Les médias sociaux, bouée et poids pour les médias traditionnels
Les médias sociaux portent en leur sein des promesses et des menaces pour les médias traditionnels comme la presse ou la télévision. Les sixièmes Assises de la Convergence des Médias organisées par l'iDate et Aromates ont illustré ce débat vital.
Publicité« La population accède à l'information avec un niveau inédit dans l'histoire mais, paradoxalement, les médias traditionnels en pâtissent » a relevé Jacques Marceau, PDG du cabinet Aromates. Il s'exprimait aux sixièmes Assises de la Convergence des Médias organisées par iDate et Aromates le 20 décembre 2012 à Paris.
Ce paradoxe s'explique par l'émergence de modèles de délivrance de l'information reposant sur la gratuité, la désintermédiation et la dilution. Au premier chef, il faut bien sûr mentionner les médias sociaux et, plus spécifiquement, les réseaux sociaux. A cela s'ajoute la problématique de la multiplication des supports électroniques qui remplacent tout ou partie des supports traditionnels, dont le papier.
Renaître ou laisser mourir
Face à cette évolution, Patrice Martin-Lalande, député UMP de la deuxième circonscription du Loir-et-Cher, en déduit fort logiquement : « ce n'est pas l'avenir mais bien le présent des médias qui passe par leur socialisation et le multi-support ». Sa préoccupation, en tant que député, est de définir si les médias sociaux finiront par absorber et donc tuer les médias traditionnels ou bien si, au contraire, les premiers feront renaître les seconds.
« Selon la réponse, il faudra prendre les mesures budgétaires adéquates » observe le député qui visait clairement les aides à la presse. La notion même de chaîne de télévision, par exemple, semble vouée à disparaître tant les contenus devront être disponibles à la demande sur le terminal de son choix.
Et la consommation des contenus ne se fait plus isolément : l'heure est au « multi-tâche » pour le spectateur. Il n'est plus rare de voir quelqu'un « tweeter en live » durant une émission de télévision en utilisant son smartphone ou sa tablette.
« La fameuse Télévision Interactive, tant attendue depuis des années, pourrait ainsi passer par l'usage simultané de la télévision et d'un terminal compagnon » déduit Jean-Dominique Seval, directeur général adjoint de l'institut d'analyse iDate (photo).
La télévision connectée majoritaire ...
La télévision connectée majoritaire
L'iDate estime que la télévision connectée, en tant qu'outil intrinsèquement multitâche, devrait se développer jusqu'à devenir majoritaire dans les prochaines années alors que son usage actuel est marginal.
Quatre idées fortes ont été avancées par Jean-Dominique Seval : il faut recréer un lien autour de la télévision alors que ce lien a été distendu, profiter d'une nouvelle vision de la recommandation, profiter de l'opportunité de mieux qualifier les audiences et enfin mettre au point de nouvelles formes de publicité. Celles-ci devront associer la force de la publicité de masse apportée par la télévision et le ciblage permis par Internet. De plus, les contenus sont d'autant plus consommés qu'ils sont recommandés entre relations (ou « amis »).
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La vie des contenus passe par le partage
Côté chaines de télévision, il faut également changer de point de vue. Pour Bruno Patino, directeur général délégué au développement numérique et à la stratégie de France télévision et directeur de France 5, « enfermer des contenus dans une cathédrale, c'est les tuer car la cathédrale est vide ». La diffusion des contenus passe de plus en plus par un partage d'une expérience qui associe au contenu lui-même un usage et une interface.
Le directeur de France 5 défend une idée d'agilité, voire de succession d'essais avec d'éventuelles erreurs assumées comme telles a posteriori, face aux attentes des usagers.
Enfin, Bruno Patino relève que la question de l'avenir des médias en général et de la télévision en particulier est le plus souvent mal posée : « il ne faut pas se demander ce que la télévision connectée nous prépare mais ce que les personnes connectées préparent comme télévision ».
Les usages piloteront l'offre, pense-t-il. Et ces usages ont cessé d'être une télévision synchrone entre tous les membres de la famille. « Il n'y a plus d'unité de temps et de lieu » conclut-t-il.
Article rédigé par
Bertrand Lemaire, Rédacteur en chef de CIO
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