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L'agilité IT indispensable face à des modes de création et de consommation bouleversés

L'agilité IT indispensable face à des modes de création et de consommation bouleversés
La Matinée Stratégique « La DSIaaS au service de l'agilité métier » a été organisée par CIO à Paris le 13 octobre 2015. Véronique Sinclair, DSI de la SACEM, y a témoigné.
Retrouvez cet article dans le CIO FOCUS n°106 !
La DSI agile au service de l'agilité métier

La DSI agile au service de l'agilité métier

L'agilité des développements (Scrum...), l'agilité des infrastructures (Cloudification...), l'agilité des mises en production (DevOps...)... bref, l'agilité IT, est une contrainte bien connue des DSI. Certes, il reste encore souvent bien du travail à faire. Mais la véritable agilité qui importe est...

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Lors de la conférence CIO « La DSIaaS au service de l'agilité métier », Véronique Sinclair, DSI de la SACEM (Société des Auteurs, Compositeurs et Editeurs de Musique), a apporté son témoignage sur les moyens adoptés pour évoluer avec les modes de consommation de la musique.

PublicitéLa SACEM (Société des Auteurs, Compositeurs et Editeurs de Musique) est une vieille dame fondée en 1851. Société civile utilisant le modèle de la coopérative, elle a pour objet la gestion collective des droits de propriété intellectuelle des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique qui sont ses adhérents. Réunir les artistes et éditeurs vise évidemment à leur donner du poids dans les négociations avec les exploitants ou les autorités mais aussi à mettre en commun des moyens pour gérer les droits et collecter les redevances. Ces moyens sont notamment informatiques. Mais la numérisation du marché de la musique a profondément changé la donne, y compris dans les outils informatiques nécessaires. La société doit donc adapter très vite des moyens pourtant très lourds par nature pour suivre les évolutions du marché.
Véronique Sinclair, DSI de la SACEM, est venue témoigner sur la Matinée Stratégique « La DSIaaS au service de l'agilité métier » organisée par CIO à Paris le 13 octobre 2015. Elle a ainsi pu expliquer comment la société s'était adaptée depuis quelques années.

Un répertoire considérable exploité sous de multiples formes

A ce jour, la SACEM regroupe 153 000 membres, soit 147 300 créateurs et 5700 éditeurs, dont 18530 de 163 nationalités étrangères. 4330 artistes ou éditeurs les rejoignent chaque année, soit plus de 12 par jour. Sur les 90 millions d'oeuvres du répertoire mondial, 1,7 million sont gérées par la SACEM dont les 172 700 de membres auxquelles s'ajoutent celles de la centaine de sociétés homologues étrangères ayant des accords avec elle.
De l'autre côté, les différents exploitants de la musique reversent des droits qui vont être répartis entre les membres de la SACEM. En 2014, les radios et télévisions ont reversé 320,4 millions d'euros contre 280,7 millions pour les concerts, discothèques et sonorisations. 76,4 millions proviennent des collectes des sociétés étrangères, 64,8 de la redevance pour copie privée, 56,7 de la reproduction (CD, vidéos...). Enfin, les redevances liées à une exploitation sur Internet représentaient 30,6 millions d'euros. Cette plus petite part est celle qui est ici au centre des préoccupations.

Nouvelles formes de création comme de consommation génèrent de nouveaux problèmes

La numérisation de la musique a entraîné une modification substantielle des modes de création et surtout une complexification importante tant de la création que de la consommation, donc de la gestion des redevances. « Les nouvelles formes de création rassemblent souvent une vingtaine d'ayant-droits sur une seule oeuvre » a noté Véronique Sinclair. Certains peuvent ne disposer que de quelques pour-cents des droits à verser tandis que d'autres peuvent en posséder la majorité ou une grosse part.
Selon les modèles économiques des plates-formes exploitant les oeuvres, les montants reversés à la SACEM varient beaucoup. Ces montants correspondent uniquement à la part due aux auteurs et compositeurs. Les producteurs -qui touchent une part importante- gèrent leurs droits autrement. La rémunération est en principe liée au chiffre d'affaires généré. Pour la diffusion d'une oeuvre ou la vente d'une copie (MP3...), la SACEM va ainsi être amenée à répartir quelques centimes d'euros sur potentiellement une vingtaine de personnes.
Véronique Sinclair a observé : « quand il s'agit de plates-formes professionnelles comme Deezer ou Spotify, ce n'est certes pas simple mais c'est encore gérable. Sur les plates-formes de contenus générés par les utilisateurs comme Youtube ou Dailymotion, c'est nettement plus compliqué. » En effet, ces dernières plates-formes n'identifient pas clairement les oeuvres ou leurs auteurs. L'innovation est alors obligatoire pour la société de gestion collective. « La charge de la preuve s'inverse par rapport au modèle traditionnel : sur les médias traditionnels, la SACEM collecte a priori et fait son affaire de la répartition des droits ; sur les plates-formes en ligne, nous devons revendiquer des droits » a expliqué la DSI. L'identification des oeuvres est donc cruciale, par exemple via la technologie de finger printing.
S'adapter à l'évolution du marché n'est pas une option pour la SACEM mais une obligation. L'agilité face aux évolution incessantes est tout autant obligatoire.

