Stratégie

10 erreurs liées au cloud qui peuvent couler votre entreprise

10 erreurs liées au cloud qui peuvent couler votre entreprise
De nombreux responsables IT considèrent la migration vers le cloud comme un projet conventionnel, avec des dates de début et de fin fixes. A tort. (Photo : Alwi Alaydrus/Unsplash)

Planification défaillante, enthousiasme débridé pour le modèle, mauvaise anticipation des coûts... Il suffit d'une seule erreur pour que votre stratégie cloud s'effondre. Voici un aperçu de ce qu'il ne faut pas faire en la matière.

PublicitéLe cloud a changé à jamais l'IT et le monde des affaires. Généralement pour le meilleur. Mais lorsqu'il est mal utilisé, le cloud peut se retourner contre vous, entraînant un sérieux recul de votre activité ou, dans le pire des cas, des dommages à long terme sur votre activité et votre position face à la concurrence. Il est essentiel de veiller à une bonne utilisation du cloud dans l'environnement économique actuel, où les enjeux numériques sont élevés et le rythme de transformation des entreprises par la technologie effréné. Tirez les leçons des dix erreurs suivantes et faites de votre mieux pour ne pas les répéter.

1. Une mauvaise planification

Les entreprises risquent d'avoir des problèmes si elles n'ont pas de stratégie détaillée en matière de cloud. « Il est essentiel d'adopter une approche architecturale pragmatique et structurée lors du passage au cloud », explique William Peldzus, directeur sénior et responsable du centre d'excellence de l'ESN Capgemini Americas. Définir sa stratégie de migration vers le cloud est impératif, ajoute-t-il : « des designs d'architecture bien conçus et une préparation adéquate permettront d'éliminer des jours, voire des semaines ou des mois, de dépannage et de débogage »

Selon William Peldzus, progresser même via de petites étapes permettra à une organisation de réussir son passage au cloud. Il est également important de tirer les leçons des erreurs commises en cours de route, de la planification à la migration. « Ceux qui tentent de 'sauter dans le nuage' et de tout comprendre à la volée ne réussiront pas », prévient-il.

2. Une mauvaise compréhension de la migration

La migration vers le cloud n'est pas un processus unique. « Il s'agit d'un voyage continu avec des questions complexes et interdépendantes, déclare Karthik Narain, responsable du cloud chez Accenture. De nombreux responsables IT considèrent, à tort, la migration vers le cloud comme un projet conventionnel, avec des dates de début et de fin fixes. Pourtant, une étude récente d'Accenture montre que 32 % des entreprises qui considèrent leur migration vers le cloud comme achevée laissent en fait s'échapper de la valeur tout en mettant leur organisation en danger. « Une focalisation étroite sur les économies budgétaires peut placer les entreprises dans une position concurrentielle désavantageuse par rapport à celles qui utilisent le cloud de manière plus stratégique, en exploitant ses nombreuses déclinaisons, publiques, privées ou sur des infrastructures Edge, analyse Karthik Narain. En fait, nos recherches montrent que les [organisations] qui considèrent le cloud comme un levier stratégique réduisent davantage leurs coûts que celles qui se concentrent uniquement sur l'efficacité. »

Publicité3. Sous-estimer les coûts du cloud

On croit souvent que la migration vers le cloud permet systématiquement de réaliser des économies immédiates. C'est faux. « En réalité, la migration vers le cloud est coûteuse et le fait de ne pas avoir une vision complète de tous les coûts peut même faire couler une entreprise », prévient Aref Matin, CTO de la maison d'édition John Wiley & Sons. La migration permet souvent de réaliser des économies, mais au prix d'une planification minutieuse et détaillée. Toutefois, au fur et à mesure que la migration vers le cloud progresse, des coûts cachés apparaissent et se multiplient inévitablement. « Vous devez vous assurer, dès le début du projet, que vous disposez d'un budget complet et holistique pour le cloud », conseille le CTO.

