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Météo France choisit un SGBD-R libre pour baisser ses coûts sans se dépayser

Météo France choisit un SGBD-R libre pour baisser ses coûts sans se dépayser
Michel Edwell, ingénieur DBA à la direction des systèmes d'information de Météo France, est responsable de la migration des bases de données.

Pour éviter l'explosion des coûts de licence du SGBD-R d'Oracle, Météo France a opté pour une bascule intégrale sous PostGreSQL. Ce dernier est utilisé dans l'établissement depuis le début des années 2000. Les versions actuelles de ce logiciel libre sont suffisamment riches et matures pour remplacer le SGBD-R propriétaire.

PublicitéÉtablissement public à caractère administratif, Météo France compte environ 3150 agents pour un budget de 370 millions d'euros. Actuellement, ce budget est couvert par une subvention de 205 millions d'euros et des recettes commerciales. Le modèle économique de l'établissement est cependant en voie d'ajustement avec de plus en plus de données mises à disposition gratuitement. Et d'une manière générale, comme dans tout le secteur public, la pression pour réduire les coûts est forte. De ce fait, il n'était pas envisageable d'accroître les coûts de licence et de maintenance du SGBD-R d'Oracle à l'occasion d'une évolution du système d'information.
Météo France étant déjà largement utilisateur de PostGreSQL depuis l'orée des années 2000, c'est bien entendu vers cette technologie que l'établissement s'est dirigé. « Nous utilisions des bases de données Oracle depuis les années 80 et, au début des années 2000, nous estimions que PostGreSQL n'était pas suffisamment mature pour nos systèmes critiques » se souvient Michel Edwell, ingénieur DBA à la direction des systèmes d'information de Météo France. La situation a cependant bien changé. En tout, les bases de données représentent 80 To de données dont une base de données qui, à elle seule, représente 15 To.
À l'inverse, une technologie de type Hadoop n'a pas été jugée pertinente pour l'instant. En effet, Météo France dispose d'une longue expérience de PostGreSQL et tenait à conserver une logique SGBD-R pour son parc applicatif, sans basculer sur une autre logique -de type big data- simultanément à un changement de base de données.

Deux sites, deux systèmes

Comme d'autres établissements ayant un métier largement dépendant de l'IT (DGAC), Météo France possède deux systèmes d'information. Le premier est relatif à l'administration, sans particularité remarquable par rapport à ceux de bien d'autres établissements. Le second est celui nécessaire au métier, c'est-à-dire au calcul et à la délivrance des prévisions météorologiques. De plus, Météo France a installé ses systèmes d'information sur deux sites, l'un situé en région parisienne au siège de l'établissement, à Saint-Mandé, l'autre dans la région de Toulouse. En dehors des PCA/PRA, le site toulousain est globalement dédié au SI métier (c'est là où se situent les calculateurs), celui de Saint-Mandé plutôt au SI administratif.
Les bases de données Oracle sont utilisées autant dans le SI métier que dans le SI administratif. Ces bases sont plutôt réservées aux usages critiques (gestion des données d'observations, des prévisions, des images satellites, etc.) pour un total d'une dizaine de serveurs. À l'inverse, PostGreSQL est, depuis le début des années 2000, déjà largement utilisé sur d'autres systèmes : la gestion de la vigilance (alertes météorologiques), le portail de données publiques, l'outil principal des prévisionnistes, etc. soit un total d'une centaine de serveurs. « Oracle, c'est la Rolls des bases de données » s'exclame Michel Edwell. De fait, une Rolls, cela coûte cher sans que ce soit forcément nécessaire.

PublicitéLe moteur du projet : la réduction des coûts

Très clairement, la migration d'Oracle vers PostGreSQL a une motivation essentiellement financière. Michel Edwell observe : « nous allons gagner environ un million d'euros sur cinq ans ». De plus, l'utilisation croissante de logiciels libres fait partie d'une tendance de fond lorsqu'une telle utilisation est pertinente.
Le projet a des contraintes techniques fortes, notamment, dans certains cas, sur la réplication avec des slots programmés. Météo France a donc été tenu d'utiliser des versions récentes, en particulier PostGreSQL 9.5, qui permettent de répondre aux exigences.
Pour assurer la maintenance en interne, six ingénieurs ont été formés à PostGreSQL en avant-projet. Cependant, un support a été acquis pour accompagner les choix techniques dans le cadre d'un marché public à procédure adaptée (MAPA) d'une valeur de 110 000 euros HT attribué à la société 2nd Quadrant. Le projet en lui-même est estimé à 650 jours.hommes. Il s'inscrit également dans le cadre d'un renouvellement des serveurs, aujourd'hui en architecture x86/64 Intel, avec du Linux Red Hat. « Les calendriers de renouvellement des serveurs et des bases de données étaient bien calés » se réjouit Michel Edwell. Celui-ci estime le retour sur investissement à quatre ans, soit un peu moins de deux ans hors coûts de personnel.

Plusieurs étapes jusqu'en 2017

Les bases de données consacrées à l'analyse et aux prévisions seront totalement migrées début 2016. Les processus nécessaires aux autres migrations sont validés et le changement de bases de données s'opérera de 2016 à fin 2017. En premier, Météo France va migrer la chaîne de production et ensuite seulement les données climatologiques. Pour ces dernières, il y a une difficulté particulière liée à l'accès en modification via le web qui a motivé le fait que la migration soit repoussée en fin de programme.
Météo France a décidé de largement s'investir dans PostGreSQL. Au delà de la migration de ses bases Oracle vers cette plate-forme libre, les ingénieurs de l'établissement vont participer à la communauté. Il est également envisagé de profiter du centre de congrès interne de l'établissement pour y organiser un séminaire PostGreSQL en 2017.

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