PublicitéCouvrir le besoin métier par l'agilité IT... sans coûter trop cher

Face aux besoins métier, la SACEM gère une informatique de type pseudo-bancaire. Il y a quelques années, les mainframes étaient incontournables avec une informatique autant complexe que celle de banques ou de compagnies aériennes et ferroviaires. Mais la SACEM doit rendre des comptes à ses sociétaires qui, comme il se doit, trouvent toujours que leur « chère SACEM » coûte fort cher en prélèvement sur les droits collectés et reversés. Eddy Mitchell l'avait d'ailleurs mentionné dans sa chanson « Lèche-bottes blues » dès avant le premier refrain.
« Les frais de gestion sont variables selon les types de droit mais représentent environ 16% des droits collectés, ce qui n'est pas mal par rapport à nos homologues étrangers » a mentionné Véronique Sinclair. Mais ce critère du coût n'est plus le seul pour un artiste qui souhaite choisir une société pour le représenter. Véronique Sinclair a ainsi indiqué : « le premier autre critère va être la transparence de l'information et donc son niveau de détail, où sont jouées les oeuvres, à quel moment... Les nouveaux services vont permettre de visualiser les sources de revenus. Et le deuxième critère va être la capacité de la société de gestion collective à négocier avec les grands acteurs internationaux du numérique, comme Youtube, Apple et Netflix. Et la SACEM, de ce point de vue, est souvent précurseur. »

Une évolution technologique impérative

La sortie du Mainframe a été lancée par le prédécesseur de Véronique Sinclair, Michel Allain. Mais l'évolution s'est évidemment poursuivie pour continuer de coller au mieux aux besoins métier très évolutifs. Dans un premier temps, le but poursuivi, notamment par la sortie du Mainframe, était de disposer d'une informatique moins coûteuse. Mais cela n'a plus suffi. « En 2012, nous avons pris conscience que la technologie était le meilleur moyen pour fidéliser nos sociétaires » s'est souvenu Véronique Sinclair. C'est en effet l'informatique qui permet de répondre aux nouvelles attentes des sociétaires comme la transparence de l'information ou la collecte des droits sur les nouvelles plates-formes.
De ce fait, si le coeur du SI devait évidemment être parfaitement sécurisé, le schéma directeur de 2014 a donné la part belle à l'organisation des données pour pouvoir les valoriser. Cette valorisation devait pouvoir être réalisée en lien avec des usages ou des technologies futures et inconnues. Le deuxième axe du schéma directeur était de doter la SACEM d'outils pour soutenir « l'orientation client ». Typiquement, l'accès des services aux sociétaires (dépôt d'oeuvres, etc.) en ligne et 24/7 était une forte demande, avec workflow de signature électronique de chaque ayant-droit. « La rapidité du dépôt est aujourd'hui un impératif car c'est souvent dans les premiers mois que les vues sur Youtube explosent » a insisté Véronique Sinclair.
Enfin, l'innovation était le troisième axe (Big Data, finger printing...). Mais les coûts doivent continuer de baisser. De ce fait, certains développements innovants sont mutualisés avec des sociétés homologues, italienne ou espagnole par exemple. La valorisation des données (méta-données sur les oeuvres, déclarations d'usage des plates-formes...) est aussi un axe envisagé mais des questions de droits se posent à ce niveau. Très vite, la SACEM se retrouve avec de très gros volumes : 170 millions de lignes chaque mois en provenance de Spotify par exemple.
Cassandra, Elastic Search et Hadoop sont actuellement mobilisés, avec une équipe interne de cinq personnes aidée par une start-up espagnole, pour exploiter ces données et tirer des enseignements : taux d'identification des oeuvres, services aux membres comme la disponibilité détaillée des informations aux membres. Véronique Sinclair a ainsi donné en exemple : « un créateur peut ainsi voir que son oeuvre a été jouée à telle heure sur telle chaîne de télévision pendant tant de temps ou a fait tant de millions de vues sur Youtube ».

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