Convention USF : « l'éditeur SAP a dépassé la ligne jaune ! »
L'USF (Utilisateurs de SAP Francophones) réunit la convention de son 25ème anniversaire à Lyon les 7 et 8 octobre 2015. Les sujets de conflits entre SAP et ses utilisateurs ont été mis sur la table.
Publicité« C'est fin 1989 que l'USF a été créée » s'est réjoui Claude Molly-Mitton, président de l'USF (Utilisateurs de SAP Francophones). Il a ouvert ainsi la Convention Annuelle de l'association qui a lieu à Lyon les 7 et 8 octobre 2015, juste avant une vidéo d'interviews des différents présidents depuis l'origine. Tous ont rappelé la nécessité de l'existence d'un tel club pour travailler avec l'éditeur, pour améliorer le produit mais aussi pour influencer la politique commerciale. « Notre grande force est une totale indépendance financière vis-à-vis de l'éditeur » a insisté le président. Cette édition de la Convention Annuelle marque en effet le vingt-cinquième anniversaire du club avec, comme fil rouge, « Le monde digital de 2015 à 2025 ».
En 2015, la Convention Annuelle de l'USF accueille 1700 visiteurs sur deux jours, 91 partenaires exposants, 70 ateliers de retours d'expérience et deux matinées de plénières.
Mise à jour le 9 octobre 2015 : après comptage définitif, la Convention USF a accueilli 1 394 visiteurs uniques et 2252 visiteurs cumulés sur les deux jours.
Claude Molly-Mitton a regretté : « nous avons dû refuser une dizaine de partenaires faute de place ». La prochaine édition aura lieu les 12 et 13 octobre 2016 à Nancy et en 2017 à Lille. Le club réunit 3000 membres issus de 450 entreprises utilisant les différents produits de l'éditeur, au delà du seul PGI, y compris Business Object, Ariba ou Concur par exemples. Toutes les commissions et groupes de travail ne fonctionnent qu'avec des bénévoles.
SAP conspué en plénière
« Les accès indirects et les audits de licence sont deux sujets de conflits avec SAP » a mentionné Claude Molly-Mitton. Sous les applaudissements nourris de la salle, il a jugé : « l'éditeur a dépassé la ligne jaune, son attitude étant souvent inacceptable tant sur le plan technique que sur le plan juridique. Beaucoup de clients vont quitter SAP si l'éditeur continue, notamment à cause des objets connectés. » Une telle condamnation en Convention est inédite au sein du club au discours souvent trop policé. La réaction de la salle n'y donne que plus de poids. Le terme d'extorsion a même été prononcé concernant les accès indirects dans les couloirs de la Convention.
Certes, il y a de la pédagogie nécessaire auprès des utilisateurs, pas toujours dans les clous des licences. Mais les audits de licences menés par SAP sont souvent abusifs. L'USF reçoit de véritables appels au secours de la part de ses membres. « Heureusement, nous avons de bonnes relations avec SAP sur les autres sujets, notamment autour des Labs et avec le Programme Influence » a reconnu Claude Molly-Mitton.
S/4 Hana ne passionne pas
Le président de l'USF a ensuite plaidé : « toute résistance est futile : vous serez assimilés par le Digital ». Mais, par contre, l'assimilation par S/4 Hana semble plus douteuse... La commission Hana de l'USF ne serait pas la plus active et la plus couru, même si le club n'a pas pris une position aussi formelle que son homologue allemand. « Ce n'est pas le grand enthousiasme des foules même si beaucoup d'y intéressent pour le moyen terme » a-t-il reconnu.
PublicitéLa puce à l'oreille
Comme la Convention se déroulait à Lyon, l'USF a conclu un partenariat avec le club local des décideurs informatiques, l'ADIRA. Yves Bismuth, Avocat et Président de l'ADIRA (Association pour le développement de l'informatique en région Auvergne-Rhône-Alpes), s'est réjoui des 45 ans de sa propre association avant de se consacrer au sujet des libertés individuelles face au numérique. L'actualité, avec l'annulation du Safe Harbor par la Cour de Justice Européenne, lui avait donné un bon prétexte. « C'est terminé le pipe-line des données avec les Etats-Unis, sans contrôle préalable » a-t-il constaté.
Même si « l'asservissement rencontre souvent des esclaves consentants. » Payer des services jugés incontournables par des renoncements aux libertés et à sa vie privée est-il acceptable ? La loi peut-elle protéger contre la propre acceptation des victimes ? Pour Yves Bismuth, « renoncer à une part de liberté, c'est renoncer à toute la liberté. » Le post-humanisme pourrait être ce temps du renoncement à la liberté par lassitude et facilité, pour être « les produits de nos produits ». Avoir la puce à l'oreille, au sens propre, remplace la puce à l'oreille au sens figuré.
Des grands noms pour un grand anniversaire
Comme tous les ans, deux intervenants prestigieux ont conclu la première matinée de plénière.
Elie Cohen, économiste et chercheur au CNRS, s'est exprimé sur « La stagnation séculaire ». Panne du progrès technique, de la croissance économique et des gains de productivité marquent en effet les dernières années selon la plupart des économistes. Mais, pour Elie Cohen, le vrai problème pourrait être l'inadéquation des outils de mesures tels que le PIB pour estimer la valeur de la révolution numérique. Or ces outils sont la base des redistributions de richesse comme de toutes les décisions économiques. « La stagnation séculaire » pourrait donc être une sorte d'analyse auto-réalisatrice. De plus, la stagnation frappe surtout l'Europe et les Etats-Unis. En effet, Inde et Chine connaissent à l'inverse des croissances considérables de la productivité, de l'investissement et de l'activité économique. Le numérique a bien créé de la croissance comme le montre la comparaison entre le Ghana et la Corée du Sud qui avaient le même niveau de PIB par habitant et la même spécialité agricole en 1955, il y a soixante ans.
Pour terminer la première matinée de plénière, « De quoi le Big Bang est-il le nom ? » a trouvé une réponse avec l'intervention d'Etienne Klein, physicien et philosophe des sciences. Plutôt de se projeter vers 2025, cette intervention a permis de remonter aux origines de l'univers connu. Mais si on parle d'origine, on parle forcément d'un néant absolu faute de quoi ce n'est pas l'origine mais juste une transition. Or l'existence même d'une telle origine n'a aucune preuve scientifique, bien au contraire.
Article rédigé par
Bertrand Lemaire, Rédacteur en chef de CIO
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