groupe Alès est un producteur de cosmétiques sous des marques comme Caron ou Lyrac. Sa clientèle est constituée de boutiques comme des parfumeries ou des pharmacies. Et sa préoccupation était de disposer d'un outil d'aide à la vente pour ses commerciaux itinérants avec l'obligation d'une agilité applicative. Côté Morpho, par contre, la question de l'agilité se déclinait sur les infrastructures. Avec 8000 collaborateurs dans le monde, Morpho est le leader mondial de la biométrie, intervenant aussi bien pour le FBI que dans la fabrication de papiers d'identité. Cette filiale du groupe Safran opère aussi dans des domaines connexes tels que les radars routiers. « Nous opérons plutôt pour les gouvernements » a signalé Jean-Charles Jorel.

L'agilité applicative pour coller aux besoins inexprimés du terrain

Détaillons le cas du Groupe Alès pour commencer. Celui-ci dispose d'environ 150 commerciaux en France. L'ancien système de gestion de la relation client datait d'une dizaine d'années et avait été installé sur des ordinateurs portables vieillissants. Martin Guyon s'est souvenu : « cela a été une de mes premières préoccupations en arrivant dans le groupe. »
Pourtant, il n'y avait pas de véritable demande de la part du terrain. « Quand j'ai envoyé un mail à chacun des commerciaux pour savoir ce qu'ils souhaitaient, la réponse que j'ai reçue a été simple : tout marche, pas de changement » a soupiré Martin Guyon. Surpris d'un tel satisfecit alors que, comparé à ce qu'il avait pu avoir ailleurs, l'outil était pour le moins obsolète, Martin Guyon a donc commencé par montrer aux commerciaux ce qui existait sur le marché pour qu'ils prennent conscience de ce qu'il était possible de faire avec des outils à jour.
Comme les commerciaux étaient sans cesse en mobilité, l'idée initiale était de partir sur des tablettes avec des solutions classiques du marché, comme Salesforce. La nouvelle version de l'outil déjà en place n'était pas du tout orienté mobilité, rendant la simple montée de version totalement inenvisageable. « En fait, aucune solution du marché ne nous convenait » a regretté Martin Guyon.
En effet, la première contrainte d'un commercial démarchant un pharmacien est d'aller très vite : les officines sont fortement démarchées mais n'ont que peu de temps à consacrer aux représentants de leurs fournisseurs. Martin Guyon a décrit ainsi la rencontre d'un commercial du Groupe Alès avec un pharmacien en officine : « c'est dix minutes maximum, sur un coin du comptoir ou debout en arrière-boutique ».

PublicitéPas d'offre acceptable sur étagère

La deuxième contrainte à prendre en compte posait également soucis avec les solutions du marché fonctionnant avec les nouveaux terminaux. Il fallait en effet que l'outil fonctionne sans connexion Internet avec la totalité des fonctionnalités. « Tous les grands éditeurs nous ont montré de belles choses mais, quand on creusait, aucun produit proposé ne fonctionnait à 100% en mobilité » a regretté Martin Guyon.
Le cahier des charges a été rédigé en parfaite collaboration entre l'IT et le métier. Mais aucune offre sur le marché ne semblait convenir. Martin Guyon en a déduit : « nous sommes alors partis à la recherche d'un éditeur ou d'un intégrateur qui pourrait nous développer exactement ce que nous voulions, notamment en matière d'ergonomie garantissant une grande rapidité pour le commercial. »
Beaucoup de temps a été perdu à tester tous les outils des grands éditeurs. « Et il ne nous restait plus que six mois dans le calendrier fixé pour le projet » a relevé Martin Guyon. Enfin, le Groupe Alès a rencontré Apsolue qui a présenté une maquette pour iPad correspondant exactement aux besoins exprimés, notamment la capacité à travailler en mode déconnecté sans perte de fonctionnalités, la synchronisation se faisant bien sûr avec la partie serveur de l'application.

Un développement agile avec l'éditeur

Dès la signature du contrat, en Mai, le travail a été fait en mode agile. Au départ, chaque cycle durait quinze jours avant de s'étendre un peu. La première version de test a été déployée auprès de quelques utilisateurs au bout d'un mois et demi. La première version en production a été déployée en Septembre auprès de tous les commerciaux, quatre mois après la signature du contrat.
Cette première vraie version n'était pas entièrement fonctionnelle. Mais, à partir de là, tous les mois (aujourd'hui deux mois), une nouvelle version est sortie avec des ajouts de fonctions. Et la direction du Groupe Alès, en fonction des demandes des commerciaux, pouvait prioriser les développements prévus. « Les commerciaux sont très créatifs et encore aujourd'hui nous continuons à faire évoluer la solution » a souligné Martin Guyon.

