La Société Générale s'expose pour se protéger et innover


Les infrastructures au coeur de l'efficacité IT
C'est sans doute très à la mode de se préoccuper du digital. Bon. Mais il ne faudrait pas négliger l'essentiel, le concret, le solide, les fondations : les infrastructures. Ce sont ces infrastructures qui sont effectivement à la base de l'efficacité de l'IT. Numérique inclus.Cela implique de...
DécouvrirEn recréant son SI sous forme de briques ouvertes avec des API, la Société Générale protège son expertise tout en proposant plus de services.
Publicité« Il ne faut pas croire que la révolution numérique ne concerne que la banque de détail : il se passe aussi beaucoup de choses dans les autres métiers de la banque comme la banque privée ou les titres » a relevé Didier Valet, directeur de la Banque de Grande Clientèle et Solutions Investisseurs du groupe Société Générale. Il s'exprimait lors du rendez-vous Talk & Touch du 7 juillet 2016. Aux côtés de Alain Fischer, chief digital officer, et de Carlos Goncalves, DSI, il a présenté au cours de cette manifestation les évolutions considérables du SI de cette branche de la Société Générale autour du concept de Digital Office. Didier Valet a noté : « l'informatique est une part importante des frais généraux bancaires, entre 15 et 20% ».
Mais il a surtout insisté sur le fait que la révolution numérique ne se limite pas à ce que les clients voient, en gros les interfaces sur les systèmes publics « en tous lieux, à tous moments et sur n'importe quel appareil » (ATAWAD). Il y a, derrière, tout ce que les clients de voient pas directement, même si, bien entendu, ils en bénéficient. Et cela concerne en particulier la flexibilité (grâce au cloud) et la sécurité.
Le Digital Office pour mener la révolution numérique
Pour mener la révolution numérique globale, la Société Générale a mis en place une cellule transverse dédiée baptisée Digital Office. Son objectif est à la fois de réaliser une veille technologique du marché pour repérer les innovations, de mettre en oeuvre la stratégie digitale du groupe, de superviser les projets, de communiquer pour faciliter la conduite du changement et enfin de promouvoir les experts digitaux au sein du groupe. Cette cellule est notamment animée par le CDO, Alain Fischer.
D'entrée de jeu, la Société Générale admet que le travail de refonte en cours est loin d'être achevé. On en reparlera dans quatre à six ans. Il s'agit en effet de réaliser un reingeniering complet du SI pour éliminer toutes les anciennes strates du legacy bancaire. Le chantier est donc particulièrement ambitieux. Et, au final, il s'agit bien de tout refondre avec une architecture basée sur de multiples briques interagissant via des API. L'objectif est d'atteindre une bien plus grande agilité avec le choix du continuous delivery mais pas seulement.
Les sept piliers de la sagesse digitale
Pour garantir la meilleure expérience au client, via les interfaces publiques ou grâce aux services mis en oeuvre, la Société Générale a défini sept piliers pour sa révolution numérique. Tout d'abord, exactement comme le Crédit Agricole avec son programme Nice (Nouvelle Informatique Communicante Evolutive), la Société Générale a choisi de développer des interfaces clients similaires aux interfaces utilisateurs internes, même si les droits d'usages restent différents et que, par conséquent, les fonctionnalités accessibles (via des onglets par exemple) resteront évidemment différentes. Cela amène -deuxième pilier- le choix d'une interface full web. « Le navigateur devient le poste de travail » a expliqué Alain Fischer.
Le point fondamental d'architecture est le troisième pilier : toutes les applications seront interconnectées et orientées services (API). Pour que les API soient utiles, il faut de ce fait appliquer des règles comme Google et ainsi passer d'une disponibilité, comme aujourd'hui, de 98% (même si tout le monde est content en interne) à un 99,99%. Evidemment -cinquième pilier- les indicateurs de mesure et d'analyse se doivent d'être pointus pour que le quatrième pilier soit effectif.