Les coûts annexes apparaissent sous différentes formes. Parfois, ils sont visibles, comme le coût de l'abandon d'un centre de données existant. D'autres sont loin d'être aussi évidents à évaluer en amont. « Par exemple, le coût des compétences, y compris les réorientations professionnelles, les formations, les certifications et le recrutement d'experts de bon niveau. Sans oublier la réorganisation de la structure de l'entreprise », explique Aref Matin. « Toutes ces dépenses doivent pourtant être prises en compte dans votre planification ».

4. La complaisance à l'égard du cloud

La première ère du cloud touche à sa fin. La plupart des entreprises ont déjà mis en place une forme ou une autre d'usage de ce type d'environnement, observe Ronen Schwartz, directeur général et vice-président senior du stockage cloud chez NetApp. Le cloud se trouve aujourd'hui à un point d'inflexion, selon ce dernier. De nombreuses entreprises conservent encore des quantités importantes de données et d'applications sur site, même si elles poursuivent leur migration vers le cloud. Selon Ronen Schwartz, nombre de ces entreprises abordent maintenant des formes évoluées d'usage du cloud - des environnements hybrides multicloud dans lesquels les services cloud sont entièrement intégrés à l'architecture et aux opérations de l'organisation.

« Une approche qui vise à faire tomber les silos pour simplifier la gestion de ces environnements et permettre l'observabilité partout, explique Ronen Schwartz. Le nuage évolué est exactement comme son nom le suggère : il ne s'agit pas d'un état final. » Une fois qu'une entreprise entre dans cette phase, le vice-président de NetApp recommande en effet d'aller plus loin pour éviter la stagnation. « Si une organisation a migré des applications, elle peut maintenant les remanier pour les adapter au cloud, illustre-t-il. Si elles sont déjà remaniées, les entreprises peuvent maintenant les optimiser en termes de performances ou de coûts ». Dans les deux cas, Ronen Schwartz conseille d'évoluer avec le cloud, en tirant parti des nouveaux services qui y apparaissent.

5. Faible accessibilité des données

L'un des principaux défis auxquels sont confrontées les grandes entreprises réside dans l'exploitation de données réparties dans des systèmes disparates. « S'assurer que les données sont accessibles et sécurisées dans des environnements multiples, sur site ou sur des applications fonctionnant sur le cloud, est un casse-tête de plus en plus fréquent », note Darlene Williams, DSI de l'éditeur de logiciels Rocket Software. Elle note ainsi qu'une enquête menée auprès des utilisateurs de mainframe souligne que 80 % d'entre eux estiment cette technologie toujours essentielle aux activités de leur entreprise.

L'abandon des données stockées sur les systèmes existants peut priver les métiers de l'accès à des informations potentiellement précieuses. Pour Darlene Williams, les entreprises qui se tournent trop rapidement et massivement vers le cloud risquent d'oublier la valeur des données stockées sur le legacy.

6. La prolifération des plateformes

Dans la mesure du possible, les responsables IT devraient consolider et fusionner les services basés sur le cloud afin de réduire les coûts et d'éviter la prolifération des plateformes, explique Wayne Carter, vice-président de l'ingénierie chez Couchbase, fournisseur de technologies de bases de données dans le cloud. « Par exemple, plutôt que d'utiliser plusieurs bases de données, une base de données multimodale peut gérer différents types et modèles de données à partir d'un seul backend intégré et éviter ainsi la prolifération des données et les dépenses inutiles ». Wayne Carter conseille aux DSI d'examiner en profondeur leur organisation pour comprendre comment les ressources logicielles sont utilisées. « Ils peuvent ainsi découvrir qu'il existe des logiciels pour lesquels plusieurs licences peuvent être ajoutées afin d'élargir l'usage de cette technologie à plusieurs équipes au sein de l'entreprise. »