Une excellente acceptation grâce à la méthode agile

L'acceptation du nouvel outil a été très facile. D'une part, au lieu d'un portable lent au démarrage et utilisé après une visite au client, les commerciaux ont bénéficié d'un terminal « glamour » instantané. D'autre part, la conception de l'application a respecté les bonnes pratiques de l'agilité en associant dès le départ et tout au long du processus IT et métier. L'originalité, ici, est le fait d'intégrer un éditeur tiers dans le processus, pour concevoir un produit destiné à ne pas être spécifique. La seule partie réellement spécifique est l'interface homme-machine qui, il est vrai, est la partie qui évolue le plus. Au départ, la conception a coûté un montant forfaitaire négocié. Aujourd'hui, chaque demande est devisée et, si elle est commandée, est facturée après livraison.
Martin Guyon s'est réjoui : « jamais dans ma vie, auparavant, un commercial n'était venu me remercier mais, lors du séminaire de lancement de cet outil, j'en ai eu plein ! » Leur productivité a été grandement améliorée d'une part en permettant l'augmentation du nombre de visites, d'autre part en supprimant le travail bureaucratique de saisie le soir puisque tout se fait instantanément en présence du client.

La transformation comme justification de l'agilité d'infrastructure

Le contexte est bien différent chez Morpho mais, là encore, l'agilité a été la bonne réponse. Au sein de ce groupe, les contrats valent souvent plusieurs milliards d'euros et impliquent des obligations de maintenance durant cinq à dix ans pour des environnements techniques extrêmement hétérogènes.
Par ailleurs, développement et exploitation constituaient deux silos bien séparés aboutissant à des difficultés pour maintenir les solutions vendues. Sans oublier que l'innovation était un sujet récurrent mais... sans réelle concrétisation. Jean-Charles Jorel en a déduit : « nous nous sommes dit qu'il fallait changer la donne et nous avons alors cherché une solution. »

Déployer chacun son petit datacenter à soi

Une règle impérative a été fixée : « toute personne dans l'entreprise doit pouvoir toucher le produit d'un client en moins de dix minutes ». Avec l'architecture mise en place, toute personne habilitée peut créer, sur le datacenter, en un clic une copie de l'environnement du client et interagir avec. « Nous avons fait sauter les blocages empêchant aux utilisateurs d'accéder aux environnements dont ils ont besoin » s'est réjoui Jean-Charles Jorel.
Pour atteindre cet objectif, Morpho met en place 40000 machines virtuelles par mois (VM) sur un millier de datacenters virtuels pour 400 utilisateurs sur un cloud privé de 250 serveurs physiques via une infrastructure sous OpenStack. Cette architecture a permis de déployer une démarche DevOps. Jean-Charles Jorel a précisé : « désormais, c'est comme si chacun avait son propre data center où il pouvait faire ce qu'il veut ; quand quelqu'un rentre dans la société, on lui donne les clés de son datacenter où il déploie ce qu'il veut en quelques clics. » Dans une sorte de market-place, les utilisateurs peuvent même s'échanger des composants.

Réguler par l'extinction

Avec une telle méthode, les datacenters peuvent se multiplier anarchiquement à l'infini, ce qui finit par consommer beaucoup de ressources. Il est donc nécessaire de réguler. « Tous les mois, nous éteignons toutes les machines virtuelles et nous voyons celles qui sont redémarrées ; celles qui ne le sont pas sont archivées et détruites au bout d'un an » a décri Jean-Charles Jorel.
Tous les mois, la valeur effective de l'infrastructure est ainsi validée puisque les utilisateurs redémarrent manuellement ce dont ils ont besoin. Dans la relation client, l'architecture n'est cependant pas encore facilement transférable du datacenter virtuel interne au datacenter du client. « On adorerait, peut-être que ça viendra avec Docker » a espéré Jean-Charles Jorel.
De ce fait, le client peut juste bénéficier de l'architecture pour valider les différentes étapes de développement. Mais le déploiement chez le client -en dehors des cas où Morpho est prestataire SaaS- doit se refaire de zéro. Les redéploiement réguliers sont donc d'excellents tests d'orchestration démontrant que tout est maîtrisé de ce point de vue.
Et une telle démarche d'architecture agile a permis de garantir un développement parfaitement solide. A chaque redéploiement, les bogues aléatoires peuvent être détectés. Et des tests peuvent être multipliés sur des environnements rendus volontairement déficients.
Un déploiement complet de datacenter virtuel va de quinze minutes à deux heures. Beaucoup des déploiements sont lancés durant la nuit ou le midi.

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