Grâce au troisième pilier, un sixième est possible : favoriser l'émergence d'idées innovantes. En effet, on peut s'appuyer sur les services existants via des API pour proposer de nouvelles offres de valeur. Alain Fischer a donné un exemple : « la banque a beaucoup d'informations sur les clients et leur en restituer un reporting peut en lui-même apporter de la valeur. Ainsi, pour des raisons réglementaires et de gestion, la banque calcule les taux de couverture de risques et leurs évolutions. Or, transmettre cette évolution de la couverture des risques à son client permet d'enchaîner un acte commercial pour accroître cette couverture. »
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Alain Fischer, chief digital officer de la Banque de Grande Clientèle et Solutions Investisseurs du groupe Société Générale, a affirmé : « désormais notre expertise reste en interne et nous savons ce que le client utilise. »
Toutes les fonctions, à terme, sont destinées à devenir accessibles via des API et bénéficier d'un SSO. Ne pas connaître les API disponibles freine leur usage. Il s'agit donc bien d'exposer clairement ces API sur des portails de configuration automatique pour multiplier les cas d'usages et donc les innovations en matière de services avec une facilité d'usage comparable à l'insertion d'un bouton Paypal sur un site web personnel. « L'interface utilisateur, c'est 5% du problème, le reste est la conception des briques et des API » a jugé Alain Fischer. De la même façon, la banque s'autorise à utiliser les API des FinTechs ouvertes pour enrichir ses services. Alain Fischer a observé : « quand le client d'Uber utilise Google Maps en encapsulation, il ne le voit pas et n'y porte aucun intérêt. »
Ce choix permet aussi de sécuriser le savoir-faire reconnu de la Société Générale. « Jusqu'à présent, nous envoyions des fichiers Excel à nos clients et partenaires, fichiers qui pouvaient arriver jusqu'à la concurrence alors qu'ils contenaient un savoir-faire au travers des macros et des formules ; désormais l'intelligence reste chez nous et on sait exactement ce qu'a fait notre client ou notre partenaire en utilisant l'API » s'est réjoui Alain Fischer.
Du cloud, oui, mais du cloud privé
De plus, les API permettent de facilement réutiliser les services disponibles. Carlos Goncalves a ajouté : « nous avons construit un démonstrateur avec Docker pour créer des conteneurs encapsulant des services afin de faciliter la réversibilité et l'indépendance vis-à-vis de nos fournisseurs d'infrastructure. » Pour l'instant, cependant, le recours à du cloud public reste une possibilité testée mais pas une réalité. Le cloud, à la Société Générale, est privé. « Et jamais nous ne mettrons des données clients dans le cloud public, ce sera juste du recours à de la puissance » a insisté le DSI.
Le cloud assure l'agilité d'infrastructure. Celle-ci vise, par exemple, à permettre d'absorber les pics de charge sur telle application à tel moment en ayant recours à de la puissance mise à disposition d'autres fonctions à d'autres moments. Pour le DSI, il s'agit d'être en mesure de provisionner ou de dé-provisionner des ressources aisément afin de garantir une parfaite élasticité des ressources face aux besoins à un instant t.
La mise en production banalisée
Côté développement, 60 à 70% sont aujourd'hui en mode agile. « En la matière, notre objectif est atteint » a indiqué Carlos Goncalves. Le véritable chantier actuel, pour accroître l'agilité, est le continuous delivery. Si les collaborateurs ont tous été formés à la méthode, c'est environ la moitié des développements qui utiliseront ce principe à la fin 2016. Les temps de mise à disposition d'un service nouveau ou modifié devront être au maximum de 2 à 4 semaines.
Le continuous delivery suppose une transformation à la fois IT et business. Il s'agit de faire du passage en production quelque chose d'anodin. Cela implique que tous les tests doivent être automatisés et rapides. Multiplier les mises en production permet de faire de petites mises en production régulières Du coup, « la trajectoire peut être adaptée si les livraisons ne satisfont pas totalement le client final » a déduit Carlos Goncalves.
La guerre des talents
Pour atteindre tous ces objectifs, les ressources humaines constituent un véritable enjeu pour la Société Générale. Il s'agit en effet de disposer des « meilleurs talents ». Et le groupe embauche ainsi 200 à 250 ingénieurs par an dont une centaine de juniors. Pour accueillir ce personnel croissant, une technopole appartenant au groupe va être mise en place à Val de Fontenay. Le déménagement des équipes se déroulera de septembre à décembre 2016 en abandonnant divers locaux loués un peu partout en Île-de-France.
Enfin, diverses innovations sont regardées par le groupe afin d'être prêt à les implémenter si cela devient pertinent ou possible. L'implémentation sera d'autant plus aisée si le SI est bien organisé en services exposés via des API. Typiquement, le Bitcoin et la Blockchain en font partie. « La blockchain repose sur trois technologies anciennes, la cryptographie asymétrique, la base de données distribuée et la gestion du consensus » a relevé Alain Fischer. Pour l'heure, la Société Générale mène des expérimentations pour voir les applications possibles de cette technologie. Mais le secteur bancaire est très réglementé et les cas d'usage, de ce fait, sont pour l'heure forcément très limités puisque l'existence d'une autorité centrale est en général obligatoire.
Article rédigé par

Bertrand Lemaire, Rédacteur en chef de CIO
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