7. Sécurité insuffisante

Une sécurité insuffisante peut transformer une initiative prometteuse en un cauchemar informatique. « Pour éviter les erreurs liées à la sécurité du cloud, il faut comprendre votre environnement et s'assurer que les garde-fous appropriés sont bien en place pour protéger votre infrastructure contre les menaces de sécurité externes et internes », déclare Emmanuel Nnodim, architecte cloud chez SPR, une société de conseil en informatique.
Ne pas se prémunir efficacement contre les menaces externes et internes peut s'avérer fatal, car toute attaque peut mettre en péril la réputation de l'organisation, affaiblir la confiance des clients et entraîner d'importantes pertes financières. Emmanuel Nnodim recommande d'intégrer une évaluation approfondie de la sécurité à chaque étape de la planification de la stratégie cloud.

8. Un enthousiasme débridé

De nombreuses entreprises considèrent le cloud comme une technologie miracle, minimisant les besoins de planification et la quantité de travail à fournir pour relever les défis de conception et d'exploitation liés à tout projet IT. « Lorsque les entreprises rencontrent ces difficultés, elles peinent à trouver les compétences et l'expérience nécessaires pour y remédier », observe Sunil Moorjani, directeur au sein du cabinet de recherche et de conseil en technologie ISG.

Mais pour Sunil Moorjani, ces espoirs placés dans le cloud sont souvent déçus, l'arrivée d'environnements multicloud, combinée à une pénurie persistante de talents, rendant le déploiement et la gestion du cloud encore plus complexes. En conséquence, de nombreuses entreprises n'obtiennent pas les résultats escomptés de leur stratégie "cloud first". Selon ISG, près de 70 % des personnes interrogées dans le cadre d'une récente enquête du cabinet ont atteint moins de 20 % de leurs objectifs principaux. Et nombre d'entre elles ont enregistré d'importants dépassements de budget et n'ont pas respecté les échéances qu'elles s'étaient fixé.

Même lorsqu'ils envisagent l'adoption du cloud en termes réalistes, de nombreux responsables informatiques ne comprennent pas qu'il ne s'agit pas là d'un simple exercice technique. « Les entreprises doivent également faire attention aux obligations contractuelles », prévient Sunil Moorjani. Et de relever que les contrats pluriannuels peuvent enfermer les clients non avertis dans des modèles de consommation coûteux et rigides.

9. Une migration précipitée

Les entreprises qui migrent trop rapidement vers le cloud ont tendance à privilégier une approche "lift and shift", sous-estimant les surcoûts à long terme de ce choix, liés à l'absence d'optimisation des applications pour les environnements cloud. « Les entreprises qui se lancent dans cette transformation sans avoir mis en place les étapes appropriées seront pénalisées par des coûts sur le cloud supérieurs de 10 % à la moyenne, des délais de livraison des applications legacy pouvant aller jusqu'à 400 %, des vulnérabilités à haut risque et des exigences de maintenance et de conformité stupéfiantes », prévient Marco Roman, responsable des opérations pour l'Amérique du Nord chez e-Core, un fournisseur de services de conseil et de développement technologique. « Prendre des raccourcis dès le départ de la migration s'accompagne de risques plus élevés : c'est une évidence ».

10. Ne pas regarder vers l'avenir

Le cloud continue d'évoluer, en supportant et en améliorant les opérations de l'entreprise d'un nombre de façons sans cesse croissant. Les entreprises doivent garder ce facteur à l'esprit, en alignant leurs stratégies métiers sur le multicloud, le cloud déployé sur des infrastructures Edge et autres avancées, conseille Matthias Loh, responsable de la technologie pour le secteur de la finance au sein de la société de conseil EY Americas.

Alors que les DSI continuent à affiner leur stratégie de cloud, ils doivent réfléchir à la meilleure façon de préparer l'avenir via une architecture cloud évitant les silos, stimulant une croissance rentable et maintenant l'efficacité, la sécurité et la transparence. « Disposer d'un cadre clair sur la meilleure façon d'aborder les risques et les coûts associés au cloud s'avère indispensable », ajoute Matthias Loh.

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