Projets

A Compiègne, le DSI de l'Agglomération fait lui aussi sa transformation

A Compiègne, le DSI de l'Agglomération fait lui aussi sa transformation
A Compiègne, le grand enjeu des annés à venir sera l'accompagnement au changement pour le DSI Sylvain Manabre (photo : agglomération de Compiègne).

Mise en commun des services, conduite du changement, poids des infrastructures : le DSI de Compiègne détaille ses priorités.

PublicitéLieu commun ou véritable levier, le thème de la transformation digitale fait florès dans les grands groupes privé. Selon un sondage réalisé pour le salon ROOMn, 69% des 170 entreprises interrogées estiment que leur transformation digitale est en bonne voie, 87% que l'information sur le sujet crée un contexte stimulant, mais, pour 84% d'entre eux ce climat engendre aussi des urgences artificielles ! Qu'en est-il dans les collectivités locales ? Certaines innovent et se transforment sans bruit comme en témoigne l'agglomération de Compiègne et son DSI, Sylvain Manabre.

Une direction qui gère, pour l'agglomération elle-même et la ville centre, 1 000 postes de travail, 300 téléphones mobiles, plus de 200 téléphones fixes, 80 serveurs mutualisés, une centaine de sites. Voilà pour la photographie. Derrière, la DSI pilote et répond aux demandes, une agglo de cette taille représente 800 agents, 70 bâtiments connectés entre eux (écoles, crèches, police, musées, piscines...) et 60 progiciels métiers très divers (état civil, portail famille, scolaire, petite enfance, permis de construire, bibliothèques...). Sans oublier des aspects particuliers comme la vidéoprotection.  Il faut gérer, maintenir, accompagner et surtout moderniser, avec un budget contraint.

Finalement les points communs avec le privé ne manquent pas, c'est la mission remplie et le contexte qui diffèrent du tout au tout. Une vie de DSI c'est peut-être moins de grands projets comme dans un groupe privé, mais plus de diversité et beaucoup de doigté dans l'exercice. La DSI doit faire partager ses projets et aboutir avec les usagers externes, les agents en interne, les équipes de la DSI et les élus. Elle gère l'informatique proprement dite mais aussi une infrastructure non négligeable : datacenters, télécoms, réseaux.

Du SI hors les murs

Une DSI qui a une dimension grand public avec quatre espaces cyber-base : des espaces publics de prise en main d'outils et usages numériques par les citoyens lambda. Ils existent dans de nombreuses collectivités territoriales. A Compiègne, ils fonctionnent en partenariat avec des organismes d'Etat pour former les citoyens sur les démarches en ligne : avec la CPAM (ameli.fr) ou pôle emploi, pour faire sa déclaration d'impôts, rechercher un emploi, savoir se servir des réseaux sociaux.  « Les espaces cyber-base, c'est du SI hors les murs », note Sylvain Manabre.

Le DSI a eu l'idée de créer le pendant interne des espaces cyber-base en créant son propre service d'accompagnement numérique du personnel. Certes, tout le monde cotise au CNFPT (Centre National de Formation à la Fonction Publique Territoriale), mais un accompagnement en local sur les compétences s'avère très profitable. « Beaucoup s'y précipitent pour mieux prendre en main leur PC, tablette, iPhone, badge ou téléphone. On travaille aussi sur des journées d'intégration et on sensibilise à la cybersécurité ou à la gestion des données en profondeur ».

PublicitéDeuxième grand chantier, l'étude du passage de la DSI actuellement « mutualisée » entre l'agglo et la ville centre (Compiègne) à un « service commun » pour l'ensemble des 22 communes de l'agglomération. Les plus excentrées d'entre elles restaient à l'écart de la mutualisation d'où l'idée de leur proposer une offre de service commune. La DSI assurera ainsi toutes les missions qu'elle gère auprès de toutes les communes. Non pas tel ou tel service, mais tous les services. Ce ne sera pas une DSI à la carte.

Un DPO externalisé

Il reste évidemment quelques détails à régler... une opération aussi compliquée dans un contexte de collectivité territoriale prend un an. Elle sera normalement achevée au 1er janvier 2019, après un audit par un cabinet extérieur et le vote par l'ensemble des collectivités de l'agglomération du montage juridico-financier à prévoir pour la mise au point d'une convention. D'autres projets de services seront mis en commun, comme le DPO externalisé pour répondre au Règlement européen RGPD sur la protection des données personnelles. Par ailleurs, certaines infrastructures, d'ores et déjà mutualisées entre l'agglomération et la ville (comme le système de sauvegarde, les télécoms, les infrastructures de stockage...), pourront être immédiatement profitables aux nouvelles communes.

Le volet financier est évidemment délicat. « Nous souhaitons avoir une vision globale de l'ensemble des dépenses actuelles des communes afin de leurs proposer des projets ou marchés sources d'économies sur leurs charges de fonctionnement » lance sereinement Sylvain Manabre. Mais le but est bien de faire bénéficier toutes les communes des services avancés de la DSI et de l'expertise. « Le SI est un levier pour apporter des solutions à travers ses outils ».

Priorité à la conduite du changement

Avec un tel projet, elle doit plus particulièrement travailler la conduite du changement en modifiant ses méthodes de travail. « Cet accompagnement sera le grand enjeu de la DSI pour les années qui viennent » souligne Sylvain Manabre. Comme toute DSI, la sienne refond ses RH, avec beaucoup de départs en retraite, des besoins en compétences nouvelles (infra et gestion de projets notamment), mais des budgets serrés. Un tryptique très proche de celui des DSI du privé.

Dans ce contexte, la transformation  numérique est passée par exemple par la création d'un poste de chef de projet numérique à la Bibliothèque. La DSI a également détaché la formation aux usages numériques du service support, ce qui permet à ce dernier de travailler sur des niveaux 2 et 3 et à la formation de prendre du poids dans l'accompagnement interne. La DSI implique les métiers dès le début des projets afin de les rendre plus opérables. Et Sylvain Manabre fonctionne en réseau, fait sa veille avec ses confrères de Senlis, Beauvais ou Lille (où il a été chef de projet). Il se rend sur des salons.

« La DSI de collectivité territoriale se distingue par la multiplicité et même le foisonnement des projets et des métiers concernés ». Un métier qui a fortement évolué. A son arrivée en 2002, pressé de développer des projets, Sylvain Manabre a préféré commencer par créer  530 prises informatiques, la base avant de passer à autre chose ! Une DSI doit savoir s'imposer, identifier et rattraper les retards à son arrivée, être attentive mais vigilante vis-à-vis des fournisseurs : « il y a  des technologies où il est urgent d'attendre, sinon gare à la déception ». Une allusion aux technologies  d'accélération  de réseaux de l'époque moins performante que la fibre optique. En interne aussi, il faut peser, se battre par exemple pour supprimer des imprimantes, « notre plus grosse source d'économies ».

Partager cet article

Commentaire

Avatar
Envoyer
Ecrire un commentaire...

INFORMATION

Vous devez être connecté à votre compte CIO pour poster un commentaire.

Cliquez ici pour vous connecter
Pas encore inscrit ? s'inscrire

    Publicité

    Abonnez-vous à la newsletter CIO

    Recevez notre newsletter tous les lundis et jeudis