Aéroports de Paris mise sur la 4G privée pour optimiser ses pratiques
Roissy et Orly se sont dotés d'un réseau mobile dédié permettant à ADP, mais aussi aux milliers de sociétés intervenant sur ces aéroports, d'optimiser leurs opérations. Et de pallier les faiblesses du WiFi dans ces environnements.
PublicitéAvions, véhicules, conteneurs, terminaux équipant le personnel, capteurs pour évaluer la saturation de certains points de passage clefs du public... : sur un aéroport, les communications temps réel sont devenues, au fil des ans, des vecteurs essentiels d'efficacité. Surtout quand on sait que le seul Roissy emploie entre 70 000 et 120 000 personnes, représentant quelque 3 000 entreprises.
C'est ce qui a poussé le groupe ADP (anciennement Aéroports de Paris) à demander à sa filiale Hub One de déployer un réseau 4G privé sur ses plateformes aéroportuaires de Roissy et d'Orly, sur lequel se connectent plus de 5000 utilisateurs à ce stade (dont 10% sont des abonnements MtoM). L'opérateur, pour qui l'aérien ne pèse désormais plus qu'environ 40% du chiffre d'affaires, a mis en service un réseau 4G couvrant 55 kilomètres carrés en extérieur et 2 millions de mètres carrés indoor. « Le WiFi touche ses limites, indique Guillaume de Lavallade, le directeur général de Hub One. Tant en extérieur qu'en intérieur. »
Devant l'emplacement de parking des avions, Hub One a ajouté une antenne 4G (le boîtier blanc à droite de l'écran) pour densifier le réseau sur ces zones où les besoins de connectivité sont très importants. (Photo : R.F.)
Hub One exploitait, par exemple, des points d'accès WiFi sur les zones de parking des avions, où de nombreux métiers différents ont besoin de connectivité. « La couverture n'était pas satisfaisante. En passant à la 4G, ces problématiques se sont évanouies », souligne le DG. En intérieur, le WiFi rencontrait d'autres obstacles, en particulier dans les sous-sols de l'aéroport autour du trieur de bagages. Un monstre de métal se déployant sur 3 niveaux de tapis où le signal WiFi était pollué par les interférences. La 4G et sa technique de multiplexage dite Mimo (soit entrées multiples, sorties multiples) permet désormais au signal de traverser les espaces du trieur sans difficulté.
Le WiFi peu adapté aux usages professionnels
Au total, une vingtaine d'antennes assurent la couverture des deux plateformes aéroportuaires parisiennes, complétées par une centaine d'antennes secondaires « pour densifier le réseau », dit François Munerot, directeur adjoint d'activité Mobile Pro de Hub One. Le premier service ouvert sur la 4G privé ? La géolocalisation des 400 véhicules qui parcourent les pistes, pour l'application anticollision et de signalement embarquée dans ces derniers. « Et cette application est couplée en temps réel au système de géolocalisation des avions », indique le responsable. Toujours sur les pistes, ADP a déployé un réseau de capteurs spécialisés (pollution, bruit, adhérence de la piste...), dont la connectivité est elle aussi en train de migrer vers le réseau 4G.
Publicité
Le trieur automatisé de bagages situé sous l'aéroport de Roissy où les bagages sont acheminés vers l'avion sur des chariots jaunes. Un environnement très défavorable à la propagation des ondes WiFi. (Photo : R.F.)
S'y ajoute la couverture des espaces intérieurs, comme celle du métro interne permettant de passer d'un terminal à l'autre. La couverture a d'abord été assurée par le réseau tétrapol (norme principalement implémentée dans des matériels utilisés par des forces de sécurité, NDLR), qui permettait de transférer peu de données, puis par des bornes WiFi, qui se sont révélées peu adaptées aux usages professionnels dans une rame de métro, engendrant des coupures dans les communications. « La 4G gomme ce problème, amenant à la fois la capacité pour les utilisateurs à être mobiles, des débits de transfert de données confortables et des garanties de niveau de service », détaille François Munerot. Hub One doit également couvrir des zones bien plus complexes d'un point de vue de la propagation des ondes, comme ce que le responsable appelle l'indoor profond. Par exemple, cette galerie technique située dans les sous-sols de Roissy, pour laquelle l'opérateur utilise un câble rayonnant, sur lequel il a adapté la 4G. Cette technique permet notamment d'offrir aux services de sécurité une couverture résiliente même en cas d'incendie dans une section de la galerie.
Une connectivité permanente pour préparer les avions
Devant le nez des avions au parking, ADP a également déployé des antennes afin de servir les besoins des quelque 30 métiers qui se relaient pour préparer les appareils pour les prochains vols. « Par exemple, les données de ravitaillement en essence - volume, mais aussi qualité du carburant - sont transmises au pilote pour qu'il puisse établir son devis de masse, préalable à chaque vol », illustre François Munerot. Sans oublier les enjeux d'efficacité opérationnelle, puisque les différentes interventions doivent s'enchaîner dans le bon timing et dans le bon ordre. C'est ce que, dans le jargon de l'aviation, on appelle le jalonnage. Pour ce dernier, Air France, qui représente environ 30% des vols à Roissy, mobilise jusqu'à 70 applicatifs. « Pour ces applications, une connectivité permanente est requise », reprend François Munerot.
Exporter la technologie dans les ports ou l'industrie lourde
« Nous étions les seconds à postuler pour une licence 4G/5G pour un réseau privé, après EDF, reprend Guillaume de Lavallade. Nous avons déployé en 4G, en raison du prix des équipements et de la disponibilité de terminaux spécialisés compatibles à des prix raisonnables. » D'autant que les caractéristiques de la 4G, avec sa latence de 8 ms en moyenne, sa fréquence dédiée et ses garanties en matière de sécurité, répondaient aux attentes d'ADP. Pour le DG, la 5G privée s'inscrit plutôt à l'horizon 2030, « quand on aura besoin de davantage de fréquences et de réseaux hybrides », permettant de faire cohabiter plusieurs réseaux logiques virtualisés et indépendants sur la même infrastructure physique.
Après avoir déployé la 4G à Orly et Roissy, Hub One envisage d'exporter cette technologie sur d'autres infrastructures ayant des besoins comparables. En particulier les ports ou l'industrie lourde. « Des acteurs qui rencontrent les mêmes problématiques que les aéroports », estime Guillaume de Lavallade.
Article rédigé par
Reynald Fléchaux, Rédacteur en chef CIO
Suivez l'auteur sur Twitter
Commentaire
INFORMATION
Vous devez être connecté à votre compte CIO pour poster un commentaire.
Cliquez ici pour vous connecter
Pas encore inscrit ? s'inscrire